Pierre-Antoine Plaquevent : "Derrière le prétexte humanitaire, il faut savoir discerner les objectifs géopolitiques plus larges"
Quel regard portez-vous sur l’appel du GADEM en faveur de la dépénalisation de l’émigration irrégulière au Maroc?
Le GADEM affirme travailler à la “dépénalisation de l’entrée, du séjour et de l’émigration irrégulières”. Cet appel constitue une étape vers une normalisation de l’immigration clandestine en direction du Maroc et vers la fin de la notion d’immigration clandestine. L’appel du GADEM cherche à diluer les distinctions entre immigration légale et immigration illégale, ou entre immigration économique et humanitaire. Nous avons connu ce processus en France depuis la fin du XXe siècle: sous la pression d’associations du même type que le GADEM au Maroc, c’est la notion même d’immigration clandestine qui est attaquée chez nous depuis plusieurs décennies et qui est en train de disparaître.
Derrière le prétexte humanitaire, il faut savoir discerner les objectifs géopolitiques plus larges dans lesquels l’appel du GADEM s’insère. Le GADEM ne se cache pas d’être lié à toute la galaxie d’organisations qui travaillent à la normalisation de l’immigration irrégulière comme l’OSF ou Human Rights Watch. À titre d’illustration, on notera les appels de Bill Frelick, directeur de la division des droits des réfugiés et des migrants de Human Rights Watch et ancien cadre du Comité américain pour les réfugiés et les immigrés (USCRI) ainsi que d’Amnesty International (avec laquelle le GADEM collabore); ce dernier appelait dès 2014 à “bannir” les termes de “migrant illégal” ou d’“immigré clandestin” pour privilégier ceux de “migrants sans-papiers” ou de “migrants en situation irrégulière”. Un lissage sémantique déjà opéré par les institutions politiques et les médias de masse en Europe.
Quelles sont les implications d’un tel appel et dans quelle mesure rejoignent-ils l’idée de société ouverte défendue par Open Society?
OSF est le nom générique de l’ensemble des fondations fondées par George Soros. Il s’agit d’un réseau d’ONG, réparties sur tous les continents et dont l’action se déploie dans des thématiques sociales, sociétales ou politiques telles que : les migrations, la dépénalisation des drogues, les nouvelles normes sociétales (théorie du genre, propagande LGBT), les déstabilisations de régimes politiques jugés autoritaires, la liberté de la presse, l’écologie punitive, etc. Les fondations Open Society comptent officiellement plus de 40 organisations nationales et régionales interconnectées à travers le globe, mais elles sont en fait beaucoup plus nombreuses, car chaque branche de l’OSF entretient elle-même son propre réseau d’associations de terrain et finance de nombreuses autres organisations.
Parmi les champs d’action des réseaux Soros, la question migratoire est l’une des priorités des activités de l’OSF. Le but de George Soros et de ses réseaux est d’arriver à refondre le système politique international sur les principes de la société ouverte, les leviers de l’immigration et les déplacements massifs de population constituent les moyens les plus efficaces pour parvenir à cette fin.
À quoi renvoie la notion de société ouverte?
La notion de “société ouverte” fait référence au livre de Karl Popper, La société ouverte et ses ennemis. Un livre écrit dans la première partie du XXe siècle dans lequel Karl Popper exposait les grands axes de la philosophie politique du cosmopolitisme supra-étatique (globaliste ou mondialiste). Je suis arrivé à la conclusion que cette notion de “société ouverte” désigne en fait, pour ceux qui y ont recours, le projet de modification permanente et furtive des sociétés pour le compte des intérêts politiques de la haute finance. Il s’agit d’un projet de domination et de transformation sociale à grande échelle camouflé en une utopie internationaliste et humanitaire. L’appel du GADEM au Maroc s’insère dans cette stratégie qui se déploie à une échelle réellement cosmopolitique.