LE « BENDA » COMME PENSÉE AFRICAINE AU XXIe SIÈCLE
Toutes les tendances de la modernité (libéralisme, communisme, micronationalisme, social-démocratie) sont incompatibles avec l’Afrique. Le chemin de l’Afrique doit être basé sur le concept “Benda” / “Bendah” (qui dans ma langue Kissi¹ signifie “solidarité” - “communion” - “harmonie” - “solidarité”,-“alliance”) en tant qu’option panafricaine, conservatrice révolutionnaire, justicialiste, spirituel du socialisme, fondée sur « Dieu-Afrique-Famille-Travail-Justice Sociale-Solidarité ».
LE BENDA : POUR UN SOCIALISME AFRICAIN AU XXIe SIÈCLE
Lorsqu’on parle de socialisme, il est important de souligner que dans le contexte africain, il existait bien avant que Karl Marx ou Friedrich Engels n’existent pour le théoriser. Mais le socialisme ancestral africain, contrairement à celui théorisé en Occident, était fondé sur l’harmonie communautaire et l’intra-communautarisme, et non sur la lutte des classes (puisqu’il existait des castes traditionnelles qui harmonisaient également la vie urbaine), même s’il n’y avait pas l’enrichissement d’une minorité au détriment de la majorité. Cela a poussé le président panafricaniste tanzanien Julius Nyerere à théoriser le concept d’Ujamaa² (socialisme aux caractéristiques tanzaniennes), le président guinéen Ahmed Sékou Touré à introduire le concept de Communocratie (socialisme aux caractéristiques guinéennes), le président ghanéen Kwame Nkrumah à élaborer ses réflexions autour du Consciencism³ - Consciencisme. Pour eux, le communisme n’est pas dans la nature des Africains, mais plutôt le communautarisme est notre essence.
Notre socialisme ne rejetait pas Dieu et la Tradition, alors que le socialisme marxiste prône l’athéisme et le matérialisme. Nous sommes des sociétés communautaires, endo-solidaires et antimatérialistes qui reconnaissent la suprématie de Dieu.
L’Africain du 21ème siècle qui cherche à se reconnecter avec son Logos, rejette les tendances de la modernité (libéralisme, communisme, micronationalisme, social-démocratie, mondialisme, etc.). Mais face à ce rejet, un vide reste à combler. Le psychiatre anticolonialiste franco-martiniquais, écrivain et militant Frantz Fanon affirmait au XXe siècle que « le pire danger contre l’Afrique est le manque d’idéologie ». Nous devons redécouvrir notre Nature : le socialisme. Mais un socialisme immatériel, conservateur, révolutionnaire, spirituel/religieux, basé sur la justice sociale, le nihilisme constructif actif et le dépassement. Je définis ce socialisme avec le nom « Benda » (qui en langue Kissi et pour le peuple Kissi⁴ signifie « harmonie », « solidarité », « amour »). Bendam devra donc rejeter l’amour du capitalisme, mais embrasser l’amour de la Foi et de Dieu (quel que soit le nom ou la religion), rejeter le concept de progressisme et d’évolution au sens occidental et moderne, mais défendre l’amour des Racines et de la Tradition fondamentale. Le Benda ne doit pas être un retour nostalgique vers le passé, mais sera révolutionnaire (re-volutio = retour), pour revenir en arrière avec les éléments nécessaires et avancer vers l’avenir. Benda doit rejeter le capitalisme dans sa forme occidentale actuelle et prôner la solidarité populaire, autour d’un ordre hiérarchique traditionnel (mais non classiste). Ce Benda doit s’opposer au colonialisme sous toutes ses formes, aux ingérences extérieures qui menacent la souveraineté africaine, mais aussi aux maux internes qui peuvent être présents chez les Africains : corruption, mauvaise gouvernance, kleptocratie, jalousie, envie, compétition, fétichisme, calomnie et trahison. La réussite de l’Individu est la réussite du Collectif : c’est pourquoi, tant en Afrique que dans la Diaspora, le mutualisme, la solidarité et l’entraide doivent être pratiqués. Ce Benda devra être nihiliste sur un plan actif et constructif, dans le but de générer un Nouvel Africain, un Nouveau Muntu (Individu dans les langues bantoues) solidaire, spirituel, patriotique, conservateur-révolutionnaire, populiste, panafricaniste, impérial.
BENDA CONSERVATEUR
S’il est vrai que j’ai précisé l’approche conservateur nécessaire du Benda, il est important de distinguer les différentes branches du conservatisme.
• THÉORIE SANKOFA : Sankofa est un concept philosophique du peuple Akan basé sur le retour aux Racines. La devise philosophique est « revenir en arrière, récupérer et avancer ». C’est une approche très défendue par les forces afrodiasporiques orientées vers la culture africaine, la tradition et les racines africaines. L’approche sankofiste est essentiellement conservateur-révolutionnaire. Il faut cependant être prudent ! Le sankofisme (pour utiliser un néologisme) ne défend pas un retour pour rester incarceré au passeisme. La vision sankofiste veut que nous prenions les meilleurs éléments de notre culture pour regarder vers l’avenir.
•THÉORIE KEMET / KMT / AFROCENTRISTE : KMT (Kemet) est le nom originel pour définir les Noirs, d’après les travaux de l’historien Cheikh Anta Diop⁵, le plus brillant et important en Afrique du 20ème siècle. Les adeptes afrocentristes défendent le monothéisme ancestral, l’ordre social fondé sur la Maât et la défense d’une Égypte Noire pharaonique comme matrice historico-civilisationnelle des Noirs, ainsi qu’un retour rigoureux à la cosmogonie kémétique-nubien-éthiopienne. La limite de certains de ses défenseurs aujourd’hui est qu’elle reste enfermée dans le passé et dégénère parfois vers l’intolérance sociale et religieuse.
• PARADIGME LIBÉRAL : Ensuite, il y a l’approche libérale du conservatisme. Il est hostile à toute idée de Révolution, il défend surtout des valeurs héritées du monde moderne plutôt que de la Tradition en tant que telle.
Face à ces chemins évoqués, le Benda doit reprendre le concept sankofiste de « retour aux racines », mais en défiant la modernité, reprendre les valeurs d’exaltation de la Culture défendues par l’Afrocentricité, rejetant l’intolérance religieuse et le dogmatisme. Le Benda doit pouvoir rassembler différentes religions et spiritualités, car comme l’enseignent le mystique soufi malien Tierno Bokar, l’érudit mystique sénégalais Cheikh Ahmadou Bamba, le sage animiste Ogotemmeli, le chef religieux chrétien Simon Kimbangu,toutes les différentes manifestations religieuses représentent des branches, mais il y a une seule racine qui les unit. On entre ici dans toute la théorie Pérennialiste des différents René Guénon, Julius Evola, Fritjof Schuon, Coomaraswamy, Michel Valsan, qui défendaient l’idée d’une Tradition Primordiale commune à tous. J’ajouterais que l’Afrique étant la Matrice de l’Humanité, cette Tradition Primordiale est d’origine Négro-africaine et a laissé ses vestiges dans les différents courants. Le Benda doit embrasser le Pérennialisme⁶ : pour une théorie de l’Afropérennalité. C’est ce conservatisme qui aura du sens, par opposition à l’axe moderniste représenté par les libéraux et les progressistes. Quant aux notions de « progrès » et d’« évolution », Tierno Bokar expliquait que le terme évolution perd son sens s’il n’est pas lié à un ancrage traditionnel⁷. Nous parlons d’évolution et de progrès (dans le paradigme africain) lorsque nous observons, perfectionnons constamment notre propre culture et considérons la Tradition comme la base du progrès. Dans le paradigme moderne (occidental), le progrès est la déconnexion du Passé, de la Culture, de l’Histoire, de la Tradition, pour aller dans le sens du précipice contre les lois de la nature. Un modèle théorique inaugurale africain devra tenir compte de cette réalité. L’ordre et l’harmonie se jouent ici.
LA TRADITION COMME RÉVOLUTION
La Tradition n’a rien à voir avec les us et coutumes des populations dans un contexte géographique précis. Les coutumes peuvent changer selon le temps et le contexte ethnoculturel, et seul un charlatan peut les faire passer pour de la Tradition.
La Tradition est le lien avec le Divin, avec le Principe, avec ce qui est Transcendant, mystique, caché, immuable, éternel, pérenne. Tous ceux qui veulent s’approcher à cette Loi Initiale peuvent le faire à partir du moment où il existe une approche métaphysique/initiatique. Et ici, il faut distinguer une certaine forme de Traditionalisme de la Tradition. Le Traditionalisme est l’approche nécessaire pour se rapprocher de la pratique qu’est la Tradition (même si certains qui parlent du Traditionalisme sans la pratique sont en réalité ce que je définis comme des « para-traditionalistes » et sont convaincus de se rapprocher de la Tradition, répétant inconsciemment le schéma des modernistes à travers les pratiques New Âge).
Disons-le! La Tradition est pérenne. Bien que l’Africain en soit le premier Gardien, la Tradition n’est ni africaine, ni occidentale, ni orientale, mais Divine, et en étant une racine, l’approche de toutes les religions révélées et spirituelle en tire l’essence. Le comprendre (comme l’explique le Maître Tierno Bokar) signifie éviter les divisions religieuses futiles, car la racine ésotérique (cachée) est la même, même si la manifestation exotérique (visible) varie d’une branche à l’autre.
La Tradition est avant tout une Révolution éternelle. Le Benda imprégné de Tradition nous permettra de gagner la guerre menée par l’axe mondialiste contre les forces de la Tradition qui lui résistent.
LE BENDA POUR LA JUSTICE SOCIALE
Il est clair que nous devons lutter contre les inégalités sociales qui existent en Afrique. Il n’est pas normal, ce n’est pas juste qu’une minorité vive sur le dos de la majorité, que cette minorité aliène la majorité en la forçant à être dans un statut éternel de « prolétarisation ». Dans une approche traditionnelle, rien de tout cela n’existerait. Mais dans un monde où l’économie a désormais la primauté sur la politique et la société, une petite poignée d’hommes décide du sort de la majorité. Dans la tradition historique du socialisme africain, le Benda doit rejeter le classisme et le combattre, et promouvoir un schéma précolonial traditionnel d’harmonie et de solidarité intra-communautaire.
LE BENDA IMPÉRIAL
Lorsque les oligarques occidentaux se rendirent en Afrique, ils furent confrontés à une configuration territoriale noble construite par les Africains (Empire Manden, Empire Kongo, Dahomey, Empire éthiopien, Empire Zulu, etc.).
Les oligarques ont ainsi imposé une structure géopolitique conforme à leur volonté « impérialiste ».
Il faut cependant distinguer Empire et impérialisme.
-EMPIRE : Un Empire est une unité étatique qui unit les communautés tout en préservant leurs traditions politiques et culturelles au nom du « pannationalisme », c’est-à-dire l’État-Civilisation.
-IMPERIALISME : L’impérialisme, quant à lui, est un système politique imposé par les pays européens nés dans la modernité pour établir leur contrôle sur une Nation, pour l’exploiter économiquement en faveur du système capitaliste.
L’Empire et l’impérialisme sont voués à s’affronter, comme le démontre le conflit entre l’Empire éthiopien et l’impérialisme italien. L’Empire est traditionnel, tandis que l’impérialisme est une création de la modernité occidentale ; l’Empire est sacré, l’impérialisme est laïc ; l’Empire est juste et basé sur l’honneur, l’impérialisme sur l’accumulation de ressources par l’exploitation ; Les Empires sont des puissances terrestres, souverainistes et sédentaires, l’impérialisme se fonde sur l’expansionnisme maritime-hégémonique qui a caractérisé les nations coloniales. Aujourd’hui, le « nouvel impérialisme » est le globalisme néolibéral. La première étape de l’indépendance en Afrique s’est déroulée dans les années 1960 à travers la libération territoriale des États-nations (définie par l’Occident en 1884-1885 au détriment de la configuration territoriale précoloniale). Dans un deuxième temps, en pleine guerre froide, ces États-nations ont dû choisir entre le communisme/socialisme marxiste et le libéralisme. Dans la troisième étape, qui est celle de ce siècle, il faut une rupture épistémologique avec les modèles externes, en pensant à des modèles alternatifs qui tournent autour du communautarisme africain intra-continental (opposé à l’ethnocentrisme) et de l’Empire (opposé au micronationalisme, mais aussi à l’impérialisme dans sa vision thalassocratique/occidentale). La réponse à tout cela réside dans le désir d’« Harmonie » et d’« Union » autour du Benda.
GLOBALISATION, GLOBALISME, ALTERGLOBALISME, MULTILATERALISME, MULTIPOLARISME
Il est nécessaire de différencier certains termes qui sont très souvent confondus.
-GLOBALISATION : Elle défend la diffusion des connaissances, l’interaction entre les civilisations, reconnaît l’existence de peuples multiples, mais vise à garantir que ceux-ci, dans le respect de leur essence, puissent collaborer et se connaître sans que leur Identité ou Tradition ne soit attaquée. Le dialogue entre les Égyptiens de l’Antiquité, les Grecs de l’Antiquité et les Romains de l’Antiquité était une forme de globalisation, tout comme l’interaction entre le peuple Manden de Farafina (Afrique) et les populations originelles d’Abya Yala (ce qu’on appelle aujourd’hui l’Amérique).⁷
-GLOBALISME : C’est la vision occidentale anti-identitaire du monde, le paroxysme de la globalisation. Le globalisme (ou mondialisme) a muté du capitalisme après la défaite du communisme et la victoire des libéraux-occidentaux. Il s’impose avec force aux différentes civilisations au nom de la démocratie néolibérale. Ce mondialisme défend l’unipolarité occidentale, combat le multipolarisme (qui veut consacrer l’idée d’un monde fondé sur les Civilisations et les Empires). Au sein de cette unipolarité, il existe une autre branche développée par les États-Unis sous Barack Obama, appelée « multilatéralisme ». Il ne faut pas confondre le multilatéralisme et le multipolarisme. Le multilatéralisme ne voit pas le monde en pôles ou en civilisations. ⁸ Il rejette cette idée. Pour le multilatéralisme, il y aurait des États nationaux westphaliens qui auraient la liberté d’être des acteurs sur la scène géopolitique, tant que l’on reste dans le paradigme néolibéral occidental tracé par l’ordre unipolaire. Le multilatéralisme est donc la « suprématie américaine » (à la Kissinger) déguisée en multipolarisme. Le Benda doit se positionner sur la multipolarité avec sa vocation impériale panafricaine.
BENDA AFRODIASPORIQUE : LE NÉO-MARRONAGE CONTRE LE NON-POLARISME
La transition unipolaire occidentale est désormais terminée, mais un autre mal, bien plus dangereux, est apparu : le non-polarisme. Le non polaire n’est pas unipolaire, mais combat le multipolaire.
Le non-polaire a été annoncée – dans un certain sens – par Brzezinski qui a déclaré que le 21ème siècle n’appartiendrait pas aux élites, mais aux sociétés civiles. Ces sociétés civiles sont cooptées par une oligarchie sans frontières et sans identité qui se sent portée par une fausse mission providentielle.
Le non-polaire se caractérise par l’idéologie libérale (société ouverte, ONG, Black Lives Matter, destruction des identités, universalisme, humanitarisme,..) en fausse opposition au libéralisme économique, alors que tous les libéraux ont une seule matrice contestable.
Face à la non-polarisation généralisée, nous avons besoin d’un camp communautaire et identitaire fort : dans le contexte Négro-africain, il faut commencer à parler de « néo-marronage ». Le marronage (l’original) était la résistance des Africains esclavagisés qui ont décidé de se rebeller contre l’esclavagiste blanc capitaliste. Le marronnage vise l’autodétermination et la construction de villages autonomes appelés « quilombos ».⁹ Aujourd’hui, au XXIe siècle, nous avons besoin d’un néo-marronage (nouveau marronnage), c’est-à-dire d’un communautarisme africain, d’un Benda afrodiasporique, par opposition au non-polaire. Le néo-marronage signifierait autosuffisance économique, culturelle, intellectuelle et métapolitique.
Si c’est la société et l’apatridie qui caractérisent le non-polaire, dans le néo-marronage ce sera la Communauté.
En structurant un Empire en Afrique pour les populations à la peau foncée, celles qui ne vivent pas en Afrique, il doivent penser à structurer un lobby communautaire, orienté vers la Communauté. Ce quilombisme nous évitera de tomber dans le piège d’un globalisme apolaire (non-polaire).
L’AFRICAIN DOIT SE RECONNECTER AVEC LE DIEU UNIQUE
L’Africain doit se reconnecter à Dieu (quel que soit son nom – puisque Dieu est Unique -, quelle que soit la religion), s’imprégner profondément de ses préceptes. Nous sommes le peuple qui connaît Dieu mieux que quiconque. Le comportement sur le plan social est lié à la sphère religieuse. La bataille du multipolaire contre le non-polaire et l’unipolaire est une bataille entre Dieu et le diable, entre le Bien et le Mal, entre la Civilisation et l’anti-Civilisation, de ceux qui résistent contre ceux qui veulent détruire l’harmonie collective, la Patrie, la Famille, le lien entre les Enfants et les Parents. C’est un combat social et politique, mais aussi eschatologique et divin ! Nous en sortirons vainqueurs !
Fara Fin,
Homme Africain, Kissi, Italien-Guinéen né à Rome. Penseur panafricain. Conférencier politique. Pérennialiste/Chrétien.
RÉFÉRENCES
- Langue parlée par le peuple Kissi.
- “ Ujamaa : Essays on socialism” J. Nyerere, 1968
- “Consciencism” K. Nkrumah, 1964
- Les Kissi sont un peuple vivant en Guinée, en Sierra Leone, au Libéria et au Kenya. Ils auraient migré de l’Afrique de l’Est vers l’Afrique de l’Ouest, selon le Dr Cheikh Anta Diop. Pour en savoir plus sur le Peuple en question, je vous recommande de lire « Naître, vivre et mourir en pays kisi précolonial : Essai d’anthropologie sociale et culturelle » du Dr Aly Gilbert Iffono publié aux éditions L’Harmattan.
- “Nations Nègres et Culture”, Dr. C. A. Diop , 1954 (Présence africaine)
- Le pérennialisme (également appelé traditionalisme intégral ou traditionalisme fondamental) est une orientation philosophique dont l’étude est centrée sur l’idée d’une Tradition primordiale très ancienne, oubliée par les hommes des temps modernes.
- “They came before Columbus: The African presence in Ancient America” Dr. Ivan Van Sertima, 1976
- “Teoria del mondo multipolare”, Dr. Alexander Dugin, 2012 (AGA Editrice)
- “O Quilombismo : Documentos de uma Militância Pan-Africanista”, Abdias Nascimento