L’impôt sur les sociétés à 10 % au Royaume-Uni
Les relations entre le continent et les insulaires anglais reprennent manifestement le cours naturel de l’histoire. Terminée l’entente cordiale, revoici le blocus continental, 210 ans après… Sauf que le blocus est sur le point d’être décrété côté anglais. Pour tenter de juguler la fuite des capitaux, mais aussi des sièges des multinationales établies à Londres sur le vieux continent. que le Brexit pourrait provoquer quand il sera consommé.. Le Royaume-Uni menace d’utiliser l’arme ultime pour les retenir : celle du dumping fiscal.. Le premier ministre anglais, la nouvelle dame de Fer, a annoncé que l’impôt sur les sociétés serait abaissé à 10 %, au lieu de 20 % actuellement, si les négociations avec Bruxelles lors de la sortie de l’UE ne lui semblent pas à son avantage.
La menace est sérieuse car l’arme du dumping fiscal se trouve être redoutablement efficace : c’est elle qui a permis à l’Irlande de rebondir si vite, si fort, après la crise qui l’a frappée entre 2008 et 2011… Alors que le pays était au bord de la faillite il y a 5 ans, l’an dernier, grâce à sa fiscalité ultra favorable aux entreprises, L’Irlande affichait un insolent… 26,3 % de taux de croissance.. un croissance artificiellement dopée par une “augmentation énorme des capitaux d’entreprises” installées à Dublin ou à Cork, la Silicon Valley irlandaise, mais une croissance quand même.
Avec un taux d’impôt sur les sociétés de 10 %, le Royaume-Uni se transformerait en véritable pompe à finance… Alors que Londres draine déjà 40 % des échanges de capitaux dans le monde, nombre d’entreprises pourraient décider, non seulement de rester à Londres ou de s’y installer, mais aussi d’y faire remonter leurs bénéfices, pour ne pas les voir taxés plus lourdement ailleurs, notamment en Europe. Or, avec un Royaume-Uni hors d’Europe, plus de moyens de coercitions, plus de mesures de rétorsion possible, plus de menaces de sanctions européennes… Divorcer et partir avec l’argent du ménage tout en séduisant outrageusement les clients de l’ancienne entreprise commune, c’est sans doute cela que l’on appelle filer à l’anglaise…