Les pays du Golfe et l’Egypte rompent avec le Qatar
Après plusieurs de ses voisins, le Yémen a à son tour annoncé lundi 5 juin qu’il rompait ses relations diplomatiques avec le Qatar, estimant que « les agissements du Qatar à l’égard des milices putschistes [houthistes] et son soutien à des groupes terroristes deviennent clairs ».
Quelques heures plus tôt, l’Arabie saoudite, l’Egypte, les Emirats arabes unis et Bahreïn avaient invoqué des questions de sécurité nationale pour justifier la rupture des relations diplomatiques avec leur voisin, qu’ils accusent de déstabiliser la région et de soutenir des « groupes terroristes ».
Dans de brefs communiqués diffusés par leurs agences de presse officielles, l’Arabie saoudite et Bahreïn ont, en outre, annoncé la suspension de toutes les liaisons terrestres, aériennes et maritimes avec l’émirat. La compagnie aérienne Etihad des Emirats arabes unis a, quant à elle, fait savoir qu’elle suspendait ses vols vers et en provenance du Qatar à partir de mardi et « jusqu’à nouvel ordre ».
« Totalement inacceptable » pour Doha
De son côté, le Qatar a dénoncé des mesures « injustifiées » et « sans fondement », via un communiqué de son ministre des affaires étrangères. Elles ont un « objectif clair : placer l’Etat [du Qatar] sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraineté » et est « totalement inacceptable », relève-t-il. Le Qatar « entreprendra les mesures nécessaires pour mettre en échec les tentatives d’affecter sa population et son économie ».
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Première conséquence de cette annonce, la Bourse de Doha a ouvert en forte baisse lundi matin, perdant 5,7 % dans les cinq premières minutes des échanges. Vodafone Qatar était particulièrement affecté avec une baisse de 8,9 % tandis que la Qatar National Bank, première banque du pays, perdait 4,6 %.
Une « grave crise » en gestation
En 2014, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn avaient rappelé leurs ambassadeurs à Doha en reprochant au Qatar ses liens avec l’organisation des Frères musulmans après le renversement du chef d’Etat égyptien Mohamed Morsi, qui était issu de la confrérie, par l’actuel président Abdel Fattah Al-Sissi. L’Arabie saoudite voit, en effet, dans la confrérie, fondée en Egypte il y a près d’un siècle, un rival à la pensée salafiste qu’elle promeut.
Mais les tensions étaient remontées d’un cran ces deux dernières semaines après des articles de presse prêtant à l’émir du Qatar, Tamim Bin Hamad Al-Thani, des critiques contre la rhétorique anti-iranienne de ses voisins du Golfe et contre le président américain Donald Trump, qui a été reçu en grande pompe en Arabie saoudite il y a deux semaines.
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L’émir du Qatar a démenti avoir tenu de tels propos mais, il y a une semaine, un ministre émirati avait prévenu qu’une « grave crise » était sur le point d’éclater au sein du conseil de coopération du Golfe.
Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, qui se trouve à Sydney (Australie), a réagi à cette annonce en appelant les pays du Golfe à tenter de régler leurs divergences et à rester unis.
« Certainement, nous encouragerions les parties à s’asseoir et à parler de ces divergences, a-t-il déclaré. Si nous avons un rôle à jouer pour les aider à affronter [leurs différends], nous pensons qu’il est important que le CCG [conseil de coopération du Golfe] reste uni. »
Créé en 1981, le CCG réunit l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar.
Source: lemonde