La montée des partis anti-migrants en Europe
En Europe, les profils sont aussi contrastés, de la renaissance de la Ligue du Nord en Italie à la progression foudroyante de Pegida, mouvement islamophobe qui prévoit de manifester samedi dans 14 pays, deux ans après son lancement à Dresde. Ou encore de Marine Le Pen, à Viktor Orban.
Mais tous gagnent dans l'opinion, avec la même alchimie détonante. D'un côté, la peur, nourrie par le terrorisme, l'islamisme et le déferlement de plus d'un million de nouveaux venus à travers la route des Balkans. De l'autre, la contestation d'élites politiques jugées aussi incapables qu'indifférentes, et le rejet de leur entreprise la plus ambitieuse: soixante ans de construction européenne.
L'hostilité aux migrants n'a rien de nouveau en Europe, mais il y a dix ans à peine, elle semblait avoir été évacuée
«Dans la crise de l'euro, ce sont les marchés qui ont imposé la marche à suivre aux gouvernants. Dans la crise des réfugiés, c'est à la fois plus grave et plus simple, constate l'eurodéputé Alain Lamassoure (les Républicains): aujourd'hui, ce sont les électeurs qui dictent leur loi» à la face des partis.
Les images du chaos migratoire dans les îles de la mer Égée, suivies du carnage du 13 novembre à Paris, ont bien servi la propagande. L'hostilité aux migrants n'a rien de nouveau en Europe, mais il y a dix ans à peine, elle semblait avoir été évacuée. En Allemagne l'AfD, récente incarnation de l'extrême droite, semblait proche de l'extinction l'année dernière. Aujourd'hui sa patronne, Frauke Petry, fait scandale en affirmant que la police devrait «si nécessaire se servir de ses armes» pour protéger les frontières de la République fédérale. Le parti est désormais le troisième du pays, d'après les sondages. Devant les Verts. Devant la Gauche radicale.