France TV dans l’impasse financière

Mercredi, 26 octobre, 2016 - 17:15
Finances dégradées, manque de réformes ! Voilà en substance ce que la Cour des comptes reproche à l’ancien et l’actuel présidents de France Télévisions, Rémy Pflimlin et Delphine Ernotte.

Mauvaises gestions, salaires incontrôlés, absentéisme, pratiques douteuses dans l’achat de programmes. Dans son dernier rapport, la Cour des comptes n’a pas pris de pincettes pour dire ce qu’elle pense de France Télévisions. Avec un déficit d’exploitation de 30 millions d’euros, les incertitudes liées au coût de fonctionnement rendent problématique le financement du groupe public audiovisuel français pour des années. Le programme de fusion de différentes entités du groupe pour aller vers l’entreprise unique est un échec. En témoigne une perte d’audience deux fois plus importante que pour TF1 entre 2009 et 2015. De plus, le groupe n’a pas réussi à réduire suffisamment ses effectifs permanents.

La Cour préconise donc d’engager des actions vigoureuses pour dégager des économies. Elle propose même quelques pistes : la réduction du nombre d’antennes régionales de France 3, le rapprochement de son réseau régional avec celui des radios France Bleu, la fusion de l’ensemble des rédactions nationales, ou encore la suppression des bureaux régionaux de France 2. Pour sa défense, France Télévisions invoque la suppression de la publicité en soirée et l’arrivée de la TNT.

Les sages de la rue Cambon ont aussi révélé quelques abus. Supérieur au secteur privé, l’absentéisme est en hausse depuis 3 ans notamment dans le sud-est et en Corse où le taux d’ensoleillement doit jouer sur le professionnalisme. Le rapport pointe également une surreprésentation des cadres avec deux rédacteurs en chef rémunérés 205 000 et 220 000 euros brut. Comme pour Agnès Saal à l’INA, les frais de taxi explosent. Ceux de 10 salariés sont compris entre 7 500 et 22 000 euros par an. Les petits arrangements entre amis ou entre membres d’une même famille ne manquent pas non plus. Un responsable des programmes ayant créé sa société de production a reçu pour près de 2 millions d’euros de commande après son départ. Autant de dérives qui alimenteront sans doute le débat de la présidentielle pour redresser un groupe détenu à 100 % par l’Etat.