Immigration. Daniel Friberg : « Ils doivent repartir » ‑ Réflexions sur le rapatriement
Daniel Friberg est titulaire d’un MBA de l’Université de Göteborg. Après des recherches pour le pôle maritime de Göteborg, il participé à des fusions et acquisitions et des évaluations d’entreprise en tant que directeur financier, conseil en gestion et analyste d’affaires. Co-fondateur et PDG de la maison d’édition britannique Arktos Media Ltd., l’un des principaux éditeurs mondiaux d’ouvrages traditionalistes et de droite, il est également l’auteur de Högern kommer tillbaka: Handbok för den ÄKTA oppositionen (Arktos, 2015) et de sa traduction anglaise x, Return of the Real Right: A Handbook for the True Opposition (Arktos, 2015) .
Il a accepté que nous traduisions, en exclusivité pour Breizh-info.com, sa dernière réflexion sur l’immigration en Europe, intitulée : « ils doivent repartir – réflexion sur le rapatriement » – qui traite des solutions à apporter à l’immigration en Suède et qui a été initialement publiée sur le journal Right On.
Récemment, l’agence administrative suédoise des statistiques (SCB) a publié un rapport sur la composition démographique de la population de la Suède en distinguant les personnes nées à l’étranger et celles dont l’un des parents ou les deux sont nés à l’étranger, respectivement, et la part de la population constituée par ces groupes.
En voici le passage le plus intéressant :
« En 2015, 17 % de la population, soit près de 1,7 millions d’habitants, étaient nés à l’étranger. En 1900, la proportion de personnes nées à l’étranger était inférieure à 1 % ; en 1960, elle était passée à 4 %, la grande majorité des habitants nés à l’étranger étant originaires d’autres pays nordiques. Les habitants nés dans les pays nordiques ont constitué la majorité de la population née à l’étranger jusque dans les années 1980 mais, depuis lors, la part des personnes nées hors d’Europe a augmenté de façon spectaculaire : elles constituent aujourd’hui la moitié de la population née à l’étranger. En 2015, 2 % de la population sont nés dans un autre pays nordique, 6 % dans une autre partie de l’Europe, et 9 % hors d’Europe, tandis que 83 % sont nés en Suède. […] En 2015, la part des personnes nées en Suède dont l’un des parents est né à l’étranger atteint 7 %, tandis que 5 % de la population est née en Suède de deux parents nés à l’étranger. Les personnes dont l’un des parents est né dans un autre pays nordique forment un groupe important parmi les personnes dont l’un des parents est né à l’étranger, alors qu’inversement celles dont les deux parents sont nés dans d’autres pays nordiques constituent le plus petit groupe de celles dont les deux parents sont nés à l’étranger ; parmi ces dernières, le groupe le plus important est celui dont les deux parents sont nés hors d’Europe. »
En clair, le rapport montre que la part de la population suédoise originaire en tout ou partie de l’immigration représentait en 2015 pas moins de 29 % de la population (17 % nés à l’étranger + 5 % nés en Suède de deux parents nés à l’étranger + 7 % nés en Suède ayant un parent né à l’étranger). En trois décennies, près d’un tiers de la population suédoise a été remplacée par des non-Suédois.
« Et si nous nous stoppions l’immigration ? » se demandent beaucoup de gens, dans l’idée que ce serait en somme la solution magique à tous nos soucis. Ce n’est pas le cas. Même si nous fermions totalement les frontières, l’écart actuel des taux de natalité, faible chez les Suédois et beaucoup plus élevés chez les immigrants, est tel que les premiers se trouveraient presque entièrement supplantés par des non-Suédois en quelques décennies.
Un programme de rapatriement humanitaire
Face à ceux qui critiquent l’immigration, un argument favori de la gauche, et plus encore des libéraux « conservateurs », est qu’il serait en quelque sorte mystiquement impossible de faire quoi que ce soit à l’égard des très nombreux immigrants déjà présents à l’intérieur de nos frontières : les adversaires de l’immigration feraient mieux de baisser les bras et d’accepter le multiculturalisme et la destruction de leur propre culture.
Je m’élève fermement contre cette opinion et j’affirme au contraire que la solution est simple : s’il a été possible d’aboutir à la situation actuelle par une volonté politique, il est également possible de l’inverser par une volonté politique. Un programme de rapatriement humain, non-violent, pourrait être établi sur la base des cinq points suivants :
Révision du droit d’asile pour les nouveaux arrivants. La catégorie d’immigrants qui pourrait être rapatriée le plus facilement est celle des nouveaux arrivants, non encore naturalisés. Il conviendrait de réexaminer leurs motifs d’asile puis, faute de justification suffisante dans la grande majorité des cas, de leur retirer leur permis de séjour. Ceux, peu nombreux, qui présentent des motifs d’asile raisonnables se verraient accorder un permis de séjour temporaire, soumis à réexamen et réévaluation réguliers. À cette date, ce groupe comprend plus de 500.000 personnes.
Réforme intégrale de notre système de protection sociale en s’inspirant des pays dotés des systèmes qui fonctionnent mieux, comme la Hongrie. De telles réformes permettraient d’éliminer la plupart des facteurs d’attraction qui attirent les migrants non-européens vers la Suède, et une partie importante de ceux qui sont déjà présents trouveraient des raisons pour tenter leur chance ailleurs une fois disparues les incitations économiques qui les avaient attirés initialement.
Tolérance zéro pour la délinquance. Les immigrants non naturalisés verront leur permis de séjour annulé et seront donc expulsés en cas de crime ou délit, quel qu’il soit. Les immigrants naturalisés seront déchus de la nationalité suédoise dans les cas graves. Comme de nombreux immigrants possèdent déjà une double nationalité, leur cas posera rarement problème.
Programmes incitatifs. Nous mettrons en œuvre un programme d’incitations positives pour les personnes séjournant en Suède et ayant leurs racines dans d’autres pays ; elles seront invités à retourner dans leur pays d’origine, ou dans des pays voisins appartenant à la même sphère culturelle. L’incitation pourrait prendre la forme d’un versement unique ‑ une « subvention de réinstallation » ‑ dont les bénéficiaires devraient s’engager par contrat à ne jamais revenir en Suède ou en Europe, selon le modèle danois. Compte tenu des frais énormes entraînés par le processus d’accueil des demandeurs d’asile et par les aides versées aux immigrés sans emploi leur vie durant, ces subventions de rétablissement pourraient être assez généreuses, sans avoir nécessairement un effet négatif sur les finances publiques. Considérant les conséquences catastrophiques de l’immigration sur le plan social, on pourrait aussi faire valoir que certaines difficultés économiques temporaires constitueraient en fait des investissements légitimes. De plus, une subvention de réinstallation généreuse serait susceptible de vaincre les réticences de certains pays d’origine envers la réadmission de leurs ressortissants.
Accords bilatéraux. Aux quatre points ci-dessus doivent être associés des accords et règlements avec les pays d’origine des immigrants, ainsi que les pays voisins. Les chances de parvenir à de tels règlements sont élevées. D’une part, les aides suédoises à l’étranger sont largement attribuées aujourd’hui dans les conditions réclamées par les bénéficiaires ‑ une idée absurde dont l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (SIDA) a même eu le toupet de se vanter publiquement. Il est temps de les réorienter de manière à ce qu’elles soient attribuées à nos propres conditions et non à celles des bénéficiaires. Ces conditions pourraient et devraient inclure l’obligation pour les pays bénéficiaires de l’aide de recevoir leurs propres ressortissants le moment venu, sachant que ceux qui résident aujourd’hui temporairement en Suède sont en train de pousser notre système de protection sociale au point de rupture. Il sera beaucoup moins coûteux de verser ces subventions que de conserver ces personnes en Suède, en particulier si l’on tient compte des coûts sociaux et civiques, difficiles à mesurer en termes financiers.
En conclusion
Le rapatriement n’est ni inhumain, ni impossible, ni indésirable. Au contraire, il est humain, possible et nécessaire. De plus, c’est une mesure qui s’impose naturellement une fois interrompu le raz de marée de nouveaux migrants. Si l’Union européenne post-Brexit éprouve le moindre désir de redevenir une entité politique efficace et légitime aux yeux de ses citoyens, elle n’a pas d’autre option que d’inscrire la question du rapatriement à son agenda le plus vite possible .
L’une des rares autres personnes à avoir commenté le rapport de SCB en Suède est Tobias Hübinette, collaborateur de George Soros qui fut autrefois un anarchiste violent (multidélinquant, il s’est fait connaître aussi en affichant son désir de voir « la race blanche périr dans le sang et la souffrance »). Il juge le rapport « horrible », non à cause de ses conclusions mais du simple fait de sa publication. (Peut-être aussi estime-t-il que le processus de remplacement de la population suédoise par les migrants économiques du Tiers-Monde n’est pas assez rapide.) Résoudre les problèmes par la négation et la répression est une aimable tradition gauchiste qui renvoie à l’époque soviétique, mais cela ne contribuera pas à résoudre la situation démographique de la Suède et de l’Europe. Le débat sur le débat et les discussions sur le « racisme » et les « valeurs » doit faire place à des suggestions politiques concrètes.
Si l’ont veut que l’Europe, ou même la seule Union européenne, ait un avenir, il faut en finir avec ces enfantillages et entamer les débats sur le rapatriement contrôlé de la plupart de nos « nouveaux arrivants ». Les choses ne deviendront vraiment horribles que si la classe politique suédoise et européenne persiste à ignorer les faits évidents.
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Source : Breizh Info