Alep. Le bal des hypocrites

26.09.2016
Il est scandaleux de voir au Conseil de Sécurité les Etats-Unis, suivis docilement par l'ambassadeur de France et celui de Grande Bretagne, mener une guerre verbale à outrance contre la Russie, accusée de génocide, d'un nouveau Guernica et on ne sait quels autres crimes de masse. Ceci sous le prétexte que l'aviation russe a soutenu les forces loyalistes syriennes dans leur offensive contre Alep, retranchement de l'Etat islamique ou Daesh.

« La Russie et l'Iran pourraient devenir les « complices de crimes de guerre » à Alep s'ils ne changent pas d'attitude en Syrie  » a par ailleurs déclaré dimanche le ministre français des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault.

Faut-il rappeler que Samantha Power, ambassadrice américaine à l'ONU et au Conseil de Sécurité, défend en toutes circonstances le projet d'une véritable guerre contre la Russie, au prétexte que celle-ci résiste aux offensives américaines menées contre elle en Ukraine et en Syrie? Faut-il rappeler que le mot d'ordre américain, repris docilement par François Hollande lui-même, « Assad must go », Assad doit partir, équivaudrait à mettre au pouvoir à Damas les véritables fanatiques du djihad qui ne cessent de converger vers Alep, notamment en provenance d'Asie, pour s'y retrancher afin de mener de nouvelles offensives, visant en premier lieu l'Europe et la Russie ? Faut-il rappeler que le départ de Bashar al Assad signifierait la mort des Chrétiens d'Orient et minorités musulmanes alaouites ou autres qui ont trouvé refuge auprès de lui ?

La reprise d'Alep à l'Etat islamique constitue un pas indispensable pour confirmer le recul de celui-ci sur tous les fronts où, malgré les armements lourds distribués par Washington et l'Arabie, il commence à céder du terrain. Certes, ceci se traduit encore et se traduira par la mort d'habitants d'Alep utilisés comme boucliers humains. Mais il est ainsi dans toutes les guerres de ce type. Avait-on reproché en France aux Alliés, sauf chez les collaborateurs, les milliers de morts français résultant des bombardements américains et britanniques ? On les considérait à juste titre comme les victimes inévitables de la nécessaire guerre faite aux Nazis.

Sur France Inter ce matin 26/09, l'effrayant boute feu qu'est le chroniqueur Bernard Guetta appelait une nouvelle fois à une mobilisation contre Poutine. Mais la responsable de la revue de presse constatait ensuite ce qu'elle appelait l'étonnant silence des médias français à propos des morts d'Alep. Pour une fois ces médias ont peut-être compris ce que cachait le bal des hypocrites qui se déchaine en France dans les instances officielles, autrement dit un appel à une véritable guerre contre la Russie.

François Fillon pour sa part, interrogé ce même jour par France Inter, rappelait que François Hollande, à ses débuts élyséens, avait recommandé de prendre une certaine distance par rapport aux offensives américaines permanentes contre la Russie. Mais, après une visite à Washington, Hollande, comme le regrettait François Fillon, avait changé complètement de position.

Depuis sa politique consiste à soutenir fidèlement Obama et le Pentagone dans leurs politiques anti-Poutine. Si jamais Donald Trump accédait à la Maison Blanche et appliquait son programme de rapprochement avec Moscou, le caniche français sera-il obligé de changer à nouveau de comportement pour complaire à Washington ?