Vers un Italexit ?
La sorella latina serait-elle le maillon faible de l’Europe de Bruxelles ? Dans un précédent article nous écrivions que le Brexit n’était que le catalyseur de la crise des dettes et consécutivement de l’euro. L’hypothèse se confirme avec la fragilisation des banques italiennes : autour de 360 milliards de créances douteuses dont 200 que les marchés jugent irrécouvrables. On nous parle de fonds propres à consolider alors que nous ne sommes plus dans cette dimension puisque, rapporté au PIB Italien, le montant de 360 milliards est absolument colossal, autour de 22 % de ce PIB. L’Italie a d’ailleurs appelé au secours l’Europe pour recapitaliser à hauteur de 40 milliards son système bancaire, ce qui est tout à fait insuffisant et qui s’attira un « Nein ! » vigoureux de V. Schaübel et de l’Allemagne. Solidarité européenne ? En réalité si l’Allemagne veut le maintien du statu quo elle devra accepter de payer ou sortir par le haut, tandis qu’en Italie on commence à songer à sortir par le bas.
Crise bancaire au pays qui inventa la banque
Un monument : la banque Montedei Paschi de Siena (fondée en 1472) est passée de 15 milliards de capitalisation à 770 millions et le titre a perdu 80 % de sa valeur. Philanthrope et identitaire cette banque finançait par exemple le fameux Patio de Sienne. Mais elle n’est pas la seule on citera, Banquât Marche, Cassa di Ferrara, Carichieti et Banca Etruria. Qui se sont effondrées en 2015 déjà, avec à la clef la ruine de millions de petits épargnants italiens, On notera que les banques italiennes sont pourtant des banques encore sur leur rôle traditionnel, elles sont moins spéculatives que les banques européenne en général et faisaient leur travail de prêt aux entreprises. L’économie italienne quant à elle, connaît 11,1 % de chômeurs et, pour les moins de 25 ans 40 %. Que s’est-il donc passé ?
L’euro coupable sans aucun doute possible
La destruction de l’économie des pays du sud a été jusqu’à aujourd’hui masquée par la politique de facilité monétaire (QE) de M. Draghi, lequel fut aussi président de la banque centrale italienne (et ancien de Goldman Sachs que M. Barroso prédécesseur de Juncker a maintenant rejoint, on reste en famille !). Le doctore Draghi est un peu, face à un patient alcoolique (dopé à la monnaie forte) qui pour le guérir le soigne à l’alcool bon marché ! La distorsion des taux entre les dettes contractées par les pays européens est considérable (le fameux spread) et n’est pas tenable dans le cas d’une monnaie unique. La crise des dettes publiques est la conséquence directe de la disparition des ajustements par les taux de changes désormais interdits par l’euro. Ainsi, pour l’Italie qui était un grand pays industriel, la chute de cette industrie est exactement concomitante de celle de la création de l’euro, le verdict est sans appel et les dettes des banques ont été contractées pour compenser la hausse des prix consécutive à l’euro, l’euro est le véritable créateur des créances douteuses. L’arrêt de la variable d’ajustement par les taux de change a clairement exposé les entreprises italiennes à leurs concurrents allemands sans possibilité d’ajuster la monnaie en raison d’une gouvernance plus fragile. Alors même qu’entre 1978 et 2000 l’indice de la production industrielle italienne avait augmenté de 65 à 100 (l’Allemagne faisait moins bien), à partir de 2000 la production allemande passe de l’indice 100 à 115 (2016) tandis que l’indice italien est ramené à celui de 1987 en termes absolus.
Crise italienne crise européenne
Renzi a annoncé un référendum pour le mois d’octobre sur les questions constitutionnelles ; on sait le peu de cas que fait l’oligarchie des referendums. Renzi vient d’allumer une nouvelle mèche sur le baril de poudre, en annonçant vouloir se retirer si le vote s’avérait négatif. On peut trouver une grande patience aux Italiens jusqu’à présent, la raison en est politique. L’État Italien a toujours été faible et sans comparaison avec l’État français, les Italiens trouvaient dans la « gouvernance bruxelloise » un état de substitution ni trop envahissant ni trop faible et… suffisamment loin de leurs affaires. Mais, cette fois, certains sondages annoncent une majorité pour la rupture. C’est dire si la patience de ce peuple réputé bouillant a été mise à rude épreuve. Dans cette affaire le risque est que nous ne soyons plus dans un scénario à la grecque, alors qu’il s’agit de la troisième économie de la zone euro, laquelle, en cas d’Italexit, pourrait être suivie par tous les pays du sud, qualifiés péjorativement de PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne), et, que l’on sache la France est bien la sœur latine de l’Italie.
Source : EuroLibertés