Le Brésil à l'heure Olympique

18.08.2016

Les Jeux Olympiques ont depuis plus d'un siècle servi à la promotion du nationalisme. Mais à Rio, au delà de ce rôle classique où chaque délégation joue sa partie, main sur le coeur et hymne national à l'appui, les JO sont exploités par le pire des nationalismes, non celui des Brésiliens eux-même, mais d'un gouvernement « provisoire » profondément corrompu et dans la main de la CIA.

Aucun écho n'a été donné aux manifestations populaires contre les Jeux. appelées par elles « jeux de l'exclusion ». La police a utilisé des gaz diverses armes non létales pour chasser les manifestants des rues, en blessant plusieurs. Des affrontements antérieurs avaient été observés le long de la route empruntée par la flamme olympique, qui, dans un cas a été éteinte par une foule de travailleurs et de jeunes dans la ville côtière de Angra dos Reis. Ils s'étaient mobilisés pour protester contre les dépenses au profit des Jeux olympiques alors que les salaires des agents publics et des enseignants ne sont pas payés, et que les transports en commun et les soins de santé sont fortement réduits.

L'opération de sécurité massive accompagnant les JO de Rio ne vise pas les terroristes, mais la population brésilienne elle-même. Une armée de quelque 100 000 soldats et policiers, soit deux fois le nombre mobilisé pour les jeux de Londres de 2012 déjà fortement militarisés, a été déployée à travers Rio, dont beaucoup en tenue de combat, armés de fusils d'assaut et soutenus par des véhicules blindés et même des chars.

Depuis le temps, en 2009, où le président Lula s'était félicité de la future venue des JO à Rio, une crise mondiale largement provoquée par les manoeuvres spéculatives de Wall Street a mis au plus bas l'économie brésilienne. Le taux de chômage officiel à dépassé de 11%, les salaires salaires réels, pour ceux qui ont la chance d'en bénéficier, ont fortement baissé. Des millions de personnes sont menacées d'être replongées dans l'extrême pauvreté, dans ce qui est déjà l'un des pays les plus socialement inégalitaires du monde.

Alors même que les jeux se déroulent, le Sénat brésilien continue la mise en accusation de la présidente déchue Dilma Rousseff sur de fausses accusations d'irrégularités budgétaires. Ceux qui agissent contre la présidente, membre du Parti des travailleurs (PT) sont, comme le PT lui-même, impliqués pourtant profondément dans le scandale de corruption de Petrobras évalué à plusieurs milliards de dollars. Néanmoins, ils sont soutenus par le capital brésilien et étranger, essentiellement américain, , qui veut un changement complet de régime en vue de procéder à des politiques d'austérité radicales et à des prises en mains économiques (notamment du même Petrobras). Ceci est confié au président par intérim (vice-président), Michel Temer, l'ancien vice-président et ex-allié politique de Rousseff (Voir image)

C'est ce même Michel Temer, lui-même corrompu jusqu'aux os, qui a présidé la cérémonie d'ouverture des Jeux, et reçu les compliments chaleureux de tous les chefs de gouvernements présents à Rio.

Les JO de Rio, une affaire américaine

Quant au soutien américain, il est absolu. Les Etats-Unis ont quasiment fait des Jeux leur affaire propre. Selon l'agence NBC, l'armée et les agences de renseignement des États-Unis, CIA, FBI et NSA ont affecté plus de 1000 agents au suivi des Jeux, sans compter des commandos de la Marine du Commandement des opérations spéciales américain. Ils ont été déployés sur le terrain comme s'ils étaient chez eux au Brésil. Ils étaient secondés, avant et pendant les Jeux, par les « escadrons de la mort » non officiels de la police brésilienne. Ceux-ci auraient assassiné, selon des sources il est vrai difficilement vérifiables mais très vraisemblables, des centaines de personnes, au sein des favelas mais pas seulement.

Durant les Jeux eux-mêmes, l'inégalité sociale est présente partout. Les équipes des pays les plus pauvres font face à des conditions médiocres dans les villages olympiques construits à la hâte. Pendant ce temps, la dream team américaine de basket réside sur le bateau de croisière de luxe Silver Cloud, amarré dans le port de Rio et entouré par la police et les bateaux de patrouille de la marine américaine.

La guerre contre la Russie

Faut-il enfin rappeler que la petite histoire des Jeux rejoint la grande histoire, où les Etats-Unis mènent une guerre incessante contre Poutine. Celui-ci est diabolisé à un point tel que nul n'a élevé le moindre doute vis-à vis des accusations de dopage formulées à l'encontre des athlètes russes. Toute l'affaire est venu d'un responsable russe de la lutte anti-dopage, vraisemblablement acheté par la CIA et vivant dorénavant en Amérique où il devrait dorénavant couler des jours tranquilles.

Ne soyons pas naïfs en refusant d'admettre que les équipes russes, dans certains cas, aient pu bénéficier de dopage. Mais quels sont les pays qui ne pratiquent pas les mêmes opérations au sein de leurs athlètes de haut niveau? La campagne anti-russe obscurcit volontairement la corruption à grande échelle entourant l'organisation des Jeux dans sa totalité ainsi que le dopage endémique pratiqué par presque tous les pays. Les grandes firmes américaines qui se sont auto-proclamées sponsors des Jeux au Brésil n'ont certainement pas renoncé à utiliser de façon discrète les millions de dollars que leur coûte leur générosité.

Washington, l'Agence mondiale antidopage, diverses ONG et les médias occidentaux ont mené une campagne virulente pour exclure tous les athlètes russes des Jeux olympiques de Rio et empêcher le drapeau même du pays d'y paraître. Ceci dans le cadre d'un effort plus large pour dépeindre la Russie comme une nation belliqueuse qui doit être arrêtée par la force. Les accusations contre Poutine à l'occasion des Jeux rejoignent celles qui, dans la campagne américaine pour l'élection présidentielle, l'ont accusé de piratage des emails de Hillary Clinton et de faire de Donald Trump son « idiot utile ».

Observons pour terminer que les propos de bon sens que nous reprenons ici  ne sont jamais évoqués, même pour les démentir, par les médias européens, y compris la Radio Télévision française, plus aux ordres que jamais.