Lactalis catalyse la crise du lait

Jeudi, 25 août, 2016 - 12:15

« Notre métier a un prix » ! Voilà le slogan des agriculteurs qui organisent le blocus de Lactalis depuis lundi soir. Ils espèrent pouvoir négocier un relèvement du prix du lait. En effet, le groupe n’achète la tonne qu’à 256 euros contre 363 euros en juillet 2014.

Selon un membre de la FDSEA Manche, 15 % des exploitations du département mettront la clé sous la porte d’ici le 31 décembre, contre 2 à 3 % par an en temps normal. Depuis 2015, le prix du lait ne cesse de baisser. Ce phénomène connaît plusieurs explications. En avril 2015, Bruxelles décide la suppression des quotas laitiers en vigueur depuis 1984. Les contraintes de productions levées, la France a vu ses volumes augmenter. En Europe, des pays comme le Danemark ou les Pays-bas se sont lancés dans la création d’exploitations géantes quitte à proposer des prix très bas. Résultat : la production a augmenté de plus de 2 % l’an dernier. Ne pouvant écouler tout ce lait, l’Union européenne dispose de 350 000 tonnes de stock. Cette surproduction conduit inévitablement à l’écroulement des prix. Le lait en poudre se négocie aujourd’hui moitié moins cher qu’en décembre 2013 et la tonne de beurre a perdu 55 % en un an. A cela s’ajoute un recul de la consommation. En effet, les Français boivent aujourd’hui 51 litres de lait contre 60 il y a 10 ans. Dernière raison, les exportations sont en chute libre. La Chine a réduit ses importations en 2015 tout comme la Russie après les sanctions prises à son encontre lors de la crise ukrainienne. Si tous ces facteurs ont réellement fait chuter le prix du lait, il n’en reste pas moins que Lactalis refuse toujours de publier le montant de ses marges et préfère d’ailleurs payer une amende pour ce manque de transparence. Le porte-parole du groupe Lactalis, Michel Nalet, s’est défendu en déclarant vouloir « rester discret ».

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