La Wallonie résiste à la mondialisation
La Wallonie nous rejoue l’histoire du petit village qui résiste envers et contre tout à l’envahisseur… Nos voisins belges francophones, qui représentent moins de 1 % du total de la population de l’Union Européenne, détiennent le pouvoir de bloquer un accord de libre échange controversé entre le Canada et l’UE. Pourquoi les dirigeants de la région Wallonie détiennent ce pouvoir ? Parce qu’en Belgique, un Etat fédéral, chaque région dispose du pouvoir souverain de valider, ou non, les traités internationaux.
Rappelons en 2 mots les enjeux du traité : il est censé favoriser les échanges économiques et commerciaux entre l’Union Européenne et le Canada, notamment en levant certaines barrières administratives ou douanières, ou encore, en fixant des quotas d’importations. Si vous avez l’impression d’avoir déjà entendu parler de traité de libre échange, c’est normal. Un autre accord international, le TAFTA, qui était négocié depuis des mois entre l’Europe et les Etats-Unis, a échoué. Le même sort menace le CETA, au grand dam des tenants de la mondialisation à outrance.
Les Wallons, qui détiennent, seuls, le pouvoir de le bloquer, reprochent au traité de créer le droit, pour une entreprise de l’un des pays signataires, de poursuivre en Justice un Etat, si cet Etat prend une décision qui lui semble contraire à ses intérêts. Ironie de l’histoire, ce droit a déjà coûté plusieurs centaines de millions d’euros au Canada, dans le cadre de l’accord commercial qui le lie aux Etats-Unis…
Les Wallons dénoncent aussi les quotas d’importations de produits agricoles, contraignants, mais surtout, caduques, car négociés avant le Brexit. Quand on sait que le traité porte, pour une large part, sur les importations de boeuf canadien, dont les Anglais étaient de gros importateurs, leur sortie de l’Europe obligerait les autres pays membres à absorber leur quotas d’importation de boeuf du grand nord américain.
La Commission Européenne a tenté une dernière fois ce week-end de faire pression sur la Wallonie pour qu’elle signe. Il y a même des rumeurs de menaces de suspensions d’aides européennes… Mais si la Wallonie n’accepte pas de signer le traité avant minuit, lundi 24 octobre, le CETA pourrait bien être abandonné, ou devoir être renégocié de fond en comble…