LES PIONS AMERICAINS DANS LA GUERRE HYBRIDE MENEE EN ARMÉNIE

26.07.2016

En Arménie, l'opposition entre les forces de sécurité et les nationalistes, qui ont pris le bâtiment de la police dans le quartier d'Erebuni au sud d'Ereva, se prolonge. L'adjoint du chef du quartier général de la Police d'Arménie, le général-major Vardan Yeghiazaryan,  et l'assistant du chef de la police d'Erevan, le colonel Valery Osipyan, sont toujours otages. Les services secrets négocient avec les assaillants. Un assaut n’est cependant pas exclut.

Evidemment, les agresseurs comptent sur le soutien de la foule. Pendant l'assaut du bureau de police, ils ont tué un collaborateur des services de sécurité et maintenant, leur seule chance pour se tirer d'affaire c’est d’allumer l'incendie révolutionnaire. Et c’était peut-être même leur objectif principal. Leur partisans ont déjà tenté de convaincre la foule de se joindre aux agitateurs et démarrer la « révolution ».

La principale exigence des séditieux et de leurs partisans est la démission du président Serge Sargsian, et la libération de leur meneur Jirair Sefilian et quelques autres prisonniers. En cas de refus, ils promettent de commencer l'insurrection armée dans tout le pays. « Nous avons déjà pris l’une des bases principales de la police à Erevan et nous contrôlons le quartier d'Erebouni », - disent-ils. Ce n’est pas seulement à cause de la bonne préparation des militants que les services arméniens n’osent pas les prendre d'assaut– ces révolutionnaires sont des vétérans de la guerre du Haut-Karabagh. La liquidation des vétérans par l’Etat, considérés comme des héros de guerre par la population, permettrait à Jirair Sefilian de porter un coup fatal au gouvernement. Sur les réseaux sociaux la campagne d'héroïsation des preneurs d’otage bat son plein. Ce n'est pas pour rien. En cas de leur anéantissement, ils deviendront martyr de leur cause, ce qui provoquera une réaction en chaine violente à travers le pays.

Il faut prêter attention aux personnes qui sont derrière les organisateurs de l'attaque armée et des protestations.

Jirair Sefilian est originaire du Liban. Il est arrivé en Arménie pour participer à la guerre du Haut-Karabagh au début des années 1990. Il a l'expérience des conflits au Liban. À Karabagh il est devenu l’un des leaders militaires les plus connus. Il a le soutien d'une grande partie de la diaspora arménienne et des vétérans de la guerre du Haut-Karabagh. Il est l'opposant principal de la position officielle d'Erevan sur la question du Haut-Karabagh.

Il appelait au renouvellement des hostilités contre l'Azerbaïdjan après la guerre en avril 2016. Le 20 juin 2016 il a été arrêté, soupçonné de transport et détention illégale d'armes. Il a également l’habitude de critiquer la Russie en l'accusant de soutenir l'Azerbaïdjan. Il appartient à l'aile extrémiste du parti nationaliste arménien «Dashnak» qui une expérience dans l’activisme terroriste.

Avec Andrias Ghukasyan et David Sanasaryan, ils sont les chefs de l'initiative « Debout l'Arménie »  qui ont coordonné la tentative de radicalisation de la foule. Ils se sont toujours prononcés pour la fermeture de la base russe à Gyumri et ont organisé une campagne de protestation contre l'entrée de l'Arménie dans l’Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan-Arménie et l’Union économique eurasienne.

Andrias Ghukasyan est un libéral, défenseur des droits de l'homme. En 2015 il a fut l’un des organisateurs du mouvement «Debout l'Arménie», qui  supportait le mouvement « Maïdan» à Erevan l'année passée. Il se prononce contre la coopération de défense avec la Russie.

David Sanasaryan est  promu de l'École des études internationales avancées de Paul Nitze de l'Université Johns-Hopkins à Washington. David Sanasaryan occupe la fonction d’attaché de presse du parti « Héritage ».  Il milite contre l'appartenance de l'Arménie dans l'Union douanière et l’Union économique eurasienne.

Sanasaryan a dirigé les actions de protestation antirusses plus d'une fois. Avec d'autres militants du parti « Héritage » il organisait des meetings avec l'appui de Maïdan en Ukraine en 2014. Il coordonnait l’un des programmes du Fonds de Soros en Arménie.

Raffi Hovannisian fut le premier ministre des affaires étrangères de l'Arménie de l’est. Il dirige le parti «Héritage». Il est né aux États-Unis où il a vécu jusqu'à ses 30 ans. Il a officiellement refusé la citoyenneté américaine en 2003. Il était le ministre des affaires étrangères dans le gouvernement proaméricain du président Lévon Ter-Petrossian. Il préside actuellement le mouvement d'opposition « La Nouvelle Arménie », où Jirair Sefilian est également l’un des meneurs.

Tous ces personnages ont participé activement aux protestations l'été dernier (« électro-Maïdan » à Erevan avec les slogans antirusses). En outre, ils ont organisé les manifestations contre la transformation de l'Arménie en une république parlementaire en décembre 2015.

Tous ces gens sont unis par la haine de la Russie, pour la coopération avec l'Ouest et par une rhétorique nationaliste active. Ce sont eux qui militent pour la reconnaissance de l'indépendance du Haut-Karabagh par l'Arménie. Ils souhaitent les hostilités avec l'Azerbaïdjan. Il est évident que les États-Unis sont intéressés par l'escalade du conflit.

Comme nous l’avons écrit auparavant : les événements en Arménie sont une partie de la stratégie des guerres hybrides initiées par les États-Unis contre les forces continentales, en premier lieu la Russie. Le but est de remplacer le gouvernement ou changer sa politique par rapport à la Russie. Alors que la politique russe vise à trouver un compromis entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour assurer une paix à long terme. Certes, cela demandera aussi quelques concessions de la part de l’Arménie. Les États-Unis, quant à eux, utilisent leurs agents d’influence en Arménie et en Azerbaïdjan pour provoquer la guerre avec la participation de la Russie et de la Turquie. Cette issue est extrêmement indésirable pour ces deux puissances.

Les actions des radicaux armés est sont des éléments évidents de la stratégie de la guerre hybride. L'offensive a de multiples buts : pression sur le pouvoir arménien sur la question du Haut-Karabagh, la création d’un insurrectionnel pour mener une révolution de couleur, radicalisation des groupes paramilitaires, prouver la faiblesse du gouvernement et son incapacité à contrôler la situation.

Le but final est donc la guerre dans le Haut-Karabagh, le changement de gouvernement ou de politique, le retrait des troupes militaires russes.

Il faut également noter que l'influence américaine est assez forte dans le Haut-Karabagh et en Arménie.

Malgré son appartenance à l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et l'Union douanière, l'Arménie a une importante autonomie par rapport à la Russie sur plusieurs domaines, et ce grâce à la diaspora arménienne et de son lobby aux États-Unis. De plus, la coopération avec les américains a un effet boomerang. Les mêmes structures peuvent devenir les conducteurs des intérêts américains. Les États-Unis, à la différence de la Russie, fournissent chaque année officiellement une aide financière de quelques millions de dollars à Haut-Karabagh. L'influence américaine dans le Haut-Karabagh est sous-estimée par la Russie.

En mai, les mêmes forces séditieuses, y compris les députés du parti pro-occidental libéral « Héritage » et le bloc pro-occidental « Le Congrès national arménien » de l'ancien président du pays, Lévon Ter-Petrossian, ont proposé à l'Arménie de reconnaître le Haut-Karabagh comme un État indépendant - ce qui arrêterait de fait le processus de paix et ouvrirait la voie vers une nouvelle guerre.

Cette proposition a été faite par les députés Zaruhi Postanjyan et Hrant Bagratian. Bagratian est un économiste libéral et fut ministre du gouvernement de Ter-Petrossian. En 1995 il a été élu par l'Institut Américain de la biographie comme la personne de l'année. En 1998, il fut adoubé par l'ONU et par le Centre biographique de Cambridge.

Il n'est pas exclu que les autres éléments du réseau proaméricain - les nationalistes jusqu'à la cinquième colonne dans le gouvernement arménien – participeront à l'escalade de la tension. Sans doute, les agents d’influence des États-Unis en l'Azerbaïdjan fomenteront des provocations pour compliquer la situation en Arménie.

En utilisant les obligations de la Russie devant son allié l’Arménie, les États-Unis aspirent à stopper le processus de paix en Transcaucasie pour impliquer la Russie dans la guerre. D'autre part, ils souhaitent utiliser l’hystérie nationaliste exacerbée contre la paix plus ou moins imposée par Moscou. Ils veulent engendrer une nouvelle révolution de couleur pour retirer l'Arménie de l'influence continentale.

Ainsi, la Russie se retrouvera dans la situation du « Zugzwang » - chaque manœuvre affaiblit son auteur.

katehon.com/fr 2016, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine