Lysistrata 2024 ou la schizophrénie du féminisme occidental

09.12.2024
Un grand nombre d'électeurs du Parti démocrate aux États-Unis ont décidé de décréter une « grève du sexe » sous l'ère Trump. Une nouvelle démonstration de la faillite du féminisme occidental ?

« LYSISTRATA

Il y a beaucoup de choses à propos de nous, les femmes

Qui me rendent triste, vu comment les hommes

Nous considèrent comme des canailles.

CALONICE

En effet, nous le sommes ! ».

L'un des aspects les plus intéressants de la victoire de Donald Trump aux élections américaines est le fait qu'une campagne a immédiatement été lancée dans laquelle des femmes progressistes ont promis d'entamer une « grève du sexe ». Elles sont censées ne pas avoir de relations sexuelles pendant toute la durée du mandat de Trump.

Cette grève serait une revanche contre les « hommes blancs » qui auraient voté et donné la victoire à Trump, un candidat qui, dans l'esprit malade des femmes progressistes, les dépouillera de tous leurs droits.

L'intrigue rappelle la comédie grecque « Lysistrata » d'Aristophane, dans laquelle les femmes des cités-États grecques conspirent entre elles pour priver les hommes de sexe afin de faire pression pour mettre fin à la guerre du Péloponnèse, qui dure depuis des années.

Malgré les tentatives contemporaines de présenter cette comédie comme « féministe » ou « pacifiste », elle n'est ni l'une ni l'autre. Il s'agit d'une pièce intelligente d'Aristophane sur l'impasse militaire la plus importante de sa génération, la « grève du sexe », qui sert d'artifice comique absurde pour la réconciliation hellénique, dans laquelle le comportement hystérique et irrationnel des femmes conduit inopinément à une conclusion satisfaisante pour les parties.

À la fin, Athéniens et Spartiates se réconcilient et vont faire l'amour avec leurs femmes. Cette comédie sert d'ailleurs à réfuter une fois de plus (parmi une infinité) le mythe de la normalisation de l'homosexualité dans la Grèce antique. Pourquoi les Grecs seraient-ils dérangés par la « grève du sexe » des femmes s'ils avaient une « alternative » ?

Mais nous sommes loin, en termes de civilisation et d'époque, de la Grèce d'Aristophane.

Et si les femmes d'aujourd'hui ont encore de nombreuses caractéristiques communes avec celles de l'Antiquité, elles appartiennent aussi à une qualité totalement différente (et généralement inférieure à) de celle des Grecs.

Car si la « leçon morale » du poète reste que « les femmes, sans protection masculine, deviennent folles », le caractère des femmes a changé, et elles ne recherchent plus la conciliation ou la chaste harmonie conjugale sous la protection de la Vierge Athéna (comme à la fin de « Lysistrata »).

Cette grève du sexe des femmes américaines n'a aucun sens et ne peut avoir aucun effet. Au contraire, elle permet de renouveler l'analyse évolienne de la « femme américaine ».

Le baron Julius Evola dit ce qui suit à propos de la «femme américaine»:

« Une enquête médicale récente aux États-Unis a montré que 75% des jeunes Américaines manquent d'une forte sensibilité sexuelle et qu'au lieu de satisfaire leur libido, elles préfèrent rechercher un plaisir narcissique dans l'exhibitionnisme, dans la vanité du culte du corps et dans la santé au sens stérile du terme. Les filles américaines n'ont pas de « problèmes sexuels », elles sont faciles pour les hommes qui considèrent le processus sexuel comme quelque chose d'isolé et donc inintéressant. Ainsi, par exemple, après avoir été invitée à regarder un film ou à aller danser, il est bon, selon les coutumes américaines, qu'une fille se laisse embrasser sans que cela ne signifie quoi que ce soit sur le plan sentimental. Les Américaines sont froides, frigides et matérialistes. L'homme qui « a un truc » avec une Américaine est obligé envers elle matériellement, financièrement. La femme lui a accordé une faveur matérielle ».

En ce sens, en considérant la chasteté comme une « grève », la progressiste américaine révèle involontairement qu'elle considère le sexe comme un « travail » et que, par conséquent, elle se considère comme une prostituée.

Le problème ici est qu'en raison de la manière dont la logique sexuelle fonctionne dans la gynécocratie post-moderne, en particulier après l'émergence de dispositifs de virtualisation tels que Tinder, cela ne fait aucune différence de menacer les hommes américains de refuser le sexe. C'est déjà une réalité factuelle que la majorité des femmes tournent autour d'une petite poignée d'hommes, ce qui a notamment pour conséquence que des millions d'hommes américains sont vierges ou ont peu de rapports sexuels, alors que les femmes sont beaucoup plus « arrondies ».

Ce sont les femmes qui auront du mal, habituées qu'elles sont à une licence débridée, avec la chasteté au profit de leur « idéologie ». Ou peut-être pas tant que ça, puisque comme le faisait remarquer Evola dans les années 60, loin d'exprimer une quelconque sensualité, les Américaines sont frigides.

Il n'est donc pas surprenant qu'il existe aujourd'hui un vaste mouvement (« passport bros ») d'hommes américains à la recherche d'épouses en Amérique ibérique, en Asie et en Europe de l'Est, des endroits où le Yankee pense pouvoir trouver des femmes qui ont encore préservé une féminité originale et une capacité de dévouement sincère dans la relation conjugale.

En ce sens, les conservateurs américains se contentent de hausser les épaules. Premièrement, un grand nombre de femmes (du moins parmi les femmes blanches) ont voté pour Trump, et elles ne se mettront pas en grève. Deuxièmement, les progressistes ont tendance à être moins appréciés d'un point de vue esthétique aux États-Unis. Ils sont souvent laids et bizarres. Troisièmement, si quelqu'un est exclu à cause de cette grève, il n'a qu'à essayer de trouver une petite amie dans une autre partie du monde. La femme de Trump est slave, celle de Vance est indienne.

La grève, considérée comme une castration capable de soumettre politiquement les hommes, expose non seulement la nature cibelline du féminisme, mais souligne également la nature tragique de l'affaiblissement du rôle de l'homme.

En fin de compte, dans le contexte du féminisme occidental, contrairement à la comédie grecque, il n'y a pas de réconciliation entre la féministe yankee et l'homme normal à l'horizon. Si dans « Lysistrata » le désir et l'excitation rétablissent l'harmonie sociale, la femme moderne devra encore passer par un grand traumatisme civilisationnel pour comprendre l'importance du rôle « tutélaire » de l'homme.

Naturellement, cet homme moderne devra redevenir un « homme ». En d'autres termes, il devra rompre avec « l'esprit bourgeois », essentiellement dévirilisant.

Source

Traduction par Robert Steuckers