ETRE OU NE PAS ÊTRE FRANÇAIS

05.07.2016

À trois semaines du premier tour de la Présidentielle, Paul-Marie Coûteaux -conseiller et porte-parole de Marine Le Pen et président du SIEL- nous accorde un entretien de fond pour les-non-alignes.fr. Figure centrale du souverainisme et homme politique d’expérience, il nous livre ici ses vues sur des thématiques vitales pour l’avenir de le France. Il nous donne aussi des clefs quant à l’avenir possible du FN et de la droite française dans son ensemble. Entre autres thèmes abordés : son rôle auprès de Marine Le Pen, son mouvement : le SIEL, l’avenir du souverainisme, une possible recomposition à droite après les élections, l’absence d’une gauche nationale, l’anti-mondialisme, l' »islaméricanisation » et la Balkanisation de la France. La nécessité d’un réveil des forces profondes de la France face à la possibilité de sa dissolution dans le chaos post-national. Etre ou ne pas être français.

Ceci étant posé, ajoutons quelques mots sur notre positionnement relativement à ce dont nous avons discuté avec Paul-Marie Coûteaux que nous remercions encore pour sa disponibilité et sa gentillesse.

Aux « Non-Alignés » nous sommes résolument sur une ligne de dépassement du clivage gauche/droite que nous considérons comme obsolète et désuet face au système actuel. A ce clivage, que nous estimons appartenir au siècle précédent, nous substituons le clivage : populisme élitaire vs élites illégitimes. Aristocratie plébéienne vs oligarchie. Sur le modèle par exemple de la logique développée en Italie par nos camarades de Casapound, avec en arrière fond et références idéologiques pour nous : les expériences fondatrices du cercle Proudhon, du syndicalisme révolutionnaire de la première heure et du « Personnalisme ».  Nous nous considérons comme des héritiers de ceux que l’on a pu désigner comme : « les non-conformistes des années trente », cela en une époque qui, à bien des égards, se rapproche de la nôtre et a fondé la nôtre. Ce que développe un Michéa par exemple lorsqu’il parle d’un socialisme « tricolore » – auquel même les premiers marxistes auraient pu appartenir- fait plus pour nous parler qu’un quelconque projet d’alliance autour d’une droite qui a pour nous autant contribué à détruire notre pays que la gauche ne l’a fait ces trente dernières années. Michéa qui explique si bien que tout au long du XIX ème siècle il a existé un clivage entre ce socialisme populaire et français et une alliance gauche / droite unies dans leur libéralisme intrinsèque malgré leurs différences toutes extérieures.

Nous gardons aussi en tête un élément de doctrine politique pour nous essentiel : la différence posée par Dominique Venner dans les années soixante entre d’une part les « nationaux » et de l’autre les nationalistes. Les nationaux regroupant globalement les gens de droite guidés par un patriotisme affectif émotionnel et sincère mais finalement assez peu conscient des enjeux politiques réels hors de la sphère émotionnelle et de l’autre les nationalistes, eux véritables militants formés et aguerris à la chose politique. Militants formés et radicaux qui n’attendent rien d’un système politicien dont ils savent qu’il est à l’origine de la corruption de leur nation. Militants à la pratique politique structurée par une véritable vision du monde inconnue au patriote de la base qui lui n’a que ses émotions pour le guider. Emotions certes légitimes mais pas toujours de bon conseil pour appréhender le machiavélisme des politiques qui nous gouvernent à l’émotionnel justement. A cela nous rajoutons aussi l’idée que nous sommes des Alter-nationalistes, c’est-à-dire que nous plaçons au centre de notre logiciel politique l’anti-mondialisme car nous identifions le mondialisme et l’hyper-libéralisme comme l’ennemi prioritaire de notre être et de notre civilisation plus que l’Islam ou hier le communisme. (…)

C’est là que le discours de Paul-Marie Coûteaux et de Marine le Pen nous interpelle. Paul-Marie Coûteaux semble effectivement sincère dans sa volonté d’orienter Marine le Pen et le Front National vers une rupture avec les institutions mondialistes actuelles. Ce qui nous parle encore plus dans la démarche de Monsieur Coûteaux c’est aussi la manière qu’il a de constituer un véritable réseau de pouvoir et d’influence nationale et antimondialiste avec son mouvement le SIEL. Si pour certains d’entre nous, nous avons souvent regardé de loin les différents « machins » souverainistes se faire et se défaire, le SIEL nous semble marquer une étape en ce sens qu’il apparait comme apte à pouvoir rassembler des personnes assez distantes les unes des autres quant à leur itinéraire ou leur logiciel politique de départ, mais toutes attachées à l’idée que ce jouera bientôt peut-être le dernier acte de la possibilité de sauver la France de sa balkanisation prochaine. Au coeur de notre logique politique il y a la volonté de constituer à terme un réseau de réseaux, ce qui nous fait immédiatement envisager celui du SIEL comme ayant sa place dans cette galaxie de la dissidence organisée dont nous travaillons à l’émergence à l’horizon 2020. L’idée centrale du logiciel politique des non-alignés étant cette idée que des réseaux constitués de membres des classes moyennes comme le nôtre peuvent à terme se lier à des réseaux plus important comme éventuellement celui du SIEL qui pourrait même à terme participer à d’éventuelles coalitions de pouvoir. Collaboration inter-réseaux qui pourrait marcher si des deux côtés chacun sait et dit où il veut aller. Voir sur ce site nos vidéos sur le réseau LNA et sur la « forme-réseau » tel que nous l’envisageons.

De plus, Paul-Marie Coûteaux est une personne fort courtoise qui a toujours du temps à accorder à toutes les personnes qu’il rencontre, cela malgré son agenda de ministre potentiel. Voilà un cadre politique qui a compris – et c’est assez rare pour le souligner et l’en remercier – qu’ « il n’est de richesse que d’hommes » et qui sait qu’un mouvement se constitue de la somme de ses militants plus l’esprit qui les anime. « L’anarchie plus un » pour citer Maurras un peu à côté. PMC en force donc ? Presque.

Reste pour nous une zone d’ombre, et elle est de taille, c’est celle qui consiste en cette possible recomposition à droite que prévoit déjà Monsieur Coûteaux. Là-dessus nous ne savons que penser. Nous sommes d’instinct allergique à toute idée d’alliance avec quoi que ce soit issus de l’UMP. De plus, comme déjà dit, nous ne considérons pas l’idée d’une droite nationale comme pertinente jusqu’au bout. En tant que populistes, nous savons qu’historiquement la droite d’argent, à chaque fois qu’elle se sent menacé, sait mobiliser la droite des valeurs à sa rescousse. Nous pensons que tout le discours actuel de la droite populaire et de l’UMP autour du droite de vote des étrangers est une grosse ficelle de la même stratégie que Gaino a élaboré en 2007 afin de rabattre les nationaux vers l’oligarchie argentière et usurière de l’UMP. A l’époque sur fond des émeutes de 2005 et aujourd’hui avec en fond le « nazislamiste » Merah … Dans le même esprit de ce qui a été fait par Berlusconi en Italie depuis longtemps avec l’Alleanza Nazionale ou la Ligue du Nord. Ou comment détourner un vote populaire antisystème vers un ralliement à ce même système. Avec la consolation en moins de savoir que  Berlusconi aimait surement plus l’Italie, même grossièrement et vulgairement, que ne l’aimera jamais un Sarkosy ou un Balkanÿ (la Balkanysation de la France …).

On sent bien que l’idée d’une recomposition à droite autour de Marine est dans les tuyaux depuis longtemps. On l’a bien vu, tant dans l’université de rentrée du FN à Nice que sur le matériel de campagne, le FN y est presque anecdotique, Marine y étant finalement représentée comme la candidate d’une droite sociale et antisystème –ce qui pourrait nous plaire bien entendu- mais avec déjà des personnes recyclés de l’UMP comme J.Peyrrat comme candidat à Nice, en terme de rupture on a connu mieux. On nous répondra qu’en politique on fait avec ce qu’on a et qu’il faut bien être réaliste, les français se sentent encore de gauche ou de droite. Ici par exemple Coûteaux à droite rejoint Emmanuel Todd qui dit la même chose à gauche. Pourtant pour nous une alternative existait : c’était celle de présenter partout des candidats FN inconnus issus de la société civile aux législatives. Le FN aurait alors donné le signal d’une véritable révolution citoyenne par les urnes plutôt que de tenter de recycler les vieilles biques usées de l’UMP. Cela avec en plus un logiciel entre Coûteaux, Soral et Ozon et on avait un objet politique réellement alternatif et offensif. Mais bon le Front n’est qu’un parti politique pas le Front National-Bolchevique …

Mais le danger est bien là pour nous. Le danger de la réactivation d’un clivage gauche/droite obsolète et caduque en face de celui qui devrait opposer des populistes qui veulent le retour de la décence commune et de la France de Brassens et De Gaulle à l’oligarchie apatride qui veut elle la France des tournantes et des délocalisations.

Tous les éléments d’un triste scénario virtuel semblent progressivement se mettre en place devant nos yeux, celui d’une recomposition des forces politiques en deux camps clairs et antagonistes : la droite qui veut soi-disant la France forte et la gauche qui veut elle la préférence immigrée et l’explosion des impôts. Tout ça sur fond de droit de vote des étrangers et de manipulation autour du terrorisme islamiste autour de l’affaire Merah et d’un possible début de stratégie de la tension à la française. Avec le discours actuel de la gauche plus jusqu’au boutiste que jamais en matière de sans-papierisme sans frontières, on en viendrait presque à soupçonner une connivence sous jacente dans l’élaboration d’un antagonisme de circonstance pour le maintien du système UMPS : gauche antiraciste partisane de l’Etat mammouth qui dévore ses enfants contre droite capitaliste tape dur qui protègera soi-disant vos économies contre les rouges-verts. Cette droite tellement de droite quand elle livre la France à Bruxelles et l’Europe à l’OTAN ou quand elle met dans le même sac libéral les petits patrons de PME avec les ordures qui dirigent des grandes sociétés.

Reste que face à nos interrogations Paul-Marie Coûteaux nous livrent ici des arguments que l’on ne peut minorer et qui nous parlent réellement. Mais concrètement que se passera t’il au deuxième tour et aux législatives ?  Soyons clair : la droite ne peut pas gagner sans les voix du FN et la stratégie du siphonage ne fonctionnera plus cette fois, il faudra donc faire se rencontrer une partie de l’UMP et du FN autour des thématiques sécuritaires.

Certains s’y emploient déjà, tels des spores relâchées par le système pour cela. Ce sont par exemple les réseaux comme Riposte Laïque et Jean Robin, ou encore les néo-conservateurs occidentalistes français façon Rioufol du Figaro ou encore les faux antifascistes et vrais-faux spécialistes de l’extrême-droite façon Jean-Yves Camus ou Reflex, chargé eux de créer de l’extérieure une extrême-droite conforme aux besoins du moment. C’est aussi les universitaires façon P-A Taguieff ou Finkelkraut, chargé eux de lier de manière consubstantielle et éternelle, salut de la France et retour à une norme nationale au salut de l’Etat d’Israël. Ce sont bien évidement les réseaux nationaux-sionistes, avec un Golnadel en tête, qui veulent eux recycler Dupont la Joie l’électeur du Front, en un rempart contre l’antisémitisme des banlieues tueur d’enfants juifs avec en rêve flou (et fou) à l’horizon, l’idée d’un retour forcé des magrébins chez eux façon Pieds-Noirs. Golnadel qui se charge d’ailleurs en ce moment d’arrimer le génocide vendéen à la charrue de celui des arméniens et des juifs de la dernière guerre en une sorte de sainte alliance des communautarismes où Dupont la Joie est enfin convié à participer face à la montée du péril islamo-nazi.

En admettant avec un sérieux nœud dans la gorge et à l’estomac que tout cela soit une stratégie nécessaire et indispensable pour la victoire d’une sorte de révolution conservatrice à la française, quel paysage politique verra t’on alors se dessiner par la suite ?

Peut-être effectivement celui d’une droite éclatée où les restes de l’UMP en déroute s’allieraient au FN -un FN virtuel sur le terrain et dans le réel ne l’oublions pas- les souverainistes et le SIEL pouvant alors jouer la carte de rassembleurs gaulliens des meilleurs éléments des deux camps : droite de conviction (droite des valeurs) et droite nationale. Avec en cas de victoire de la gauche, le rôle à tenir d’une opposition nationale à une gauche apatride et antinationale. Une droite qui serait enfin forte dans l’opposition par l’utilisation d’un logiciel alternational anti-système ? Ce serait le meilleur des scénarios, le pire étant pour nous celui d’une récupération par la droite d’affaire des thématiques nationales qui dévoieraient ces thématiques. Aller dans cette direction serait ruiner les dix dernières années de combat culturel, métapolitique et de réinformation et d’avancées idéologiques en la matière en mettant alors les idées nationales aux services de la droite d’argent. Dans ce cas on pourrait même finir par effectivement voir émerger une gauche patriotique et républicaine mais non nationale en termes d’identité. C’est l’idée que défend Emmanuel Todd par exemple : la droite va amener l’idée nationale vers l’impasse de la haine et de la guerre civile ce qui va raviver en contre coup une gauche nationale et populaire à gauche du PS, front populaire qui attend inconsciemment de se réveiller, car la France, au fond c’est toujours 1789 et 1936. Voire…

Nous avons quant à nous de sérieuses appréhensions quant à la suite des choses à droite, et vraiment le paradigme dialectique qui est en train de s’installer pour les prochaines élections ne fait rien pour nous rendre optimiste. Ce paradigme : gauche islamophile et immigrationiste contre droite pseudo identitaire qui veut sauver la France du projet volontairement fou de la gauche va totalement à l’encontre de l’arme dialectique imparable du logiciel politique alter-nationaliste qui consiste à expliquer envers et contre tous que c’est bien la droite patronale et affairiste qui a voulu le regroupement familial afin de mettre en concurrence les travailleurs français avec les travailleurs étrangers et qu’il est dans la logique du néo-libéralisme de vouloir faire éclater toutes les frontières douanières et physiques qui pourraient entraver le déferlement des marchandises. Vraiment les anciens députés UMP pourront-ils défendre de telles idées ? Pourront-ils comprendre que finalement combattre l’immigration c’est d’abord combattre la société de consommation et le règne de l’usure déchainée ? Au cœur du logiciel alter-nationaliste il y a la connaissance que l’ennemi prioritaire c’est la banque, vraiment les anciens de l’UMP face aux banksters … Mais surtout les souverainistes sincères auront-ils la force (et le courage) nécessaire pour imposer aux « nationaux » gamelards issus de l’UMP un logiciel anti-mondialiste et alter-national comme celui que propose Paul-Marie Coûteaux et qui sous-tend le dernier livre de Marine Le Pen ?
Espérons-le mais ne soyons pas non plus trop optimiste en la matière.

L’enjeu est inouï, la France, notre pays, est en train de disparaître sous nos yeux. Face à l’imminence de la néantisation de notre nation dans son être même, allons-nous assister à une énième manipulation à la droite de la droite ou à l’amorce d’un véritable sursaut national par la droite ?

Face à tant d’inconnus nous ne pourrons en vouloir à ceux qui choisiront l’abstinence et le jeûne politique aux prochaines élections, nous avons connu trop de déceptions en la matière pour jeter la pierre à quiconque. Ceux qui choisiront l’exil intérieur « jungerien » face à l’approche d’une forte zone de turbulence pour la droite nationale, voire d’une possible prochaine stratégie de la tension à la française ont évidemment des doutes légitimes. En tous cas ceux qui comme nous choisiront de participer à l’échéance électorale en cours, doivent se tenir prêt aux conséquences de leur vote en cas d’une possible récupération de leur colère légitime et continuer à faire ce qui a toujours été le plus important à nos yeux et qui est comme l’âme et la boussole de notre action depuis des années en politique : la recherche de modèles de contre-société viables. Avec les personnes volontaires pour cela. Le tissage sans fin d’un réseau humain de salut civilisationnel que nous avons commencé il y a presque sept ans maintenant. Cela envers et contre tout, jusqu’à la victoire ou l’anéantissement. Au nom de la cause qui est la nôtre et à laquelle nous vouons notre vie : le salut de notre être qui est celui de notre peuple et le salut de notre civilisation, la civilisation européenne. Nous sommes les soldats quotidiens de cette tâche sans fin depuis six ans au moins du Rhin à l’Italie avec des moyens dérisoires et rien ne nous fera plier, nous sommes des prédicateurs alter-européens et alter-nationalistes. Nous n’avons peut-être plus d’avenir mais nous avons un destin : la résilience ou la mort de la civilisation européenne et de la France. Et nous n’avons rien à perdre vu qu’on nous a tout pris.

Qui contra nos ? Se Deus pro nobis, qui contra nos ?

Source : Les Non-Alignés