L'alliance franco-russe contre le terrorisme
Quelles sont concrètement les possibilités de la collaboration entre la France et la Russie contre le terrorisme et les perspectives des relations politiques, économiques et culturelles entre nos deux pays ?
De la nécessité d’un soft power russe puissant et d’une alliance forte avec la France pour une révolution conservatrice européenne.
La France et la Russie sont deux des pays les plus importants du continent européen par leurs populations, leurs histoires et leurs contributions à la grandeur civilisationnelle de notre continent et par leurs apports spirituel, intellectuel et culturel à l’ensemble de l’humanité. Ca n’est pas pour rien que nous avons souvent lutté ensemble et forgé une fraternité d’armes à de nombreuses périodes de notre histoire et notamment pendant les grandes guerres du siècle dernier. Nos deux nations sont les limites géographiques de notre continent comme deux forteresses qui veillent sur l’immensité territoriale qui s’étend de l’océan pacifique à l’océan atlantique, de Brest à Vladivostok comme aimait à le dire le Général de Gaulle. Après ces deux guerres terribles où nous avons lutté côté à côte il est de notre devoir d’assurer que la paix demeure sur notre continent. Hélas, aujourd’hui, rien n’est moins sûr. L’Union européenne est un échec cuisant qui étouffe la France qui se dissout dans l’effacement de son identité, la perte de ses repères, l’effritement de son économie et une immigration incontrôlée qui exposent clairement l’échec du projet des technocrates et des utopistes de Bruxelles. Parallèlement à cela nous avons les USA qui ont rapporté la guerre et l’instabilité en Europe, entre autres, par la guerre contre la Yougoslavie et le bombardement illégal de la Serbie dans les années 1990 puis par l’organisation d’un coup d’Etat en Ukraine en 2014 sur le pas de porte de la Russie, dans la Rus de Kiev. Les canons des armes sont encore chauds dans les Balkans comme dans le Donbass et une étincelle peut vite faire dégénérer la situation en brasier. Si nous rajoutons à cela le marasme économique actuel, les attentats sanglants à Paris, les tensions sociales en Europe et les crises du monde arabe, il n’est pas difficile de déclarer que la situation actuelle de l’Europe est extrêmement fragile et ne laisse pas augurer d’un avenir optimiste.
Nous ne voyons que trois alternatives aujourd’hui : la France et l'Europe de l’ouest telles que nous les connaissons disparaissent à jamais dans le pandémonium libéral de ce que John Perkins nomme la corporatocratie américaine, la guerre civile ou bien elles se réveillent et se ressaisissent. L’heure du glas n’a pas encore définitivement sonné et nombreux sont les Français qui refusent de voir leur pays s’éteindre et qui œuvrent pour un sursaut national et populaire semblable à celui que connaît la Russie. J’en veux pour preuve la déroute des partis institutionnels à toutes les dernières élections ou les millions de Français dans la rue pour défendre la définition traditionnelle de la famille ou les succès impressionnants d’auteurs contestataires en librairie comme Zemmour, de Villiers ou Obertone. Un nouveau discours anti-establishment, alternatif et tout simplement de bon sens émerge enfin de la léthargie intellectuelle ambiante. Ce mouvement disparate et idéaliste s’attaque à la décadence actuelle aussi bien spirituelle et intellectuelle que culturelle. Les Français sont de plus en plus nombreux à ouvrir les yeux, à comprendre le dessous des cartes politiques et à vouloir une nouvelle politique pour la France, une politique souveraine qui tende aussi la main vers la Russie pour un sursaut continental et un rééquilibre des forces mondiales. Car la Russie de Poutine a réussi à montrer au monde entier qu’il est possible de construire un modèle alternatif à l’impérialisme libéral américain, un modèle qui cherche le bien commun et qui est capable de faire respecter le droit international. La circulation des élites analysée par Pareto ne se faisant plus en France, il est désormais temps d’un changement d’orientation important du pays qui réclame une nouvelle élite dynamique issue du pays réel français et qui a la volonté d’assumer le pouvoir.
Unis face à la même menace atlantiste
Qui tire les ficelles de cette situation ? Le Général de Gaulle disait :
« Les Américains sont engagés dans un processus de mainmise sur l’ensemble des circuits économiques, financiers, militaires, politiques dans le monde. C’est une invasion qui se déroule comme le cours d’un fleuve ».
Il disait également :
«Le grand problème, (…) c’est l’impérialisme américain. Le problème est en nous, parmi nos couches dirigeantes, parmi celles des pays voisins. Il est dans les têtes.»
Face à ce constat décrié par de Gaulle et qui s’est aggravé depuis, nous devons, Russes et Français, unir nos forces de nouveau comme nous l’avons fait par le passé. Car nous faisons, vous et nous, face à la même pression, celle de l’hégémonie mondiale américaine qui se sert entre autres de l’OTAN et de l’UE comme instruments de sa politique étrangère. Depuis MacKinder, Spykman, Brzezinski et les néo-conservateurs américains la Russie ne peut plus dire qu’elle ne sait pas que le projet majeur international de Washington est la domination totale de l’Europe de l’Atlantique au Pacifique. La mise sous tutelle de la Russie par l’intermédiaire du complexe militaro-industriel américain, dont Dwight Eisenhower nous mettait déjà en garde en 1961, est une menace réelle. Le Pentagone oeuvre chaque jour plus pour isoler une Russie qui ne leur obéit pas et pour empêcher toute coopération politique, économique et culturelle entre la Russie et l’occident. Les événements en Ukraine sont la preuve s’il en est besoin de cette politique d’isolement et nous rappelle ces mots de Brzezinski en 1997 dans le Grand Echiquier : «Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie ». En France nous sommes chaque jour plus nombreux, au contraire, à penser que la Russie doit rester une puissance eurasiatique et qu’il est temps d’intensifier la coopération entre nos deux pays.
La Russie est le partenaire idéal des Français car elle a déjà entamé en ce début de XXIè siècle une renaissance remarquable tant sur les plans spirituel, culturel, économique que militaire. Malgré les difficultés inhérentes à une telle dynamique rapide et soudaine et les interventions exogènes déstabilisatrices, la Russie est en train de structurer une révolution conservatrice qui suscite l’empathie dans le monde. La Russie a certes aujourd’hui des difficultés à exporter ses biens vers l’Europe à cause des sanctions arbitraires et pourtant elle peut exporter le bien qui fait le plus trembler les Atlantistes : sa révolution conservatrice, voie de salut pour la renaissance des peuples qui veulent rester libres. Pour ce faire, la Russie, elle, a besoin d’alliés forts et on voit le travail stratégique impressionnant déjà réalisé avec les BRICS mais la Russie a également besoin de partenaires fiables sur le continent européen et ne peut pas faire l’économie d’une alliance stratégique avec la France si elle veut repousser la politique de containment américaine. La France qui se réveille est amie des Russes, membre du conseil de sécurité des nations unies, pilier de l’Europe et rayonne de surcroît sur la francophonie, un ensemble de 274 millions de locuteurs sur les cinq continents. C’est l’allié européen de choix pour la Russie.
Quelles sont les perspectives de partenariat vu le contexte actuel ?
Vu ce contexte , quelles sont concrètement les possibilités de la collaboration entre la France et la Russie contre le terrorisme et les perspectives des relations politiques, économiques et culturelles entre nos deux pays ?
Il existe déjà évidemment des collaborations entre la Russie et la France contre le terrorisme comme récemment en Syrie mais cette collaboration restera toujours limitée, tout comme la collaboration économique, tant que la classe politique en France ne s’affranchira pas de la soumission à Washington. Hors du contrôle de Washington rien de sérieux ne sera permis. Nous l’avons bien vu dans l’affaire des Mistral où la France a préféré perdre un milliard d’euros plutôt que d’honorer un contrat avec la Russie ! On l’a vu également dans l’exaspération de la Maison Blanche quand Hollande et Poutine ont tenté de rassembler leurs forces contre l’Etat islamique. Pour améliorer la collaboration indispensable entre nos deux pays il faut donc agir immédiatement sur le politique, le métapolitique et le culturel, c’est à dire le soft power, afin d’ouvrir par la suite toutes les portes d’une collaboration future fructueuse servant les intérêts de nos deux nations dans tous les domaines. La Russie bénéficie déjà d’une stratégie de soft power capable de convaincre une portion de l’opinion occidentale. Elle rencontre un succès de popularité indéniable et il n’y a qu’à voir les réactions du Conseil de l’Europe qui veut lutter contre, « les campagnes de désinformation russes » ou l’objectif de James Clapper, le Directeur du renseignement national américain, qui a reçu la mission par le Congrès américain d’analyser l’immixtion de la Russie dans les partis politiques européens, pour se convaincre que la stratégie du soft power russe est bonne mais elle n’est pas encore suffisante.
Une stratégie centrale et coordonnée avec des moyens à la hauteur de la situation doivent décupler la puissance de la stratégie de soft power russe. Celle-ci doit aussi s’appuyer sur des responsables qui coordonneront l’ensemble de l’effort afin d’optimiser les ressources et atteindre les objectifs définis.
Pour ce faire nous devons développer ensemble et partager une stratégie d’influence, de soft power, claire autour de 2 axes majeurs :
1. Rappeler que la construction unipolaire atlantiste et bruxelloise est responsable de la situation catastrophique de la France et de l’Europe et qu’il est temps de changer de modèle.
2. Construire un modèle conservateur continental de partenariats entre nations souveraines incluant la Russie ce qui représente la solution pour s’en sortir.
Le message sous-jacent et compréhensible par les Français doit être que la France n’est la France que si elle défend ses valeurs, ses racines helléno-chrétiennes et son identité tout en développant des alliances culturelles, politiques et économiques intelligentes avec le reste du continent et avec le reste du monde libéré de l’ingérence américaine.
Quels pourraient être les axes majeurs qui pourraient fonder un renouveau du soft power russe ? J’en vois 5 :
1er axe, l’axe Politique
La Russie doit maintenir les efforts diplomatiques avec la France qui parvient à développer une stratégie autonome de temps à autres comme nous l’avons vu pour les négociations de Minsk, Minsk2 ou pour la Syrie. Cette voie est un travail de patience et de long terme. C’est une stratégie actuellement de pied dans la porte afin d’éviter toute rupture complète entre nos deux nations. La Russie ne doit pas se limiter aux hommes politiques institutionnels, il faut travailler les cercles d’influence efficaces en France. Il faut convaincre les décideurs en dehors des circuits officiels loin des caméras et de la surveillance des appareils politiques.
Il faut en parallèle du discours classique à l’encontre des partis politiques et des élus développer une véritable plateforme de travail coordonnée de renaissance nationale en élaborant un projet concurrentiel au monde unipolaire US, un projet d’une autre Europe où chaque pays reste souverain tout en partageant ensemble un projet commun politique et métapolitique indépendant des décisions de Washington et de Bruxelles. Il ne suffit pas d'être contre l'OTAN et l'UE il nous faut un projet rassembleur qui suscite l’adhésion et l'empathie tout en dénonçant le mythe d’une OTAN et d’une UE indispensables à la paix européenne et mondiale.
Les Russes doivent intensifier le dialogue avec les organisations, les intellectuels, les partis non UE/OTAN et encourager la critique constructive du modèle atlantiste. Cette dynamique doit défendre les valeurs traditionnelles de notre civilisation et agréger ceux qui ont compris que l’ultra-libéralisme est, après l’abandon de volonté politique de l’élite française, la cause de la chute de notre société. La Russie ne doit pas avoir peur d’exercer son pouvoir de conviction et partager sa révolution conservatrice et sa vision d’un monde multipolaire en dehors de ses frontières. Il faut que la population française voie émerger un projet politique alternatif concurrentiel sérieux au projet américano-bruxellois. C’est une condition de survie.
2ème axe, l’axe de l’information
La Russie a réussi un pari impressionnant avec ses chaînes d’information radio, internet et TV autour de Russia Today et Sputnik. C’est excellent, mais il faut aller plus loin. RT doit viser à être diffusée en langue française sur internet et les chaînes câblées à court terme. Comme elle l’a fait aux US, RT en France doit recruter quelques grands noms du journalisme pour gagner la confiance des téléspectateurs et se défaire de l’image de chaîne de propagande russe collée par les medias mainstream. Un club de la presse indépendant doit être organisé par les journalistes français afin de défendre le travail journalistique indépendant et objectif et lutter contre la propagande ambiante. Il faut également réfléchir à un media plus intellectuel, destiné aux universitaires et à l’élite française, un media qui invite à la réflexion et aborde les thèmes majeurs de la société contemporaine à travers des articles et interviews d’intellectuels français, russes et internationaux. Il ne faudra pas non plus délaisser le travail d’influence auprès des journalistes des medias mainstream et intensifier le travail auprès des étudiants encore en école de journalisme ou étudiant la science politique par l’intermédiaire, entre autres, de forums et de colloques en France et en Russie.
3ème axe, l’axe culturel
Le continent européen a régulièrement été réveillé par des révolutions conservatrices qu’on les appelle Rinascimento, Konservative Revolution Generación de 1898 etc. Aujourd’hui cette révolution vient de Russie. Qu'elle le veuille ou non, c’est sa destinée de la répandre. La Russie doit encourager de tels mouvements en Europe tant sur les plans politiques que métapolitiques, religieux, culturels etc. Il faut que la Russie soutienne les Français dans leur lutte contre « l’hégémonie culturelle » déjà dénoncée par Gramsci en son temps afin qu’une véritable contre-culture de masse se diffuse. La Russie est pour de nombreux Français le symbole du pays qui n’a pas honte de son histoire, ni de sa culture, ni de ses valeurs. La Russie représente un pays qui a très bien réussi sa transition dans le XXIème sans renier son héritage impressionnant. La Russie doit donc promouvoir son modèle et l’exporter notamment à travers la culture. Il faut faire exactement comme les Américains qui ont bien compris l’importance du combat culturel et sa propagation à travers la télévision, la musique et le cinéma. La Russie doit mieux exporter sa culture : littérature, cinéma, internet, télévision mais également réfléchir à de nouveaux moyens comme les réseaux sociaux, la bande dessinée ou les jeux vidéos… en bref tous les outils qui véhiculent une part du renouveau russe et auxquels les Français peuvent se raccrocher pour, à leur tour, se relever. Les réseaux sociaux et internet permettent de contourner les medias officiels et le public recherche activement cette alternative culturelle. Regardez les succès du parc d’attractions du Puy du fou, la réussite de La passion du Christ de Mel Gibson, les pèlerinages religieux Tro-Breiz en Bretagne, des sites internet indépendants etc… Ils n’ont pas eu de soutien des grands médias et sont pourtant devenus de grands succès populaires. La Russie doit, entre autres, travailler sur des films de qualité vantant l’amitié franco-russe et les valeurs de la nouvelle société qu’elle reconstruit avec de grands acteurs russes évidemment mais aussi français et internationaux. Ces films et même séries TV doivent concurrencer le cinéma américain qui détient un monopole sur nos foyers et représente le meilleur instrument de propagande de l’American Way of life et de la politique étrangère américaine. Ben Laden, Iran, Iraq, 11 septembre…à chaque thème majeur politique ou historique Hollywood propose des films à gros budgets car nos concitoyens ne s’informent plus et croient ce qu’ils voient à l’écran. Il est indispensable de développer une contre-offensive vidéo qu’elle soit cinématographique, télévisuelle ou informative. La vidéo est L’instrument majeur dans la reconquête des consciences dans la société contemporaine. C’est un chantier indispensable qui doit même devenir lucratif pour la Russie qui peut devenir un nouveau pôle de cinéma international.
Il en est de même pour la littérature, la musique, les jeux-vidéos et la bande dessinée. Des festivals et des concours franco-russes ou même internationaux doivent être organisés afin de promouvoir la Russie et les valeurs de sa révolution conservatrice. La diffusion de ces œuvres est un des éléments principaux de la reconquête culturelle et il faudra réfléchir à une plateforme de distribution et de promotion multi-branches de celles-ci afin qu’elles soient à la même enseigne que les autres œuvres culturelles auxquelles le public français a déjà accès. La Russie doit se faire connaître et devenir une capitale culturelle et intellectuelle eurasiatique clairement identifiée par l’élite en devenir de France qui a soif d’une véritable alternative au rouleau compresseur de la culture de supermarché qu’on nous impose aujourd’hui.
4ème axe, l’axe interculturel
Afin de partager la vision russe, la Russie doit nouer, renforcer des liens privilégiés avec les intellectuels français et également avec l’éducation nationale, l’éducation catholique qui est très importante en France et les universités afin de promouvoir l’accès aux médias indépendants, l’accès à la contre-culture mais aussi l’apprentissage du russe et les échanges entre jeunes Français et jeunes Russes comme le fait le programme Erasmus avec succès pour l’Union européenne. Il n’y a que 4 000 étudiants Français en Russie, ce chiffre est en croissance mais pas assez. Il faut urgemment régler le problème de reconnaissance des diplômes et définir une stratégie d’attractivité de l’enseignement supérieur russe. Il faut en faire de même en France.
Ces échanges peuvent également être fondés sur le simple socle de l’amitié franco-russe à travers des campagnes de promotion de l’Office du Tourisme russe qui ciblent les particuliers aussi bien que les groupes (voyages de retraités, comité d’entreprises etc). Il est fondamental de faciliter l’échange entre Français et Russes notamment par une simplification des procédures pour les visas au moins pour les étudiants. Pourquoi non plus ne pas imaginer des Maisons de l’amitié franco-russe à Paris et Moscou, espaces de vie dynamique qui soient de véritables lieux d’échanges culturels, politiques et économiques promouvant les partenariats entre nos deux pays ?
Il faudrait aussi réfléchir à des tarifs aériens low-cost subventionnés pour les étudiants Français et Russes afin d’accélérer le rapprochement entre les jeunes de la nouvelle génération moins formatée que les plus anciens et plus désenchantée avec le modèle actuel occidental. L’amitié franco-russe et le partage due l’alternative russe ne peut passer que par des échanges réels entre Russes et Français.
5ème axe, l’axe économique
Les sanctions économiques frappent durement nos économies aujourd’hui et ce sujet est difficile à traiter dans l’immédiat mais il faut réfléchir dès à présent à une stratégie de développement intelligent entre nos économies. Il faut développer les échanges entre nos deux pays par la facilitation des démarches administratives et la multiplication de rencontres entre entrepreneurs pour encourager le commerce franco-russe. Tant qu’il y aura des sanctions il faut inventer un modèle avec des pays qui n’appliquent pas les sanctions comme la Serbie pour un modèle intelligent construit autour d’un axe Paris-Belgrade-Moscou. Les échanges entre acteurs économiques français et russes doivent se multiplier dans tous les secteurs de l’activité économique où des convergences stratégiques ont été identifiées : santé, agriculture, aéronautique, automobile, tourisme… Des salons doivent se déployer à Paris mais également en province afin de développer des partenariats privilégiés entre nos deux pays. Il faut aussi oser une simplification des démarches administratives et développer un axe stratégique de convergences économiques notamment pour les PME afin d’accroître la présence russe en France et française en Russie.
La Russie et la France doivent s’unir de nouveau pour la liberté
Mes chers amis nous vivons une époque importante, et nous n’avons jamais été aussi proches d’un cataclysme majeur qui ne verrait pas que la défaite de nos pays mais, bien pire encore, la disparition de nos civilisations. Le monde unipolaire ne nous voit que comme des esclaves capables de participer ou pas, par notre labeur ou par nos ressources, à son bien personnel. Je cite l’historien néoconservateur américain Michael Ledeen, ex-membre de l’American Enterprise Institute, qui dit cette chose terrible dans son livre The War against the terror masters : « La destruction créative est notre surnom à l’intérieur de nos frontières et à l’extérieur. Nous abattons l’ordre ancien chaque jour, des affaires à la science, la littérature, l’art, l’architecture et le cinéma. De la politique à la loi. Nos ennemis ont toujours détesté ce tourbillon d’énergie et de créativité qui menacent leurs traditions quelles qu’elles soient et les humilie pour leur incapacité à maintenir la paix. Voyant l’Amérique défaire les sociétés traditionnelles, ils nous craignent car ils ne veulent pas être défaits. Ils doivent attaquer afin de survivre comme nous devons les détruire afin d’avancer dans notre mission historique. » Cela fait froid dans le dos mais cela a le mérite d’être clair. Si nous voulons résister contre cette « destruction créative » chère à Monsieur Ledeen nous devons contre-attaquer immédiatement.
Je pense que ce qui se passe en Syrie actuellement est une illustration parfaite de l’importance de l’intervention russe en dehors de ses frontières qui, en défendant ses propres intérêts, défend en même temps la justice internationale, la paix et montre qu’un monde unipolaire n’est pas une fatalité. Le salut de la Russie passe obligatoirement par son rayonnement international mais cette stratégie ne servira à rien à long terme si en parallèle elle n’est pas adossée à une dynamique de soft-power puissante qui démultipliera le soutien populaire puis le soutien de nouvelles élites dans de nombreuses nations en Europe et dans le monde. J’aimerais citer un poète latin justement né en Syrie, Publius Syrus, qui nous dit que « Sans culture, l'esprit s'use et perd son ressort : Une vie imbécile est semblable à la mort. » Nous sommes confrontés à ce choix pour nos enfants : défendre notre culture et notre liberté à l’intérieur de nos nations ou devenir consommateurs dans l’Empire.
Malgré la situation actuelle et la propagande anti-russe ambiante nous voyons qu’il est quand même possible de percer le mur du politiquement correct et du mensonge et de rapprocher nos deux nations pour gagner cette guerre de libération. La Russie a une longueur d’avance sur la France car elle a déjà amorcé sa renaissance mais le peuple français est sur le même sentier, il lui manque le soutien et l’élan russes. A la Russie il lui manque des soutiens politiques, intellectuels et économiques en Europe afin de faire tomber les menaces qui pèsent sur elle. Aux deux extrémités de l’Europe nous pouvons être les artisans d’une renaissance qui rayonnera sur l’Europe et le monde.
« Старый друг лучше новых двух », un vieil ami vaut deux nouveaux, les Russes le savent bien. Profitons de nos liens historiques et de nos complémentarités pour faire disparaître une fois pour toutes les interférences étrangères déstabilisatrices dans nos pays. Durant la Grande Guerre patriotique contre le nazisme, la Russie n’a pas eu peur d’aider la France libre du Général de Gaulle qui ne représentait pas à l’époque le gouvernement officiel de la France. Nous nous retrouvons aujourd’hui un peu dans la même situation où des Français qui refusent la domination étrangère tendent la main aux frères russes comme l’avaient fait auparavant leurs anciens de Normandie-Niemen. Russes et Français doivent s’unir de nouveau pour la liberté. Il en va de la paix et de la stabilité de notre continent et de la renaissance de notre civilisation.
Colloque à l’Institut Russe d’Etudes Stratégiques
Moscou, le 12 février 2016