Attentat d'Ankara : la Turquie accuse les Kurdes du PKK
Selon les autorités, l'attaque de mercredi est l'œuvre du PKK et de sa branche kurde en Syrie, les YPG, que l'armée turque pilonne depuis près d'une semaine.
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Au lendemain de l'attentat à la voiture piégée qui a tué, mercredi, 28 personnes dans un convoi militaire à Ankara, la Turquie a pointé du doigt le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de protection du peuple (YPG). Le premier, en guerre depuis plus de trente ans contre l'État turc, a repris les combats à l'été 2015 après trois ans de trêve. Les secondes forment la branche armée du Parti de l'union démocratique (PYD), groupe kurde qui progresse dans le nord de la Syrie, près de la frontière turque, et qu'Ankara considère comme «terroriste» au même titre que le PKK.
«Il est clair que cette attaque a été commise par des membres de l'organisation terroriste séparatiste (PKK) et par un milicien des YPG qui s'est infiltré en Turquie», a affirmé jeudi le premier ministre Ahmet Davutoglu, livrant l'identité du kamikaze présumé: «Salih Nejar, né en 1992 dans la ville d'Amuda, dans le nord de la Syrie (...) L'organisation terroriste et les YPG ont conjointement commis cette attaque», a insisté le chef du gouvernement.
Selon plusieurs journaux, l'auteur de l'attentat avait été enregistré par les services d'immigration lors de son entrée en Turquie en tant que réfugié, en juillet 2014. L'explosion a tué vingt soldats et huit civils, et blessé une soixantaine de personnes, a indiqué le chef de l'État, Recep Tayyip Erdogan. Quatorze suspects étaient en garde à vue jeudi. «D'autres (arrestations, NDLR) suivront car cet attentat a des prolongements intérieurs et extérieurs», a assuré le président.
Le PKK a démenti
Dès mercredi soir, des avions de chasse turcs ont bombardé des bases du PKK dans le nord de l'Irak. Les raids visaient un groupe de 60 à 70 militants, dont de hauts responsables, dans le secteur d'Haftanin, à moins de 100 km de la frontière syrienne. Ils auraient tous été tués, selon le gouvernement. Jeudi matin, une autre explosion attribuée au PKK a visé un convoi militaire à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, tuant six soldats.
Le PKK a démenti, par la voix d'un de ses dirigeants, être à l'origine de l'attentat qui a frappé Ankara. «Nous ne savons pas qui l'a commis mais cela peut être une riposte aux massacres de la Turquie au Kurdistan», a déclaré Cemil Bayik. Le PYD, que l'artillerie turque bombarde depuis le 13 février à Azaz (nord de la Syrie), a aussi nié toute implication de sa branche armée. «Ces accusations sont liées à la tentative de la Turquie d'intervenir en Syrie», a affirmé son coprésident, Saleh Muslim.
Depuis plusieurs mois, Ankara reproche à ses alliés - États-Unis en particulier - de soutenir le PYD au nom de la lutte contre le groupe État islamique. «Nous fournirons toutes les preuves (de la responsabilité du PYD dans l'attentat d'Ankara, NDLR). Nous attendons une solidarité nette (…) Ceux qui soutiennent (le PYD, NDLR), directement ou indirectement, risquent de perdre la Turquie», a martelé le premier ministre Ahmet Davutoglu. Il a promis une «riposte» à l'attaque d'Ankara et la poursuite des bombardements contre le PYD en Syrie.