Classics of geopolitics

La Chine avant les « Boxers »

17.06.2022

Au 18ème siècle, la Chine et l’Inde concentraient, à elles deux, une bonne partie des richesses du monde. L’Inde était déjà sous influence britannique. La Chine ne l’était pas. Elle était gouvernée par un empereur exceptionnel, petit-fils d’un aïeul non moins exceptionnel. L’Empereur Qianlong (Ch’ien Lung) gouverna le Céleste Empire pendant 60 ans, de 1736 à 1796. Il appartenait à la dynastie mandchoue qui avait pris la succession des Ming, une dynastie chinoise han. Le grand-père de cet empereur, Khang Si (1654-1723), avait aussi régné pendant 61 ans, prouvant que la longévité d’un pouvoir est la garante d’un bon gouvernement et d’une continuité féconde. Sous le règne de Khang Si, l’économie s’était consolidée, le niveau culturel de l’Empire n’avait cessé de croître. Une encyclopédie avait été rédigée à l’usage des mandarins. En 1730, Khang Si avait autorisé les Russes à ouvrir un comptoir à Pékin, en vertu du Traité de Kiakhta. Son petit-fils, Qianlong, qui accède au trône en 1736, va mener la Chine au sommet de sa gloire : il est un Empereur travailleur, sérieux, qui prend le pouls de son Empire en effectuant régulièrement des tournées dans ses provinces. Il est auréolé de gloire militaire : en 1757, il a brisé définitivement le pouvoir mongol en Asie centrale. Il a conquis le Turkestan ou Sinkiang actuel (peuplé d’Ouighours) et a vassalisé le Népal dans l’Himalaya. La Chine a atteint sous son règne son extension territoriale maximale, supérieure à celle qu’elle occupe aujourd’hui. Sa population a cru de manière significative, de 150 à 300 millions d’habitants, grâce à une révolution agricole téléguidée par l’Empereur avisé, qui introduisit le maïs et la pomme de terre en Chine. Comme aujourd’hui, la Chine a connu sous son règne un exode rural vers des villes correctement administrées, grâce aux conseils judicieux de l’Empereur. La culture ne cesse de se consolider et le Palais compte une bibliothèque particulièrement bien fournie.