Nouveau Manden Impérial eschatologique

25.09.2023

A l’heure où l’unité fédérale est fortement soutenue par les jeunes générations africaines en Afrique de l’Ouest, il est cependant important d’établir comment pourrait se structurer cette fédéralité en question. En matière de fédéralité, l’Africain doit choisir entre le modèle de gouvernement américain ou le modèle impérial ancestral.

Pour un système afrocentré alternatif à la démocratie

Veille sur la Patrie / Pratique l’entraide / Chacun est libre de des actes dans le respect des interdits des lois de sa Patrie / N’offenser jamais nos femmes, nos mères / Les femmes en plus de leurs occupations quotidiennes doivent etre associées à tous nos gouvernements –Extraits de la Charte Kouroukan Fouga de 1235

Après l’émergence de l’Empereur Soundjata Keita, qui fonda en 1235 le Manden Kurufa (Fédération du Manden ou simplement Empire du Manden), rassembla une grande partie de la hiérarchie populaire dans une assemblée au sein de laquelle tout un système de normes de vie citoyenne, de droits et fonctions au sein du Manden a eté établi, en vertu de ce qu’on appelle la « Charte de Kouroukan Fouga ». Ce sermon établi, intrinsèquement ancré dans la Tradition, est considéré par l’histoire contemporaine comme l’une des plus anciennes constitutions de l’histoire et certainement comme la première charte des droits de l’homme antérieure à celles apparues en Occident. Cette charte de Kouroukan Fouga (également appelée charte du Manden) réglementait à la fois la vie individuelle, collective, économique et politique. Elle tournait autour de la défense de la patrie, de la justice sociale, de l’égalité, de la défense de la vie, du matriarcat qui donnait aux femmes un rôle central dans la société, de l’écologie et cetera.

L’Afrique a besoin d’un nouveau modèle de gouvernance, la démocratie dans la vision occidentale s’est avérée être en réalité une démon-cratie, un système délétère qui n’est pas en harmonie avec le réalités endo-africaines. Revoir les modèles socio-politico-économiques présents en Afrique du passé devient alors plus que jamais une nécessité. La naissance d’un système fédéral en Afrique de l’Ouest devra tenir compte de cette réalité. C’est pourquoi la consolidation d’un Empire puissant en Afrique de l’Ouest est nécessaire, qui devra progressivement s’étendre sur tout le Continent, donnant ainsi naissance à ce que j’appelle ImperAfrika, c’est-à-dire l’Afrique Impériale. Le Nouveau Manden qui verra naturellement l’union d’Etats comme le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et progressivement d’autres, devra donc récupérer des modèles ontologico-politiques conformes à leurs sociétés ancestrales. Ainsi la Charte de Kouroukan Fouga sera une base. Cette Tradition issue de la Charte de Kouroukan Fouga permettra également de remplacer le concept occidental de constitution où c’est l’homme moderne au pouvoir qui doit planifier et structurer les règles de la Nation contre la volonté du Peuple parfois.

Le conservatisme révolutionnaire africain au 21e siècle

Le Nouveau Manden naîtra à travers une révolution dans son sens étymologique originel et non déformé par la grammaire moderne. Révolution dérive de « revolutio » qui en latin signifie retour. Dans son étymologie originelle, la révolution signifie regarder en arriere, vers tout ce qui est initial et premier. Il faudra donc que la nouvelle génération africaine aborde le concept de « Révolution conservatrice » , mais dans son acception africaine. D’autre part, en Afrique de l’Ouest, il existe un concept connu sous le nom de « sankofa ». Sankofa pour le majestueux peuple Akan est un concept qui renvoie à la nécessité de se tourner vers le passé, de regarder les racines pour se projeter vers l’avenir. Dans un Panafricanisme au 21e siècle (en phase d'élaboration épistémologique) qui optera pour un Empire Continental (après avoir initialement construit des Empires/Royaumes régionaux comme une phase transitoire), le concept sankofa sera véritablement le nom africain que nous donnerons à la révolution conservatrice dans son sens africain. Un concept de sankofa qui sera pour l’impérialité africaine ancestrale, opposé à la démocratie dans sa forme exogène, exaltant un retour à la grandeur et à l’héroïsme du peuple. Un Nouveau Manden (ainsi qu’un hypothétique ImperAfrika) s’il est constitué en Empire aura donc la royauté africaine ancestrale comme forme de gouvernement. Mais cette royauté ancestrale africaine ne doit en aucun cas être confondue avec les monarchies européennes. La royauté ancestrale africaine repose sur un lien rigoureux à la Tradition, là où la monarchie européenne a été infiltrée dans certains cas par des réseaux obscurs tels que la franc-maçonnerie ; la royauté africaine ancestrale est basée sur l’interaction directe entre le Mansa (ߡߊߣߛߊ), un conseil de sages traditionnels, un collectif de femmes traditionnelles et le Peuple, là où dans la monarchie européenne règne l’autocratie ; la royauté africaine ancestrale rejette l’injuste, alors que dans la monarchie européenne l’inégalité et l’injustice ne sont pas si latentes. La royauté africaine ancestrale doit être subordonnée à la « suprématie de Dieu » (concept adinkra des Akan) et mettre en avant la structuration d'un gouvernement metaphysique.

La renaissance africaine dépendra aussi de la capacité de valoriser ce que j’appelle l’Afrophonie avec l’alphabet N’ko, un alphabet ouest-africain qui fut inventé par le savant guinéen Solomana Kante. Mettre en avant des langues ouest-africaines plus largement parlées accélérera ce processus d’indépendance linguistique (il y a cette volonté de souveraineté linguistique d’ailleurs chez la jeunesse africaine). Non moins important est également le renouvellement de l’économie. De cette derniere dépendra l’indépendance integrale. Se liberer définitivement du franc CFA et commencer à imprimer une monnaie souveraine ouest-africaine qui pourrait s’appeler « wari » (ߡߊߣߛߊ) signifiant monnaie en bambara, doit impérativement être une manière de se diriger vers la souveraineté economique.

Un Empire Manden eschatologique au 21ème siècle comme début, l'ImperAfrika comme objectif final

Le Nouveau Manden Impérial illustré ici ne peut être qu’un début pour la résurrection du continent Farafina (ߝߊߙߊߝߌߣߊ), signifiant Afrique dans les langues manden. Mais le but du Panafricanisme d’hier et du Panafricanisme au 21e siècle, est et sera toujours l’Union Continentale de Farafina, donc la construction de l’ImperAfrika, un Empire économique et politique puissant rêvé par l’Ancêtre Marcus Mosiah Garvey et tous ses successeurs. On observe d'ailleurs que le Mali gouverné par Assimi Goita, le Burkina Faso gouverné par Ibrahim Traoré, le Niger gouverné par Abdourahamane Tchiani ont signé l'Alliance des États du Sahel (AES), dans le but de se défendre ensemble face aux menaces exogènes. matérialisées par le terrorisme (qui n’est autre que le rejeton du néocolonialisme). Le Niger, le Burkina, le Mali faisaient partie, entre autres États, de l'Empire Manden des années 1200, ainsi que de l'Empire Wassoulou de Samory Touré à la fin du 1800 (héritier de l'Empire Manden). Ils ont une histoire, une culture et un patrimoine communs. Nous espérons donc que l’AES sera une voie vers la consolidation du Nouveau Manden Impérial eschatologique illustré ici, sous l’égide des régimes nationaux-révolutionnaires/conservateurs révolutionnaires africains, et par la suite vers l'ImperAfrika.