Répercussions possibles des difficultés de la Deutsche Bank
Le ministère de la Justice a accusé la Banque d'avoir induit en erreur des investisseurs en leur vendant des produits structurés, adossés à des crédits immobiliers toxiques (subprimes). Baptisée titrisation, cette tactique, utilisée abondamment par les grandes banques pour convertir des portefeuilles de prêts en titres financiers qu'elles cèdent ensuite sur les marchés, est jugée responsable des pertes considérables subies en 2008 par de nombreux investisseurs.
Faut-il voir là indirectement un procès intenté en fait par Wall Street contres les banques européennes jugées trop puissantes. Ce n'est pas la première fois que des entreprises européennes sont condamnées aux Etats-Unis à des amendes record. En France ce fut la BNP. Paribas puis la Société Générale. Comme par hasard ces banques sont très actives sur des marchés internationaux où Wall Street et le Département d'Etat veulent se réserver des positions dominantes.
Aujourd'hui selon l'hebdomadairere Focus, Angela Merkel aurait opposé une fin de non recevoir à un appel à l'aide du président de la Deutsche Bank, John Cryan. Manifestement, pour des raisons que l'on appréciera, elle prend clairement le parti de l'Amérique dans des questions où les torts, si torts il y a, sont très partagés. «A aucun moment, John Cryan n'a demandé l'appui de la chancelière dans les négociations avec le Département de la justice américain, et il n'en a pas l'intention», a indiqué un porte-parole de la banque.
La Deutsche Bank avait déjà provisionné 5,5 milliards d'euros pour faire face aux éventuelles condamnations dans ce dossier, mais le montant demandé par les autorités judiciaires américaines excède largement les estimations de la banque, qui attendait plutôt une amende d'un montant compris entre 2 et 3 milliards de dollars.
Ceci dit, la Banque allemande peut difficilement plaider l'innocence. Ainsi en 2015, elle avait été condamnée à payer 2,5 milliards d'amende pour avoir participé, avec d'autres banques dont la suisse UBS, à une manipulation du taux interbancaire du Libor, afin d'influencer le marché des devises monétaires. Elle est soumise par ailleurs à des milliers de contentieux et doit faire face à des condamnations qui se chiffrent parfois en milliards.
Il s'en suit qu'aujourd'hui les experts s'inquiètent des risques que la Deutsche Bank pourrait faire peser sur les marchés financiers globaux, en cas de défaillance ou de faillite. Un certain François Hollande avait vu juste, lorsqu'il avait déclaré, lors d'une certaine campagne pour la présidence, que « son ennemi était la Finance ».