Aurions nous perdu l'esprit ?
Rien n’est plus contraire à l’esprit français que la forme symétrique des jardins de Versailles. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cet esprit n’est en rien l’héritier d’une manie d’alignement mathématique ou de normalisation abstraite : aussi fantasque que spirituel, ce génie est né d’une contradiction inhérente à l’héritage culturel du chevalier chrétien dont la culture aristocratique exalte simultanément l’honneur et le divertissement, le désintéressement et la légèreté, l’eau et le feu. Cet esprit rebelle engendre naturellement les divisions, il est hostile à tout abus de pouvoir, surtout lorsque les autorités prétendent brider son inventivité vitale. Comment se fait il que cet esprit ait quasiment disparu du champs de notre conscience ? Au fil de l’histoire, l’esprit français a été subverti progressivement par son faux-jumeau : l’esprit d’ordre et d’abstraction qui prétend incarner l’âme de la nation. Cette subversion s’est opérée en trois actes. Au premier acte, la monarchie administrative brise l’inventivité aristocratique qui menace son existence même. Dans ce contexte, les efforts démesurés consentis par Louis XIV afin d’attirer les artistes à la Cour n’ont d’autre but que de monopoliser l’inventivité afin de saper définitivement toute concurrence déloyale. Les arts sont clairement mis au service de la monarchie. L’esprit français, fondé sur l’honneur et le divertissement est alors concurrencé par un esprit tout opposé, épris de justice et de travail. Toutefois, de part la place qu’elle occupe dans la société française, la noblesse continue à donner le ton en insufflant son esprit vivifiant. A l’acte deux, la révolution de 1789 brise la coquille vide d’une monarchie gagnée à la fascination pour l’ordre. L’esprit de système, né à la Renaissance et ancré au cœur de l’Etat au XVIIe siècle triomphe inversé. Ainsi, au delà du renversement politique et philosophique du monde, la révolution se présente comme l’aboutissement d’une subversion née deux siècles plus tôt. Au XIXe siècle triomphe le faux-jumeau de l’esprit français alors même que le véritable se réfugie dans des conservatoires culturels comme celui des armées. Puis vient l’acte trois, celui au cours duquel les élites nihilistes proclament l’inexistence des cultures nationales avant de les détruire méthodiquement. Ce troisième âge est celui de l’inhibition. L’esprit français semble éteint alors qu’il ne fait que couver sous la cendre. Son raffinement est insupportable à l’industrie médiatique de la vulgarité, sa liberté de ton odieuse aux technocrates ayant érigé la servilité en ultime vertu, son inventivité suprêmement déroutante pour les disciples du rationalisme procédurier. Compte tenu des attaques qu’il a subit au cours des quatre derniers siècles, comment expliquer que l’esprit français n’ait totalement disparu de notre conscience ? C’est qu’il est cultivé par les élites vivantes du pays, celles qui transmettent la culture avec la vie. Les minorités innovantes ont beau être dispersées, elles savent se trouver lorsque le besoin s’en fait sentir. Tout particulièrement en temps de crise où elles retrouvent naturellement leur rôle d’impulsion. D’aucuns pourraient penser qu’après l’âge des derniers feux (le XVIIIe), celui de la relégation (le XIXe) et celui de l’inhibition (le XXe), pourrait advenir l’âge de l’extinction de l’antique esprit français. Nous laisserons cette chimère aux adeptes de la croyance en la fin des cultures. En réalité, tous les indicateurs montrent à l’inverse que les cultures sont en train d’opérer un retour. Cela signifie que l’esprit français connaîtra une renaissance. Celle-ci est d’ailleurs souhaitable mais ne sera possible qu’en renouant avec le fil de l’histoire. Cet essai se proposer d’apporter une pierre à ce réveil. Le XVIIIe siècle se présente, en effet comme la dernière époque au cours de laquelle les élites nobiliaires dirigeantes donnent encore le ton. Bien qu’affaibli au niveau de l’Etat, l’esprit français triomphe encore dans les lettres, la musique et la peinture. Aussi peut il être examiné sous le double aspect d’une exaltation de l’honneur et du divertissement[1].
L’HERITAGE DU CHEVALIER CHRÉTIEN
Que nous le voulions où non, l’esprit français s’enracine principalement dans l’héritage aristocratique du chevalier chrétien dont la culture, fondée sur l’honneur a été progressivement finalisée par l’Eglise à la défense du plus faible. Parmi les gens d’honneur, la France valorise particulièrement ceux qui font preuve de fougue. Leur combat doit être désintéressé s’il veut être vertueux. A moins que le chevalier ne vole, de façon enjouée, au secours de ceux qu’il a pris la fantaisie de protéger.
Culte de l’honneur, impétuosité et hardiesse
La qualité première, c’est l’honneur, mobile principal de l’action nobiliaire. Qui fait preuve d’honneur mérite d’être élevé au rang de gentilhomme : « Il n’avait avec lui dans son carrosse, que son neveu, fils d’un trésorier de France de Soissons et d’une de ses sœurs, joli homme, âgé de vingt-quatre ans qui ayant quitté le nom bourgeois que portait son père, s’était donné dans le monde celui de Bellefons pour faire honneur à l’épée qu’il avait prise, et qu’il soutenait avec autant de bravoure que d’esprit et de conduite»[2]. A ce jeu, chacun y rajoute de son cru : « il se tint à la fille d’un Marquis, de je ne sais quel Marquisat ; car c’est la chose du monde dont je voudrais le moins jurer, en un temps où tout le monde se marquise de soi-même, je veux dire de son chef »[3]. Loin de rester confiné à la gent nobiliaire, le sens de l’honneur semble s’être transmis à la nation toute entière. S’interrogeant sur l’esprit national, le chevalier d’Arcq écrit : «Dois-je reconnaitre ici le génie des Français ? Moins profonds que spirituels, moins sensés qu’agréables, craignent ils un épigramme plus que la mort ? Plus que le déshonneur ?»[4]. Chez une nation devenue maîtresse de l’Europe, la fierté dispense de biens des efforts, par exemple, de s’adonner à d’autres langues que la leur : « cette langue est devenue presque universelle. Je sais qu’aujourd’hui tout veut être Français, comme autrefois tout était Grec et Romain ; car toujours il y eut dans le monde une nation privilégiée qui donna le ton »[5]. Cet amour de la gloire s’explique par la beauté du pays : « Les Français, de tout temps, amis des modes et des commodités, ont rendu leur capitale telle qu’on nous peint le palais des Fées »[6], il permet de galvaniser les défenseurs de l’Etat[7]. Aux soldats reviennent la gloire, rançon de l’honneur et à leurs belles, la «modestie enchantée»[8], inséparable de leur discrétion.
S’il est une caractéristique reconnue par les étrangers aux Français c’est bien celle de la fougue. Voltaire écrit à ce sujet : « Le caractère des Français est la gaieté dans le danger même »[9] ou encore « Le fond du Français est tel aujourd’hui que César a peint le Gaulois, prompt à se résoudre, ardent à combattre, impétueux dans l’attaque, se rebutant aisément »[10]. Même en temps de paix, le soldat français se caractérise par son impétuosité : un hardi soldat, assistant un jour à un combat entre un chien d’Afrique et un dogue : « prit le chien d’Afrique par la gueule, et lui desserrant les mâchoires avec ses deux mains, sauva la vie au dogue. Chacun fut charmé de cette hardiesse, et surtout le maître du chien qui donna une pistole au soldat »[11]. Devant tant de prouesses ordinaires, la noblesse se doit de faire de la surenchère, quitte à passer pour ridicule comme le héros du Roman comique : « de l’impétuosité avec laquelle je courais après toutes les femmes qui avaient quelque rapport avec ma Léonore, on me prit cent fois dans les rues et dans les Eglises, pour le plus fou de tous les français qui ont le plus contribué dans Rome à discréditer leur nation »[12]. Cette impétuosité ne va d’ailleurs pas sans violence. Un seigneur français offensé par l’ambassadeur d’Espagne n’hésite pas à provoquer un esclandre : « Ayant fait mettre six chevaux des meilleurs à son carrosse, il s’y plante en robe de chambre, en caleçons, en bonnet de nuit et en pantoufles : fait fouetter droit à l’Eglise en question, où était le vain Espagnol, y entre en déshabillé, fend la presse, va droit à l’Ambassadeur, lui fait une profonde révérence, et s’étant approché de lui, comme pour lui parler : tire adroitement une de ses pantoufles, en applique bien serré un soufflet sur chacune des joues de son ennemi, remet ensuite la pantoufle dans son lieu et sans marquer la moindre émotion, il reprend, d’un sang froid à glacer, le chemin de la porte, laissant tous ceux qui avaient été témoins de cette scène, dans le dernier de tous les étonnements d’une si grande hardiesse »[13]. La hardiesse ne se limite d’ailleurs pas au point d’honneur, elle s’étend aux domaine politique où le courage doit guider ceux qui servent le bien commun : « Dans un siècle entièrement corrompu, il serait peut être inutile de songer à prévenir les effets d’un système qui tend à la destruction de la Monarchie. Les Etats qui se dégradent ressemblent aux rochers qui, du haut des montagnes, se détachent et coulent sur eux-mêmes jusques dans la plaine ; rien ne peut les arrêter. Mais dans le siècle où nous sommes, si les abus sont soufferts, il est du moins permis de les combattre, et l’on peut vaincre »[14]
Le désintéressement
Le culte de l’honneur, qu’il soit valorisé par des gentilshommes d’ancienne race ou par des parvenus s’oppose de toutes façons à celui de l’intérêt, propre aux marchands : « Le but du commerce en général est l’intérêt ; la considération n’y est, pour ainsi dire, qu’en sous-ordre. Au contraire, le but de l’honneur n’est autre chose que la considération, à laquelle on immole continuellement l’intérêt »[15]. Bref, dans la carrière de l’honneur, tout est espoir alors que dans celle de la fortune, tout est jouissance[16]. Un mémorialiste écrit à ce propos : « Est-ce que l’esprit français est l’esprit financier ? Si je m’en doutais, je me garderais de le dire, de peur que les étrangers ne m’écoutassent, mais cela n’est pas vrai. L’esprit français est un composé de tous les esprits du monde, heureusement pour les autres, découpé par la légèreté, et heureusement pour nous, aidé par la facilité. Il a passé par tous les différents degrés de variations de l’esprit humain, et a conservé le fond de chacune de ces façons d’être. Il fut libre d’abord, conquérant ensuite, paladin après, puis successivement querelleur, brave, poli, amateur des sciences, ensuite des arts, du colifichet enfin, et paraît terminer sa course par la fureur pour celui qu’on appelle or. Il en quête à la Cour ; il en cherche dans le commerce ; il en ravit en travaillant en finance ; mais ce dernier goût ne deviendra pas plus substance en lui que ne le firent les autres. Le Français en général n’est qu’un aimable étourdi, capable du bien et du mal selon l’occasion, indifféremment, sans réflexion et sans conséquence. Je ne sais s’il est d’une si grande importance de répandre cet esprit ; mais supposé que cela soit, il n’est pas besoin de se donner beaucoup de peine pour cela. Aux grâces près, qui au fond se passent de tout le reste, il me semble que cela s’apprend tout seul »[17]. Imperméable à l’esprit financier car imprégné par le culte de l’honneur, l’esprit français, pourrait néanmoins se dissoudre si la noblesse qui l’irrigue, se détournait de sa fin ultime.
Or, a compter du milieu du XVIIIe siècle fleurissent les plaidoyers en faveur de la noblesse commerçante. « Un auteur estimable, philosophe et citoyen, mais citoyen prévenu contre les vrais ressorts de la saine politique propose aujourd’hui de rendre la Noblesse commerçante. Il propose plus encore ; il veut que le gouvernement favorise, caresse, récompense un gentilhomme qui, négligeant la profession des armes, la seule cependant qu’il puisse exercer convenablement, se sera distingué dans le commerce en amassant des trésors immenses »[18]. Le chevalier d’Arcq y oppose plusieurs arguments : dans le gouvernement purement despotique, le commerce est absurde. Dans le gouvernement monarchique, il doit avoir des bornes, et si on le porte au-delà, « il ouvre alors les veines de l’Etat, si l’on peut parler ainsi, pour y introduire bientôt le poison qui corrompt bientôt toute la masse »[19]. Ainsi, rendre la noblesse commerçante revient à vicier l’Etat dans la mesure où celle-ci se présente avant tout comme la garante des libertés : « Quels sont les hommes que donne le commerce ? Des calculateurs, dont l’unique but est de s’enrichir en procurant à leurs concitoyens tout ce qui peut amollir le courage ; des hommes toujours prêts à se transplanter dans d’autres climats, pour peu qu’ils trouvent leur intérêt à s’expatrier ; des hommes, qui savent tout entreprendre pour accroitre l’opulence, le faste, le luxe de leur pays et rien pour conserver la liberté »[20]. Il ressort de ces réflexions qu’un Etat entièrement ordonné au commerce réduit mécaniquement les libertés de ses sujets en privant les élites nobiliaires de leur rôle antique de défenseur des libertés.
L’esprit vif, enjoué et libre
Dans les portraits de roman, les héros sont présentés comme vifs, enjoués et libres. Il est à noter que l’humour valorisé est celui des saillies spirituelles et des réparties gracieuses. Si cet humour est associé à la liberté, c’est qu’il se présente comme le meilleur indice de la liberté effective des individus[21]. Le Roman comique oppose par exemple les personnages brutaux aux êtres à l’esprit libre et spirituel : « L’aîné avait nom Saint-Far, assez bien fait de sa personne mais brutal sans remède, s’il y en eut jamais au monde : et le cadet en récompense, outre qu’il était mieux fait que son frère, avait la vivacité de l’esprit, et la grandeur de l’âme, égales à la beauté du corps »[22]. Le portrait du Duc de Roquelaure, constitue l’archétype du héros masculin tout à la fois vif, enjoué et libre : « Pour ce qui est de son humeur, elle était gaie. Son esprit satyrique, bouffon et railleur ; ses manières civiles, insinuantes, aisées et nobles ; son geste vif et passionné ; Il avait la pointe fine et malicieuse, la répartie prompte, la langue déliée et bien pendue ; il était d’un tempérament fort amoureux, et il aimait les plaisirs même jusqu’à la débauche et quelque fois jusqu’à l’excès. Il était brave comme un soldat et généreux comme un Prince ; chaud au service de ses amis, libre en paroles et gascon, mais il était des voisinages de la Garonne, c’est tout dire ; Son vice le plus dominant était la satyre, il la poussait quelque fois si loin, qu’elle dégénérait en calomnie ; on peut dire enfin que s’il avait beaucoup de belles qualités, il avait aussi bien des défauts »[23]. Les Aventures Galantes de M. Le Noble, publiées en 1710, fournissent un miroir féminin à ce portrait : « Deux jours après, sous prétexte de voir sa fille, elle amena Psyché au parloir. Ce fut là que j’achevai d’être charmé, je lui trouvai tant de douceur et de modestie, mêlées avec tant d’enjouement et de vivacité d’esprit, et je la vis si remplie d’attraits et d’un air si engageant que je lui fis un sacrifice absolu de mon cœur »[24]. Les héros tombent par conséquent davantage sous le charme d’une conversation enjouée et d’un « esprit tout de feu »[25], que du simple appareil d’une beauté féminine. Il n’est pas rare que la liberté dont font preuve les héros tombe dans la farce voire la licence.
Il ne suffit pourtant pas aux héros d’être enjoués, encore faut il qu’il puissent divertir la compagnie par des farces. C’est le cas du Duc de Roquelaure qui joua un jour un tour à Béchamel, favori et l’intendant de Monsieur le Duc d’Orléans, frère du Roi, qui avait eut le secret de faire une fortune considérable : « Le Duc de Roquelaure, toujours malicieux comme un singe, étant un jour aux Tuileries avec une bande joyeuse de jeunes seigneurs petits-maîtres comme lui, Corbieu, leur dit il, je parie ce qu’on voudra, que je vais donner des coups de pied dans le derrière de ce fat de Béchamel que je vois, qui se promène dans la grande allée. Je parie même qu’il me remerciera fort honnêtement de ma courtoisie (…) Roquelaure se détacha de la compagnie et fut aborder l’orgueilleux Béchamel à grands coups de pied au derrière, mais en les appliquant de toute sa force. Il eut soin de crier tout haut : te voilà donc, mon cher Duc de Grammont, il y a parbleu un siècle que je te cherche : puis, ayant fait semblant de s’apercevoir de son erreur, parce que Béchamel s’était brusquement tourné pour voir d’où partait un salut si cavalier : ah dit il, contrefaisant l’étonné, c’est donc vous monsieur Béchamel, parbleu, je vous demande mille pardons, je ne croyais pas que ce fut vous. Vous ressemblez en tout si fort au Duc de Grammont que je m’y méprends toujours. En effet qui ne vous prendrait pas pour lui ? Vous avez sa taille, son air et ses manières. Comme le Duc de Grammont était le Seigneur de la Cour le mieux fait, cette méprise loin de choquer Monsieur Béchamel, flatta tout au contraire sa sotte vanité et lui donna une idée fort avantageuse de sa figure, qui était aussi pâlotte que celle du Duc de Grammont était agréable. Si bien qu’au lieu de prendre en mauvaise part les coups de pieds qu’il avait reçus, charmé du sujet qui les lui avait attirés, il en remercia le Duc de Roquelaure en termes forts reconnaissants et lui dit qu’il lui faisait bien de l’honneur »[26]. La succession de farces coutèrent cher à Roquelaure. Ayant reçu le commandement du Roi de ne plus remettre les pieds sur la terre de France, Roquelaure « prend la poste, arrive en Espagne, y fait faire une petite charrette, la remplit de terre d’Espagne, et reprend en diligence le chemin de France (…) Le monarque en rit de tout son cœur, étant ravi dans l’âme de trouver un prétexte pour lui faire grâce, et ayant eu la curiosité de le voir au milieu de Versailles en Espagne ; il trouva cette invention si nouvelle et si ingénieuse, qu’il lui permit de demeurer en France, à condition qu’il porterait toujours de la terre d’Espagne dans la semelle de ses souliers, afin qu’il ne parût avoir méprisé ses défenses »[27].
L’esprit français s’enracine ainsi dans une culture militaire aristocratique soucieuse de défendre l’honneur de la lignée, la vertu d’une profession désintéressée et la liberté de se rire des puissants. Vers la fin du XVIIIe siècle toutefois, cette culture a été partiellement adoucie par l’esprit de raffinement.
LA PASSION POUR LE RAFFINEMENT
L’âge des Lumières est aussi celui du raffinement inventif : un amant aveugle aux soupirs de sa belle entra un jour « dans une allée si couverte, qu’à peine les rayons du Soleil y pouvaient pénétrer. Il n’eut pas fait deux pas, qu’il vit deux ou trois oranges qui roulaient à ses pieds, et qu’on lui jetait au travers d’une palissade fort épaisse. Il en ramassa une et trouva écrit sur l’écorce, Tircis n’a point d’yeux, Tircis n’a point de coeur »[28]. Comme l’on peut le voir à travers cet anecdote, les Français du XVIIIe siècle valorisent le divertissement pourvu qu’il soit spirituel et léger.
Le divertissement sans fin
Dans Le Palais de la frivolité, Charles Compan décrit les Français : « Ce sont autant d’enfants du plaisir, le ris est toujours sur leurs lèvres et l’allégresse dans leur cœur. Là, on ne parle que de fêtes, on ne se couronne que de myrrhe, on jouit sans rien approfondir ; une chanson fait oublier une batailler perdue, un instant de calme console les plus violents orages. Là, bannissant l’humeur noire, et chassant la mélancolie par le vin, le vieillard boit le regret du passé et le jeune homme les soucis de l’avenir : la joie préside dans les festins, et l’amant maltraité se console avec Bacchus des rigueurs de l’amour (…) l’unique occupation est de varier les jeux, de multiplier les amusements, de saisir le bonheur sans se fatiguer à le définir ; et comme l’abeille, voltigeant sur la surface, et enlevant en passant la fleur de chaque chose, on ne redoute rien tant que la constance et l’uniformité »[29]. Ainsi, l’étude des lois et des Antiques est jugée rebutante et pénible parce qu’elle éteint l’imagination « c’est par cette raison que les Français, vifs et enjoués cultivent moins cette double science que les Italiens et les Allemands ; ils sentent que leur âme, qu’ils ne cherchent qu’à distraire, n’y trouverait pas son compte »[30]. Dans les véritables ouvrages français, « On aime à y retrouver ces nuances de gaieté qui caractérise la nation et qui fait que les matières même les plus abstraites y sont présentées sous une forme qui plait »[31]. En fin de compte, la lecture des bons Romans instruit en divertissant. Ces livres ne sont « pas moins propres à donner de beaux sentiments aux jeunes gens, que la lecture de Plutarque »[32]
Les Français ont d’ailleurs un goût prononcé pour les divertissements brillants[33]. Leur seule présence dans une cour étrangère la rend immédiatement « aimable et brillante »[34]. Ce brillant est lié à son extravagance[35], mais aussi à sa légèreté. Olympe de Gouges en témoigne dans L’esprit Français (1792) : « Qu’a fait l’esprit français depuis un an ? A t’il prévu le danger ? Ca a été le moindre de ses soucis. Il a suivi la pente naturelle, il a fait des chansons, des bons mots, de grandes périphrases entortillées, dénuées de logique, des motions métaphysiques, des antithèses qui ne présentent aucune opposition frappante, des chutes de discours où l’Auditoire ne comprenait rien, encore moins l’auteur mais on applaudissait, et surtout des pétitions ampoulées où l’on ne voyait régner que la recherche d’un style brillant, élevé, et qui présentaient autant d’opinions et de partis opposés, que de diversités dans les intérêts particuliers de chaque individu. Voilà l’esprit français et ses sublimes avantages sur tous les peuples connus »[36]. Or ce goût simultané pour le brillant et la légèreté n’est pas sans danger : « L’esprit français a fagoté à sa manière une idole, la Liberté. Chez toute autre Nation, elle serait nommée la licence ou l’envie, peut être l’esclavage, avec le droit d’égorger les citoyens impunément, suivant que l’opinion du jour prend du crédit ; on pourrait aussi appeler cette liberté le hochet du peuple avec lequel l’esprit français s’amuse, l’esprit français despote, veut tout ou rien, esclave ou souverain »[37]
Etre spirituel ou ne pas être
La qualité première en France, c’est l’esprit : « Une dame de province, aussi distinguée par son esprit, que par sa qualité, ayant un jour ouï faire l’éloge du Duc de Roquelaure, comme d’un personnage qui était les délices de la Cour : elle quitta la Province, et vint à Paris dans le dessein de chercher les occasions de l’entretenir, pour voir s’il était en effet aussi spirituel et d’une aussi charmante conversation qu’on le publiait»[38]. En effet, la beauté seule ne suffit pas pour séduire : « Elle était jeune et belle et avait bien quelque chose du ton de voix de celle qu’il cherchait ; mais à la longue, il trouva si peu de rapport entre son esprit et celui de son invisible, qu’il se repentit d’avoir en si peu de temps assez avancé ses affaires auprès de cette belle personne, pour pouvoir croire sans se flatter, qu’il n’était pas mal avec elle »[39]. Il faut donc que l’esprit s’ajoute à la beauté : « Je ne sais si ce fut un effet de la sympathie qu’on reçoit des astres, ou celui de sa beauté, mais je puis vous dire que son premier regard sur moi fut un coup de foudre qui m’embrasa, je lui donnai les éloges qu’on ne pouvait refuser à son mérite, et je connus par ses réponses qu’elle avait encore plus d’esprit que de beauté »[40]. Les compliments amoureux combinent par conséquent ces deux qualités : « Belle et spirituelle Psyché, ne prendrez vous point pour une témérité criminelle, l’offrande d’un cœur qui n’a pu vous résister »[41]. Olympe de Gouges écrit à propos de l’esprit : « L’esprit faisait tout en France, sans esprit on n’y faisait rien, la sagesse, la probité étaient des chimères, et jamais l’esprit ne caractérisa mieux les Français que depuis qu’ils prétendent s’être régénérés. Ils ne le sont pas encore »[42]. A l’inverse, le pire défaut en société consiste à ennuyer la compagnie : « Ayant débuté par une nouvelle qui ne plut ni à la mère, ni à la fille, comme j’ai su depuis, ces deux spirituelles personnes ne se souciant pas beaucoup de hasarder la réputation de leur esprit, avec un homme, qui leur avait d’abord fait voir qu’il n’en avait guère ; le brutal se divertit fort peu avec elles, et elles s’ennuyèrent beaucoup avec lui (…) Enfin, ce galant homme s’ennuya de les ennuyer ; il les délivra de sa fâcheuse visite et s’en retourna chez le Seigneur Stéphano »[43].
Dans ce contexte, les mots d’esprit ne sont pas simplement prisés, ils sont collectionnés : « Monsieur d’Hermenonville avait l’habitude lorsqu’il faisant compliments à quelqu’un d’user toujours de cette phrase : je vous baise les Mains. Si bien que rencontrant un jour dans le Jardin du Palais Royal Monsieur le Prince, qui lui fit des honnêtetés, il crut de son devoir d’y répondre en galant homme (…) Monseigneur le Dauphin qui se retrouvait aussi au Palais Royal, étant entré dans le jardin pour y faire quelques tours d’allée, demanda à quelques jeunes Seigneurs qui lui vinrent au devant, où était Monsieur le Prince et où il était passé : Roquelaure qui était présent (…) et qui n’était attentif qu’à se divertir aux dépens d’autrui, prit la parole et dit : Monseigneur il ne tardera pas à venir (…) il est allé (…) laver ses mains que Monsieur d’Hermenonvile vient de lui baiser (…) et cela d’un si grand sérieux qu’un mort n’eût pu s’empêcher de rire »[44]. Le même Roquelaure, qui était arrivé un jour un peu tard, ne pouvait percer la foule pour voir le Roi de plus près. Il s’aperçut tout à coup que l’Evêque du Puy lui faisait ombrage, et comme il avait la saillie extrêmement prompte, et qu’il avait juré une cruelle guerre contre le Nez du Prélat, il s’avisa de crier un peu haut : « De grâce, Monsieur, ranger un peu votre Nez que je puisse voir le Roi. Le pauvre Prélat, qui n’avait point encore vu le Duc et qui entendait apostropher son nez, se tourna du côté d’où partait la voix et ayant tout à coup reconnu cet ennemi déclaré de son nez : Hé mon Dieu, monsieur, répondit-il, vous en voulez bien à mon pauvre nez qui n’en peut mais, vous croyez peut être qu’il ait été fait aux dépens du vôtre. Cette réponse qui avait été prononcée d’un air ingénu et d’un grand sérieux fut trouvée des plus plaisantes (…) Le Roi (…) en rit beaucoup et sut très bon gré au prélat malicieux de s’être vengé si spirituellement »[45]
Inconstance et légèreté
A n’en pas douter, l’esprit français combine la légèreté et l’inconstance : « Les Anglais nous accusent de légèreté, d’inconstance, défauts dont les dénominations à peu près synonymes présentent l’idée d’un esprit superficiel, d’un caractère peu solide et d’une conduite au moins inconséquente. A force d’entendre répéter cette assertion, l’Europe entière en a été persuadée, surtout en voyant les Français ne la pas réfuter. Bien plus, quelques-uns se sont imaginés acquérir une réputation en décriant leurs compatriotes. C’est une façon tacite de se louer (…) Un citoyen fidèle à sa religion, à son Prince, à l’honneur, peut sans doute mettre de la diversité dans ses loisirs, sans qu’il y ait lieu de l’accuser de frivolité : il peut faire un jour la partie d’une femme aimable, , un autre méditer Bossuet, Montesquieu, ou feuilleter un poète ; tantôt rire, admirer au Théâtre Français, s’amuser aux Italiens, quelques fois entendre de beaux accords et voir des danses agréables à l’Opéra : il peut enfin jouir de ces différents plaisirs et remplir les devoirs de son état»[46]. Pour Olympe de Gouges, cette soif perpétuelle de changement a fragilisé les institutions elles mêmes : « Les Gaulois modernes apportent, en venant au monde, les grâces et toute l’amabilité de l’esprit avec le germe de l’inconséquence et de la folie. Prenez la monarchie française dans son berceau, parcourez sa bizarre et superstitieuse histoire, partout vous trouverez les effets merveilleux de l’esprit Français et partout vous verrez que son inconsistance et sa frivolité ont altéré le caractère du gouvernement»[47] (…) « L’esprit français n’a point prévu les choses de si loin. Tantôt il établit l’inquisition de la parole et de la sortie du royaume, tantôt il l’atténue et la révoque. Mais a t’il dormi sur cette sage précaution que l’esprit français établit la liberté parfaite ? Le changement est son élément et je ne serais pas étonnée que sans un choc violent il ne finit par demander la contre-révolution. Il est fou de tout, il se fatigue de tout »[48]. Elle conclut : « Me voilà encore une fois, comme l’esprit français, perchée sur un arbre, voltigeant de branche en branche, tantôt en haut, tantôt en bas, parcourant surtout d’objets en objets sur la surface de la terre. Comme lui, je plane au gré des vents, et je vais me perdre dans les immensités. Je ne vois plus, ni derrière moi, ni devant moi, ni sous mon nez peut être, je vante, je discrédite sans raisons, sans motifs. Je veux tout entreprendre et je ne fais rien et les plus savants n’en savent pas davantage sur la bizarre existence des hommes »[49].
Pour le Marquis Caraccioli, c’est précisément cette inconstance qui fait le charme des Français : « Si l’on dépouillait les Français de leur aménité, on ne respirerait plus dans leur compagnie cet air de franchise qui leur est si naturel. Il faut les voir à la ville et à la campagne, les suivre dans les détails de la vie, dans leurs promenades, dans leurs entretiens, dans leurs yeux, pour avouer que rien ne contribue mieux que la gaieté aux agréments de la société ; ils se consolent de leurs chagrins par une chansonnette ; ressource plus heureuse qu’on ne s’imagine, et dont on ne se moque que parce qu’on n’en connaît pas le prix. Paris n’est préférable à Londres, au Grand-Caire, à Pékin, à toutes les villes de l’Univers, que parce que les habitants sont plus gais, et savent répandre des agréments jusques sur la moindre bagatelle. C’est bien moins l’intérêt (car les Français ne sont pas intéressés) que l’envie de se réjouir, qui les engage à imaginer des modes, à produire chaque jour des brochures, et à se faire continuellement un spectacle réjouissant de tout ce qu’ils entendent et de ce qu’ils voient. On ne trouve que chez eux des promenades gracieuses, où les visages s’épanouissent ainsi que les fleurs, et où les esprits philosophent même en badinant »[50].
En matière amoureuse, cette inconstance oppose les Français aux Espagnols : « Quoique les Espagnols aient beaucoup de feu et que leur passion soit violente ; néanmoins, leur galanterie est fort cachée. Les Français plus dissipés ne gardent pas tant de mesure, et le peu de ménagement qu’ils ont pour leurs Maîtresses, fait qu’ils se brouillent plus facilement avec elles. Il est vrai que comme ils sont fort galants, ils recourent aisément aux soumissions et aux respects, qui leurs obtiennent bientôt leur pardon. Les Espagnols n’en usent pas de même ; quand ils sont brouillés avec leurs belles, c’est pour toujours, ou du moins pour longtemps. Leur fierté naturelle ne leur permet point de se soumettre, ni de faire la moindre excuse et lorsque leur division nait de la jalousie, la vengeance est inséparable de leur ressentiment »[51]. Il en découle une préférence pour le badinage amoureux : « Madame, je ne prétends pas que vous ayez toute la peine à cueillir vos fraises et que pour vous venger de mon inaction, vous me fassiez passer tantôt dans l’esprit de nos messieurs pour un mauvais courtisan qui n’a aucune complaisance pour les dames. Menez nous dans l’endroit où vous avez découvert les plus belles et je vous convaincrai, par votre expérience, que quand il s’agit de rendre service aux dames, je suis propre à tout faire, jusqu’à m’abaisser sans ménagement à leur cueillir proprement des fraises. Cette saillie, jointe aux bouffonneries galantes qu’il leur débita en cueillant les fraises, fit une si heureuse impression sur le cœur de la charmante qu’elle ne put s’abstenir de quelques gracieuses œillades »[52]
Ainsi, l’esprit français se présente comme l’héritier d’une forme de raffinement qui se traduit par un goût prononcé pour le divertissement, les mots d’esprit et la légèreté. Olympe de Gouges, bien consciente de son caractère indomptable et remuant aurait vivement souhaité qu’il fut discipliné une fois pour toutes : « Que prétendait l’esprit français ? Planer dans les airs, faire du bruit, suivre la renommée et s’éloigner du point central de ses plus chers intérêts L’époque est arrivée où la sagesse doit prendre la place de cet esprit frivole et enthousiaste, il est temps que les Français se rendent compte de ce que la raison leur commande »[53]. Le moins que l’on puisse dire c’est que ses avis ont été suivis, pour le plus grand détriment de la France.
Fondé simultanément sur l’honneur et le divertissement, l’esprit français a donc été cultivé par les élites jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Cet esprit se réfugie ensuite dans les arts à travers une pièce de théâtre comme Cyrano de Bergerac ou bien un film comme La grande illusion. Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à mettre en scène le capitaine de Boëldieu, Jean Gabin déclare dans un interview : « C’était mon désir de présenter des officiers français tels que je les avais connus lorsque j’étais dans l’armée, avant 1914 et pendant 1914. Le style militaire a changé beaucoup plus qu’on ne le croit. La façon dont un soldat ou un officier se présente de nos jours n’a absolument aucun rapport avec la façon dont ce soldat ou cet officier se serait présenté il y a une trentaine d’années. Et d’ailleurs pas du tout dans le sens que l’on croit. Les gens se figurent que la tenue était plus rigoureuse, plus raide autrefois, mais c’était absolument le contraire. Il y a une espèce d’aisance qui, me semble-t-il, a disparu. Le mot, la phrase du règlement militaire sur laquelle les instructeurs militaires insistaient le plus, ce sont les mots "sans affection ni raideur". On le voit par exemple dans la façon dont on présente les armes. Qu’est-ce que ça signifie : "Présentez, armes !" ? Eh bien, ça veut dire qu’on présente son fusil ou sa carabine à un officier ou à un supérieur pour qu’il puisse voir s’il y a de la poussière dedans. Et s’il y a de la poussière, il vous flanque huit jours de prison. Voilà exactement ce que ça signifie, "Présentez, armes !" Et c’est devenu une espèce de symbole raidi et à mon avis ça n’a pas de sens. Ça correspond probablement à des idées extrêmement profondes, mais à mon avis celles-ci ne correspondent pas au génie français. Le génie français est un génie facile, aisé, c’est un génie aristocratique. Or cette nouvelle façon raide de se tenir, à mon avis, est plus plébéienne qu’aristocratique»[54]. A l’évidence, la société de consommation, née outre atlantique constitue l’exacte antithèse de l’esprit français en ce qu’elle est fondée sur la recherche de l’intérêt commercial et l’abrutissement des loisirs. Au contact de l’Amérique, le génie français s’est affadi, il en a même perdu le nord. C’est pour cette raison que l’affaiblissement des Etats-Unis se présente comme une chance historique pour sa renaissance. Parmi les conservatoires de l’esprit français, les armées figurent en bonne place. Ceci est logique dans la mesure où le corps des officiers se présente comme l’héritier direct et presque exclusif du second ordre. Pourtant, cet esprit s’est comme disloqué, l’armée de terre ayant cultivé l’héritage de l’honneur et du désintéressement alors même que la marine valorise davantage le divertissement léger et spirituel. Ailleurs, l’esprit français survit marginalement mais d’autant mieux qu’il consolide les réussites les moins établies. Nous n’avons d’autre choix aujourd’hui que de renouer avec nous mêmes ou bien de disparaître.
La volonté de réduire des hommes libres à l’état de sujets hébétés, s’est heurtée dès l’origine en France, à la résistance d’un génie frondeur, inventif et narquois. Cet esprit a survécu jusqu’à nos jours aux grandes tentatives de normalisation qu’elles soient monarchiques, révolutionnaires ou postmodernes. Comment l’expliquer ? L’esprit français, qui exalte à la fois l’honneur et le divertissement est fondamentalement aristocratique. Si les médias ont tenté de détruire cette culture vive et spirituelle, par la subversion de la vulgarité, ils n’ont pu l’empêcher de survivre souterrainement au sein des élites créatrices. Aussi se communique t’il avec la vivacité de l’éclair et tombe parfois comme la foudre. L’on s’étonnera peut être que cet esprit n’ait été définitivement étouffé. C’est que ce mélange d’ironie légère et de gaieté constitue l’âme vivante de la nation. Pourtant, cette âme est fragile : si l’on en croit les auteurs du XVIIIe siècle, la capacité à faire de l’esprit constitue le meilleure indicateur de la liberté effective des individus. A cette aune, serions nous en passe de devenir un peuple esclave ?
[1] De passage à Nice Joachim Murat fit un jour graver sur la lame de son sabre L’honneur et les dames. N’était-ce pas l’esprit français résumé en quatre mots ?
[2] M. Le Noble, Aventures galantes, Amsterdam, Pierre de Coup, 1710, p. 2
[3] M. Scarron, Le Roman comique, Amsterdam, J.. Wetstein et G. Smith, 1737, p. 49
[4] Philippe-Auguste de Sainte-Foix-Arcq, La noblesse militaire opposée à la noblesse commerçante ou le patriote français, Amsterdam, 1761, p. 90
[5] Le véritable mentor ou l’éducation de la noblesse, par le Marquis Caraccioli, Colonel au Service du Roi de Pologne, Liège 1762, p. 77
[6] Le véritable mentor ou l’éducation de la noblesse, par le Marquis Caraccioli, Colonel au Service du Roi de Pologne, Liège 1762, p. 167
[7] Philippe-Auguste de Sainte-Foix-Arcq, La noblesse militaire opposée à la noblesse commerçante ou le patriote français, Amsterdam, 1761, p. 56
[8] M. Le Noble, Aventures galantes, Amsterdam, Pierre de Coup, 1710, p. 7
[9] Voltaire, Histoire de la guerre de 1741, Amsterdam, 1755, p. 134
[10] M. de Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations, Genève, 1761, p. 199
[11] Diverses aventures de France et d’Espagne, Paris, Pierre Ribou, 1707, p. 9
[12] M. Scarron, Le Roman comique, Amsterdam, J.. Wetstein et G. Smith, 1737, p. 110
[13] Aventures galantes du Duc de Roquelaure, Amsterdam, veuve Desbordes, 1734, p. 51
[14] Philippe-Auguste de Sainte-Foix-Arcq, La noblesse militaire opposée à la noblesse commerçante ou le patriote français, Amsterdam, 1761, p. III
[15] Philippe-Auguste de Sainte-Foix-Arcq, La noblesse militaire opposée à la noblesse commerçante ou le patriote français, Amsterdam, 1761, p. 64
[16] Philippe-Auguste de Sainte-Foix-Arcq, La noblesse militaire opposée à la noblesse commerçante ou le patriote français, Amsterdam, 1761, p. 74
[17] Précis de l’organisation ou Mémoire su les Etats provinciaux, Hambourg, Chrétien Hérold, 1760, p. 156
[18] Philippe-Auguste de Sainte-Foix-Arcq, La noblesse militaire opposée à la noblesse commerçante ou le patriote français, Amsterdam, 1761, p. 7
[19] Philippe-Auguste de Sainte-Foix-Arcq, La noblesse militaire opposée à la noblesse commerçante ou le patriote français, Amsterdam, 1761, p. 22
[20] Philippe-Auguste de Sainte-Foix-Arcq, La noblesse militaire opposée à la noblesse commerçante ou le patriote français, Amsterdam, 1761, p. 53
[21] « Les mains d’Angélique étaient quelquefois ferrées ou baisées, car les Provinciaux sont fort endémenés et patineurs. Mais un coup de pied dans l’os des jambes, un soufflet, ou un coup de dent, selon qu’il était à propos, la délivraient bientôt de ces galants à tout outrance. Ce n’est pas qu’elle fût dévergondée, mais son humeur enjouée et libre l’empêchait d’observer beaucoup de cérémonies : d’ailleurs elle avait de l’esprit, et était très honnête fille. » M. Scarron, Le Roman comique, Amsterdam, J.. Wetstein et G. Smith, 1737, p. 38
[22] M. Scarron, Le Roman comique, Amsterdam, J.. Wetstein et G. Smith, 1737, p. 103
[23] Momus François, ou les aventures divertissantes du Duc de Roquelaure, Cologne, 1717, p.
[24] M. Le Noble, Aventures galantes, Amsterdam, Pierre de Coup, 1710, p. 108
[25] M. Le Noble, Aventures galantes, Amsterdam, Pierre de Coup, 1710, p. 2
[26] Aventures galantes du Duc de Roquelaure, Amsterdam, veuve Desbordes, 1734, p. 137
[27] Aventures galantes du Duc de Roquelaure, Amsterdam, veuve Desbordes, 1734, p. 24
[28] Diverses aventures de France et d’Espagne, Paris, Pierre Ribou, 1707, p. 38
[29] Charles Compan, Le palais de la frivolité, Amsterdam, 1773, p. 50.
[30] Le véritable mentor ou l’éducation de la noblesse, par le Marquis Caraccioli, Colonel au Service du Roi de Pologne, Liège 1762, p. 78
[31] Le véritable mentor ou l’éducation de la noblesse, par le Marquis Caraccioli, Colonel au Service du Roi de Pologne, Liège 1762, p. 76
[32] M. Scarron, Le Roman comique, Amsterdam, J.. Wetstein et G. Smith, 1737, p. 109
[33] « Le Duc de Roquelaure, qui ne pouvait se passer de faire toujours des siennes, et qui aimait par dessus toute chose à faire briller son esprit gascon, déconcerta fort un jour Monsieur d’Hermenonville, et le tourna en ridicule d’une manière qui donna à rire à tous ceux qui furent instruits de la gasconnade» Aventures galantes du Duc de Roquelaure, Amsterdam, veuve Desbordes, 1734, p. 125
[34] M. de Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations, Genève, 1761, p. 369
[35] Olympe de Gouges, L’esprit français, ou problème à résoudre sur le labyrinthe de divers complots, Paris, Veuve Duchesne, 1792, p. 12
[36] Olympe de Gouges, L’esprit français, ou problème à résoudre sur le labyrinthe de divers complots, Paris, Veuve Duchesne, 1792, p. 5
[37] Olympe de Gouges, L’esprit français, ou problème à résoudre sur le labyrinthe de divers complots, Paris, Veuve Duchesne, 1792, p. 2
[38] Aventures galantes du Duc de Roquelaure, Amsterdam, veuve Desbordes, 1734, p. 68
[39] M. Scarron, Le Roman comique, Amsterdam, J.. Wetstein et G. Smith, 1737, p. 50
[40] M. Le Noble, Aventures galantes, Amsterdam, Pierre de Coup, 1710, p. 106
[41] M. Le Noble, Aventures galantes, Amsterdam, Pierre de Coup, 1710, p. 109
[42] Olympe de Gouges, L’esprit français, ou problème à résoudre sur le labyrinthe de divers complots, Paris, Veuve Duchesne, 1792, p. 1
[43] M. Scarron, Le Roman comique, Amsterdam, J.. Wetstein et G. Smith, 1737, p. 123
[44] Aventures galantes du Duc de Roquelaure, Amsterdam, veuve Desbordes, 1734, p. 127
[45] Aventures galantes du Duc de Roquelaure, Amsterdam, veuve Desbordes, 1734, p. 136
[46] Lettre d’un jeune homme à son ami, sur les français et les anglais, relativement à la frivolité reprochée aux uns et la philosophie attribuée aux autres, Amsterdam, Lejay, 1779, p. 5
[47] Olympe de Gouges, L’esprit français, ou problème à résoudre sur le labyrinthe de divers complots, Paris, Veuve Duchesne, 1792, p. 2
[48] Olympe de Gouges, L’esprit français, ou problème à résoudre sur le labyrinthe de divers complots, Paris, Veuve Duchesne, 1792, p. 7
[49] Olympe de Gouges, L’esprit français, ou problème à résoudre sur le labyrinthe de divers complots, Paris, Veuve Duchesne, 1792, p. 11
[50] Le véritable mentor ou l’éducation de la noblesse, par le Marquis Caraccioli, Colonel au Service du Roi de Pologne, Liège 1762, p. 58
[51] Diverses aventures de France et d’Espagne, Paris, Pierre Ribou, 1707, p. 3
[52] Aventures galantes du Duc de Roquelaure, Amsterdam, veuve Desbordes, 1734, p. 177
[53] Olympe de Gouges, L’esprit français, ou problème à résoudre sur le labyrinthe de divers complots, Paris, Veuve Duchesne, 1792, p. 3
[54] Propos enregistrés et filmés en août 1961, retranscrits dans : Renoir (Jean), Entretiens et propos, Paris, Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma, 2005, p. 311-312.