La Pavlik Morozov de Neuilly
Même quand l'on rédige un bref travail, il convient obligatoirement de clarifier la « chose doctrinale ». Or, je persiste et je signe : le stalinisme, dans son expression étatique et créative, fut salvateur à la Russie – et par contamination, à ses pays satellites. Gage de sa puissance actuelle et future, il fut, dans son élaboration de l'industrie, de l'armée et même de la politique nationale (devenue finalement ethno-séparatiste), l'expression du national-socialisme tel qu'il fut décrit et partiellement appliqué dans quelque Reich occidental (ne déplaise ce philo-national-socialisme aux dirigeants russes actuels !). En revanche, dans sa gestion de l'âme humaine, le stalinisme fut l’unique tyrannie anti-hellène européenne du XXe siècle ; ce terrorisme, héritier direct du Putsch français de 1789, avait pour vocation la destruction spirituelle de l'humanité qui lui était territorialement soumise. L'homme tyrannique a donc été élevé, et dans des délais époustouflants, par le stalinisme. Le totalitarisme a pénétré l'humain, dès lors son propre despote. Et quand ceux-ci s’amassaient en foule, le démon collectiviste et protéiforme exigeait sans cesse de nouvelles victimes. Une simple suspicion de péché doctrinal faisait de l'« ennemi du peuple » son propre bourreau qui courrait au-delà d'une éventuelle future accusation, se transformant ainsi non seulement en son propre tortionnaire mais aussi en celui de sa famille et, par conséquent, de l'univers tout entier : le fameux Pavlik Morozov, parce qu'ayant dénoncé ses propres parents à la police politique, devint une icône pour plusieurs générations de pionniers soviétiques.
La Gueuse expirante exige – à tous les niveaux – des milliers de Pavlik Morozov quel que soit leur sexe ! Avant de crever, à l’instar de toute sénilité psychopathique, la république N° 5 a plus que besoin de réduire toute forme de vie à son état, celle d’une mourante aliénée. Voilà pourquoi ses créatures éprouvent tant de jouissance à voir cette ancienne expression gallo-romaine et franque que furent les Le Pen non seulement apprivoisée dans la chaire de son rejeton indigne, mais devenue la dénonciatrice parfaitement soviétoïde de celui qui l’a engendrée. Ainsi, enfin viré en aile pseudo droite du système, le « lepénisme » présidé par un Pavlik Morozov en jupon coupera l’ultime canal de l'expression nationale à tout être francophone. Jean-Marie Le Pen, jadis guerrier et héros, s'était métamorphosé au fil des années en héraut de la sagesse occidentale. C'est par sa bouche que la vérité antique de l'Europe boréale et païenne, même christianisée, s'exprimait.
Désormais, la Pavlik Morozov francophone portant le nom de Le Pen, semblable en tout point à ses prédécesseurs du pays des Soviets, courra au-devant de toute, même éventuelle, suspicion de vouloir ressusciter l'antique esprit franc et s'érigera en première dénonciatrice-juge non de toute dissidence, mais d'une éventuelle déviance de la ligne générale imposée par le système uniforme, haïsseur des libertés. Puisque les libertés, tout comme nos dieux païens, sont multiples et exècrent la tyrannie qui se drape en « Liberté ».
Article publié dans Rivarol (Paris) du 30 avril 2015, p. 12