Palestine et ses ennemis
Texte pour la 6 ème conférence internationale sur la Palestine organisée par New Horizon et IRIB du 12 au 18 mai 2018 à Mashad
Conjoncture générale.
Pour l’observateur attentif des relations internationales, il est clair que nous assistons à la fin du monde unipolaire dirigé par les Etats-Unis depuis l’effondrement de l’URSS, avec l’apparition de nouvelles puissances émergentes ou ré-émergentes qui définissent un monde multipolaire, ou apolaire, ce qui revient au même.
Cet enfantement d’un monde nouveau se fait dans d’horribles douleurs du fait du refus par la puissance dominante d’accepter cette réalité, utilisant tous les moyens les plus abominables pour tenter de pérenniser son influence. Pourtant ce monde nouveau est inéluctable scientifiquement : la géographie, la démographie et la physique s’associent pour en apporter la démonstration.
Face aux tentatives dilatoires et criminelles des Etats-Unis et de ses fidèles « alliés occidentaux », au point d’en être féaux, d’empêcher le cours de l’Histoire, inversant les valeurs morales et mentant de façon éhontée, vulgaire, illogique et paradoxale sur leurs véritables intentions, nous avons la chance d’avoir en face une alliance, parfois formelle, parfois informelle et conjoncturelle, de nations qui font preuve de raison et de modestie pour répondre à la coercition immodérée du camp occidental.
Les BRICS s’organisent de plus en plus pour proposer un monde nouveau fait de coopération entre les états pour le développement et pour résoudre les inévitables conflits d’intérêts par la négociation et non par la guerre. L’avenir de l’humanité est là comme le disait le Général de Gaulle aux universitaires mexicains en 1966 :
« En effet, par-dessus les distances qui se rétrécissent, les idéologies qui s’atténuent, les politiques qui s’essoufflent, et à moins que l’humanité s’anéantisse elle-même un jour dans de monstrueuses destructions, le fait qui dominera le futur c’est l’unité de notre univers ; une cause, celle de l’homme ; une nécessité, celle du progrès mondial, et, par conséquent, de l’aide à tous les pays qui le souhaitent pour leur développement ; un devoir, celui de la paix, sont, pour notre espèce, les conditions mêmes de sa vie. »
La caractéristique de cet affrontement est la brutalité et la vulgarité du camp occidental, face à la modération-et souvent la subtilité- du camp qui s’oppose désormais résolument mais raisonnablement à lui et à sa négation des valeurs humaines universelles.
C’est dans cette conjoncture générale qu’il faut replacer la situation en Palestine où l’état créé après bien des hésitations des membres par une résolution de l’ONU en 1947 se comporte depuis en dominateur et conquérant, refusant toutes les résolutions de l’instance qui l’a créé. Son comportement envers les Palestiniens qui vivent sur leurs terres ancestrales est d’une sauvagerie seulement rendue possible par le soutien sans retenue de leur tuteur américain.
Non content de nier les droits des Palestiniens et de s’en prendre à ses voisins arabes qui contestent son arrogance, soutenu par les monarchies dictatoriales du Golfe persique liées aux Etats-Unis, Israël, atteint d’une hubris (démesure) incommensurable, s’attaque aux Perses, accusés de vouloir acquérir la bombe atomique dont il détient lui, illégalement, des centaines de têtes.
Allié ouvertement à l’Arabie Séoudite, Israël, sachant bien qu’il est incapable de battre militairement l’Iran ou le Hezbollah libanais, veut amener l’Occident, avec les Etats-Unis en tête à faire la guerre à ceux qui combattent en première ligne le terrorisme issu d’un sunnisme dévoyé à dessein et entretenu par les services américains, occidentaux, séoudiens et les monarchies autoritaires du Golfe, sans oublier la Turquie qui a changé plusieurs fois de position grâce à l’influence russe déterminante pour lui indiquer où étaient ses intérêts.
Avenir du monde.
Devant les échecs de plus en plus marqués de la stratégie suicidaire de l’Occident sous la conduite des Etats-Unis, on peut espérer que ses dirigeants prennent conscience que leur intérêt est désormais de sortir de cette spirale de guerres perdues au Moyen-Orient et d’envisager une coopération avec le reste du monde qui constitue l’immense majorité de la population du globe et également maintenant de sa puissance économique et même bientôt militaire.
Et de lutter enfin sérieusement contre le terrorisme qui menace tout le monde.
Les déclarations de Donald Trump tout au long de sa campagne et son court discours initial après sa victoire contre toutes les forces établies en Amérique, montrent qu’il a vu et compris ces changements et qu’il voulait y remédier, même si sa dénonciation de l’Iran comme menace à la paix mondiale était, et est, une obsession récurrente erronée et sans doute inspirée par ses amis israéliens. D’où ses déclarations tonitruantes contre l’accord sur le nucléaire du 14 juillet 2015 entériné par une décision de l’ONU et donc de la communauté internationale, qu’il promet de déchirer.
Mais, depuis qu’il a été intronisé le Président de la première puissance mondiale est en lutte contre des complots multiples de forces obscures domestiques qui ne veulent pas accepter ses vues pragmatiques et le contraignent à poursuivre une politique brutale conforme à leur vision du monde. Il semble qu’il soit sur le point de se dégager de ces pressions après les divulgations récentes des activités criminelles et complotistes au plus haut niveau de l’administration, de ceux qui, parmi les Démocrates et au sein même des Républicains, veulent l’empêcher d’exercer son pouvoir comme il le souhaite.
S’il y parvient, nous pouvons espérer que ses liens avec la communauté juive l’amènent à suivre les conseils de la majorité des juifs américains qui déplorent l’influence néfaste de l’AIPAC (American Israël Public Affairs Committee) dans son soutien unilatéral aux gouvernements extrémistes d’Israël qui dénient les droits élémentaires des Palestiniens et les considèrent comme des hommes qu’on peut tuer impunément. Ces Juifs raisonnables estiment que l’intérêt des Etats-Unis, comme celui des Juifs en général, est dans une solution respectable des droits palestiniens à un état et la fin du régime d’apartheid que pratique Israël.
Dans un monde plus raisonnable tel que le propose les puissances qui contestent la vision américaine actuelle, les conflits d’intérêts doivent être réglés par la négociation et non par la guerre, en reconnaissant les prétentions légitimes des protagonistes. Ainsi en est-il du conflit qui ensanglante le Moyen-Orient depuis la création d’un état qui ne conçoit son existence qu’en guerre permanente contre ses voisins arabes, grâce à un soutien américain total obtenu par le financement de groupes de pression qui lui ont aussi apporté les compromissions d’Arabes trahissant délibérément leurs frères.