Mutinerie en prison

14.09.2016
Situation hors contrôle en prison. Alors que 2 gardiens ont été agressés par des détenus radicalisés la semaine dernière à la maison d’arrêt d’Osny dans le Val d’Oise, la prison de Vivonne près de Poitiers était à feu et à sang dans la soirée de lundi. Le chaos se généralise et les surveillants sont à bout.

Détenus radicalisés, surpopulation carcérale, vétusté des maisons d’arrêts, la combinaison parfaite est réunie pour que la situation dans les prisons soit explosive… d’ailleurs, ça explose. Lundi soir, la prison de Vivonne a été le théâtre d’une véritable mutinerie. Une cinquantaine de détenus s’est emparée du trousseau de clés d’un surveillant et ont littéralement saccagé la maison d’arrêt, notamment en provoquant des incendies dans un étage. Une cellule de crise a été mise en place par prévention mais l’intervention rapide des forces de l’ordre ainsi que des pompiers a permis d’éteindre le feu et de rétablir le contrôle de la situation. La prison de Vivonne est un établissement mixte inauguré en 2009. La maison d’arrêt comporte 305 places et un centre de détention de 271 places, et 524 détenus sont incarcérés à Vivonne. Si la prison n’est visiblement pas victime de la surpopulation, les surveillants avaient toutefois alerté les autorités pour dénoncer un regroupement de détenus “difficiles” sur le site, considérant que ces rassemblements transforment les centres de détentions en poubelle pénitentiaire.

Début juillet, François Hollande et son Garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas avaient reçu les syndicats de personnels pénitentiaires qui tiraient la sonnette d’alarme. Face aux prisons surpeuplées, ils dénoncent des conditions de travail de plus en plus difficiles. Au 1er juillet, un nouveau record était franchi avec plus de 69 000 détenus pour seulement 58 000 places. En un an, le nombre de détenus a augmenté de près de 4 %. A l’inverse, les administrations pénitentiaires déplorent un manque d’effectif, évalué à 1500 agents.

Après les agressions de la prison d’Osny, le ministre de la Justice a réclamé un durcissement des conditions de détention, excluant la possibilité de rassembler les détenus soupçonnés de terrorisme dans les mêmes unités pour ne pas créer des “poudrières”. Sur les 180 prisons françaises, 1400 détenus sont considérés comme radicalisés et dangereux. Jean-Jacques Urvoas préconise différentes mesures telles que la rotation des cellules et des fouilles plus fréquentes pour éviter le cantinage et les dissimulations d’objets dangereux ou de téléphones… De même, il recommande des formations pour les surveillants afin de faire face à ces nouveaux détenus de plus en plus nombreux et de plus en plus dangereux… Pour autant, rien n’est annoncé pour renforcer les effectifs actuels qui ne parviennent déjà plus à accomplir leur tâche quotidienne…