Le tourisme français en crise
Moins 8,5 % de réservations dans les hôtels, les campings et les chambres d’hôtes depuis le mois d’avril… 5 % de nuitées en moins, //// terme consacré pour désigner la nuit que passe un touriste étranger sur le territoire français, //// toujours depuis le mois d’avril… Et encore cette baisse du nombre de touristes en France à cause du climat social délétère et du risque terroriste a été amortie par la coupe d’Europe de Football en juin dernier. Sur cette période, les villes qui accueillaient des matches ont connu un excédent de fréquentation par rapport à l’année précédente, ce qui fausse les statistiques. Depuis le dramatique attentat du 14 juillet à Nice, les réservations ont en effet dégringolé encore un peu plus.. mais les chiffres de fréquentation touristique de cet été en France ne seront pas connus avant la fin août, ou tout début septembre.
A ce compte, la France pourrait bientôt perdre sa place de première destination touristique mondiale, avec près de 85 millions de visiteurs, contre 67 millions pour les Etats-Unis, et 59 millions pour l’Espagne en 2015. Et encore, ce n’est pas le plus grave. Être premier ou deuxième en nombre de visiteurs accueillis n’a pas beaucoup d’importance. Ce qui compte, ce sont les dépenses réalisées par les touristes étrangers dans le pays visité. Or, à ce compte là, nous étions déjà largement distancés par les Etats-Unis… avec 111 milliards d’euros dépensés par les touristes étrangers sur place, ainsi que par l’Espagne, à près de 50 milliards d’euros de recettes.
En France, ceux qui passent par chez nous ne dépensent “que” 46 milliards d’euros. On connaît l’anecdote des Néerlandais qui viennent en France en camping car avec le plein de courses pour 2 semaines, et ne dépensent quasiment rien chez nous. Si l’on ajoute le fait que les hôtels et restaurants français ont assez mauvaise réputation à l’étranger… on nous reproche de ne pas parler au minimum anglais, et d’être nettement plus chers que beaucoup d’autres destinations, à commencer par l’Espagne, ceux qui vivent ou dépendent du tourisme en partie pour vivre ont du souci à se faire.
L’effondrement prévisible des dépenses touristiques en France va impacter lourdement le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, déjà très fragilisé par des années de crise. Le tourisme pèse en effet pour 6 et demi pour cent du PIB français, et près de 1 million d’emplois. Une chute de 5 ou pire, de 10 % des revenus du secteur va condamner à court terme tout ceux qui avaient déjà du mal à boucler les fins de mois. L’impact négatif sur la fameuse “courbe du chômage” qui s’inverse depuis le début de l’année, principalement grâce aux emplois aidés, ne devrait pas beaucoup tarder, et se ressentir au plus tard en octobre.
Si l’on ajoute que le tourisme contribuait positivement à la balance commerciale française, lourdement déficitaire… François Hollande et Manuel Valls vont devoir bientôt s’expliquer sur toute une série de mauvais chiffres économiques, conséquences directes de la menace terroriste et du climat social explosif.