L'appui américain à Al Qaida en Syrie

03.11.2016
Le 2 novembre, l'offensive menée depuis une semaine par des groupes de rebelles à Alep Ouest semble marquer le pas. L'objectif de cette offensive était de briser le siège de Alep-est où sont encerclés par les forces de Bashar al Assad des milliers de djihadistes s'étant fondus dans la population très dense de ce quartier.

L'offensive rebelle a déjà fait des centaines de victimes civiles, comme l'a d'ailleurs déploré l'envoyé spécial des Nations-Unies. Ces rebelles ont aussi procédé à des tirs meurtriers sur Alep Ouest, quartier lui aussi densément peuplé et désormais rallié au régime de Damas.

Ces rebelles représentent les force de ce qui fut précédemment Al Qaida en Syrie, soit entre autres le Front Jabhat al Nusra dit aussi Fatah al-Sham. Ils ont été rejoints par divers groupes de combattants décidés eux-aussi à reprendre Alep et mettre ce faisant en danger le régime de Damas. Le point important, que les Etats-Unis reconnaissent ouvertement aujourd'hui, est qu'ils ont toujours financé, armé et sans doute aussi appuyé par des forces spéciales cette résurgence d'Al Qaida qu'ils avaient pourtant depuis quelques mois annoncé à grand bruit vouloir combattre.

Un article récent du NewYork Times, pourtant peu suspect de sympathie pour le régime syrien et les appuis que lui donne l'aviation russe, le reconnait aujourd'hui ouvertement. On y lit notamment: « The new offensive was a strong sign that rebel groups vetted (sélectionnés) by the United States were continuing their tactical alliances with groups linked to Al Qaeda, rather than distancing themselves as Russia has demanded and the Americans have urged » .Voir http://www.nytimes.com/2016/10/29/world/middleeast/aleppo-syria.html?ref=world&_r=0

Même si cette actuelle offensive rebelle contre Alep Ouest était repoussée, d'autres analogues sont à prévoir dans les jours ou semaines qui viennent, tellement conserver le contrôle de Alep Est est important pour l'Etat Islamique (EI) qui fédère désormais tous les combattants en Syrie. Il en résultera inévitablement des dizaines de milliers de morts parmi les civils impuissants à fuir la zone des combats. Ces morts seront nécessairement le fait des forces du régime et des appuis aériens russes visant à reprendre à l'EI le contrôle décisif de la ville d'Alep dans son ensemble. Mais elles seront aussi le fait, comme on le voit aujourd'hui, des djihadistes et de leurs soutiens américains décidés à conserver par tous les moyens leur bastion d'Alep est.

En fait, les morts civiles, présentées par l'Occident comme des crimes de guerre imputables aux Russes, ont toujours été acceptées sinon provoquées par les Etats-Unis. Elles le resteront. L'objectif américain, comme nous l'avons souvent souligné, reste de provoquer quel que soit le coût humain, la chute de Bashar al Assad et le départ des Russes. Bien évidemment, Washington ne le reconnaîtra jamais, non plus que ses fidèles serviteurs au sein des gouvernements européens engagés dans une « coalition » anti-EI comprenant par ailleurs l'Arabie Saoudite et le Qatar.

Forcer la main à un président (POTUS) Trump?

On peut même se demander si, dans la prévision d'une possible élection de Donald Trump à la Maison Blanche, susceptible de réduire l'intervention américaine au Levant, les lobbies politiques et militaires américains n'essaient pas actuellement de précipiter les offensives de l'EI et des groupes en relevant, qu'ils soutiennent, pour provoquer le plus tôt possible la chute du régime syrien.

La même question se pose concernant le siège de Mossoul en Iraq, qui semble actuellement s'éterniser, ce qui provoquera inévitablement là aussi des milliers de morts parmi les civils. Pour le moment Washington, avec l'appui actif sur le terrain de la CIA, semblait s'accommoder très bien de la présence de l'EI à Mossoul. Elle lui permet de faire pression au mieux de ses intérêts sur le gouvernement irakien, les Kurdes et éventuellement les Turcs. Recep Tayyib Erdogan a en effet le plus grand tort, aux yeux des stratèges américains, d'avoir amorcé un rapprochement avec Moscou.