Syrie. Victoires loyalistes à Alep et assaut sur Raqqah

11.11.2016
Point de situation numéro 17 de Martial Roudier pour Lengadoc Info

Les derniers bastions des forces combattantes de l’Etat Islamique subissent une pression constante. Sans présumer de l’issue de ces batailles, la simultanéité de celles-ci perturbe fortement la logistique de l’E.I et morcelle sa force de frappe. A Mossoul en Irak, les violents combats se situent dans les quartiers Est de la ville, à Raqqah et Al-Bab en Syrie, les combattants ne sont qu’à quelques kilomètres des premiers faubourgs…

Victoires loyalistes à Alep

La deuxième offensive jihadiste pour « libérer » Alep a fait long feu. La première phase de l’opération a obtenu quelques succès avec la prise du quartier Al-Assad. La deuxième phase a connu un échec retentissant avec l’impossibilité pour les jihadistes de pénétrer dans la zone des « 3000 appartements » et a ainsi mis fin à l’attaque. Le bilan humain est très difficile à établir en raison de la difficulté technique de comptabiliser ainsi que par la manipulation des chiffres si courante en temps de guerre. C’est en tout cas un désastre pour les jihadistes qui ont laissé leurs derniers meilleurs éléments sur le carreau. Le conflit en Syrie revêt le caractère d’une guerre d’attrition qui voit les forces opposées tenter de grignoter les effectifs adverses. Le temps joue pour Bachar El-Assad qui, petit à petit, isole les zones rebelles et les amène à la reddition grâce aux amnisties proposées.
Alep a également connu une belle victoire coté loyaliste au Sud Ouest de la ville par la reprise totale de la zone « 1070 appartements » qui a été le théâtre de combats très meurtriers durant plusieurs mois. L’opération a été réalisable grâce à un mouvement tournant depuis les collines situées au Sud de la zone. L’école Hikma qui était le verrou du flanc Sud est tombée aux mains des forces loyalistes, assurant une zone tampon beaucoup plus fiable de ce coté de la ville.

L’arrivée de la flotte russe dans les eaux territoriales de la Syrie aura un impact militaire et psychologique important sur le moral des combattants jihadistes. D’après certaines sources, le porte avion Amiral Kuznetsov ainsi que le croiseur Pierre le Grand devraient délivrer leurs premières frappes sur les forces ennemies présentes à la périphérie d’Alep dans les prochains jours. Les unités russes de renseignement auraient déjà repéré les prochaines cibles au sol ; l’apparition massive de drones dans le ciel d’Alep a été signalée.

Le reste du front

Un incident dans la zone des champs gaziers d’Ash-Shaer a eu un effet désastreux pour l’Etat Islamique. Un hélicoptère de combat russe Mi-35 a du se poser en plein désert suite à un problème technique. Les combattants islamistes ont réussi à le faire exploser à l’aide d’un missile anti-char, sans toutefois blesser les pilotes en cours d’évacuation. Cette victoire islamiste s’est alors retournée contre eux car l’armée russe n’a pas apprécié la destruction de son couteux matériel et a brutalement intensifié ses frappes dans cette zone ainsi qu’à l’Est de Palmyre. Cette région revêt une importance majeure puisqu’elle ouvre la voie en direction de l’enclave de Deir-Ezzor qui subit les assauts islamistes depuis plusieurs années et se trouve menacée par les nouvelles arrivées de combattants de l’Etat Islamique fuyant l’Irak.

Un regain de tension a également eu lieu au Sud Ouest du pays dans la zone frontalière avec Israël sur les hauteurs du Golan. Un assaut particulièrement violent mené par des centaines de combattants islamistes a été mené contre la ville de Hader. Cet assaut a échoué, avec un lourd bilan humain coté jihadiste. Cet échec aurait été suivi très rapidement par une attaque de l’aviation israélienne sur les positions de l’Armée Arabe Syrienne. Le gouvernement de la Syrie dénonçant une fois de plus le trouble jeu de l’Etat d’Israël qu’il accuse de soutenir techniquement des groupes liés à Al-Qaïda.

L’opération « Colère de l’Euphrate » pour la prise de Raqqah, la capitale de l’Etat Islamique en Syrie, a débuté dimanche 6 novembre 2016. Elle rassemble 30 000 combattants composés aux 2/3 de kurdes sous la bannière des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) pilotés par la Coalition Internationale. On a, par ailleurs, vu des soldats américains faisant office de coordonnateurs dès les premiers combats. L’enjeu est d’une extrême importance car il signifierait la fin de l’Etat Islamique en Syrie. Cette opération n’est pas du gout évidemment de la Turquie qui craint tout ce qui a trait aux kurdes. Ankara considère que les Unités de Protection du Peuple Kurde (YPG) ne sont tout simplement qu’un avatar du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) considéré comme organisation terroriste par la Turquie. Inquiétude similaire à Damas pour qui cette opération est une « atteinte à la souveraineté nationale ».

L’opération « Colère de l’Euphrate » ne connait pas pour l’instant un démarrage fulgurant

Quelle va être la prochaine poussée des forces loyales au gouvernement de la Syrie ? Question délicate s’il en est! La libération des quartiers Est d’Alep, on le sait, reste une priorité. La tentation de profiter des récentes victoires à l’Ouest de la ville doit être grande également, mais pertinente. Le commandant des Forces Tigre, le colonel Al-Hassan, a d’ailleurs déclaré que les plaines d’Anadan situées au Nord Ouest immédiat d’Alep constitueraient son prochain objectif. Mais la pression exercée sur Al-Bab par les forces soutenues par la Turquie au Nord ainsi que par les combattants kurdes à l’Ouest peut inciter l’Armée Arabe Syrienne à participer également à l’opération depuis le Sud. Des troupes mécanisées ont d’ailleurs été déployées dans ce secteur autour de la base aérienne de Qweires.