L’Espagne sort du blocage politique

26.10.2016
Mariano Rajoy redevient le chef de l’exécutif espagnol. Après un blocage politique de 10 mois, l’Espagne voit la fin d’un épisode long et pénible. Le leader de la droite espagnole a pu revenir aux affaires grâce à l’abstention des députés socialiste. Le président du gouvernement aura toutefois une très faible marge de manœuvre. Pour sa part, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol a peut être signé son propre arrêt de mort.

Une abstention et un nouveau chef de l’exécutif ! L’Espagne sort d’un blocage politique de près de 10 mois grâce à l’abstention du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol. Le comité fédéral a voté en interne pour l’abstention à la nomination du président du gouvernement à 139 voix contre 96, une abstention qui permet au conservateur Mariano Rajoy de revenir aux manettes.

La crise politique avait débuté en décembre 2015 après les élections législatives qui marquaient la fin du bipartisme qui rythme la vie politique espagnole depuis 40 ans avec la percé de deux nouveaux partis : l’extrême gauche avec “Podemos” et les libéraux-centristes de “Ciudadanos”.

Le Parti Populaire arrivé en tête n’avait pas réussi à s’allier avec les centristes. De leur côté, les socialistes n’ont jamais trouvé d’accord avec le chef de fil de Podemos Pablo Iglesias jugé trop exigeant. Les nouvelles élections législatives de juin 2016 n’avait pas non plus permis de dégager une majorité claire, empêtrant le pays dans la crise.
L’incapacité des partis à trouver des compromis pour s’allier a mené le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol à une violente crise interne opposant l’ex-chef des socialistes Pedro Sanchez tenant d’une ligne très à gauche, à des élus se plaçant dans une ligne qu’ils disent “pragmatique” favorables à la constitution d’un gouvernement conservateur pour sortir de la crise. La ligne “modérée” était largement soutenue par les barons locaux et notamment l’Andalouse Susana Díaz. Ce sont donc les plus modérés qui l’ont emporté avec 129 voix contre 96. Ce vote marque un tournant dans l’histoire du parti qui prend le risque de voir Podemos prendre le relais comme premier parti d’opposition. Si la direction du parti a assuré que l’abstention de ses députés ne serait pas un “chèque en blanc” pour Rajoy qui gouvernera donc en minorité, les socialistes ont pris un risque énorme et pourraient le payer cher lors des prochains scrutins.

Ce changement de cap des socialistes peut marquer la fin du bipartisme espagnol. Un changement du paysage politique qui peut laisser entrevoir un renouvellement des élites mais qui préfigure surtout de nouveaux blocages ou alors une coalition droite-gauche sur le modèle allemand.