L'Assemblée vote par surprise une résolution pour la levée des sanctions contre la Russie
«C'est totalement inespéré», se réjouit Thierry Mariani, contacté par Le Figaro. Le député LR avait déposé ce jeudi matin à l'Assemblée nationale une proposition de résolution pour la levée des sanctions économiques imposées par l'Union européenne à l'égard de la Russie, dont il est l'un des fervents défenseurs. Le texte a été adoptée par 55 voix pour contre 44, après une faible mobilisation du groupe socialiste. Des absences à mettre sur le compte des vacances, ou bien délibérées? «C'est une surprise, il est très clair qu'une grosse partie des députés socialistes ont voté avec leurs pieds», analyse Thierry Mariani. Deux députés socialistes, le député de l'Aude Jean-Paul Dupré et la proche de Chevènement Marie-Françoise Bechtel, ont voté pour, ainsi que le député du Front de gauche François Asensi. Les deux députés du Front national Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen ont également donné leur voix.
Harlem Désir avait appelé à voter contre
Le projet de résolution, présenté par 86 députés, parmi lesquels Julien Aubert, Nicolas Dhuicq, Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Frédéric Poisson, insistait sur l'impact négatif des sanctions sur l'économie française, et en particulier dans le domaine agricole, aujourd'hui en crise. Les députés évoquaient également un «objectif commun, celui de la lutte contre le terrorisme», pour justifier la levée de l'embargo. «On ne peut demander à la Russie d'être partenaire dans le combat contre Daech et en même temps réclamer des sanctions à leur encontre», écrivaient les députés.
Entre l'Union européenne et la Russie, le ping-pong des sanctions
Le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Harlem Désir, avait lui appelé l'Assemblée à refuser de voter ce texte «qui risquerait de réduire les chances de règlement de ce dossier». «Le sens de ces régimes de sanctions est de disposer d'un levier pour revenir à la négociation», avait-il dit. «Nous souhaitons la levée des sanctions en lien avec le règlement de la crise dans le Donbass. Si les accords de Minsk sont respectées, les sanctions seront levées», avait-il déclaré.
C'est la première fois que le Parlement se prononce sur les sanctions économiques à l'égard de la Russie, qui ont été adoptées en mars 2014 pour répondre à la crise ukrainienne, et prolongées en décembre dernier par l'Union européenne. Cette résolution n'a pas de valeur coercitive. Mais Thierry Mariani espère bien qu'elle fera fléchir l'exécutif. «Maintenant, le gouvernement doit prendre en compte cette décision. La gauche ne peut pas donner des leçons de démocratie, et prendre le Parlement pour un paillasson», déclare-t-il. «J'espère que ce vote permettra au gouvernement d'accélérer le processus pour la levée de cet embargo», a déclaré l'ancien premier ministre François Fillon qui, comme l'ancien président Nicolas Sarkozy, juge l'instrument contre-productif. «Cette résolution, votée en raison d'une forte mobilisation des députés les Républicains face à une majorité peu nombreuse et démotivée, doit être l'occasion pour le gouvernement d'infléchir sa politique vis-à-vis de la Russie» a déclaré dans un communiqué le président du groupe LR à l'Assemblée Christian Jacob.