L'Afrique Nation : Une Grande Patrie du Cap-Vert au Caire, d'Antananarivo à Alger
Parmi tant d’héritages du colonialisme, nous avons le devoir d’aborder la question du micro-nationalisme, un modèle incapable aujourd’hui de supplanter l’avalanche mondialiste en terre africaine.
Penser en termes « imperiaux »
Marcus Garvey
« Pour nous, l’empire africain ne sera pas une utopie » Marcus Garvey
A une époque où le turbo-mondialisme hégémonique gagne en puissance d’une part, et où l’avènement de plusieurs pôles de civilisation extra-africains se constiuent de plus en plus pour l’entraver d’une part, le rôle de l’Afrique doit aussi être de s’insérer dans cette sauce de puissances et penser non plus en termes micro-nationalistes, mais en termes « imperiaux » (ou federaux).
Qu-est-ce que l’on veut dire ici par « imperiaux » ? Sommes-nous en train d’affirmer donc que le corpus idéologique de la Nouvelle Afrique devra s’appuyer sur un impérialisme à la sauce yankee-schengen (americaine-européene) que nous connaissons aujourd’hui ? Absolument non! Le panafricanisme du XXIè siècle s’aligne sur le multipolarisme qui voudrait la présence de plus blocs de civilisation autodéterminés et libres de toute hégemonie, en etant aux antipodes de l’impérialisme atlanto-libérale. Cependant, il nous faut distinguer le concept d’Empire et d’impérialisme. Dans son sens originel, l’Empire etait ce système politique et administratif caractérisé par la coexistence de différentes communautés dans un organisme supérieur (la Fédération/Etat-Civilisation), dans lequel elles se reconnaissent en vertu d’un sentiment non-nationaliste (cf. micro-nationalisme) de appartenance mais centrée sur le fait d’avoir des valeurs communes. L’impérialisme, dans son sens moderne, est plutôt le paroxysme, la dégénérescence, d’un concept noble qu’est l’État-Civilisation, et se fonde sur l’expansionnisme, l’exploitation (en référence aux empires coloniaux ou à l’universalisme atlantiste que nous connaissons aujourd’hui) de la part des puissances génuflées à la grande finance.
Nous, Africains, devons donc faire usage du concept « Empire » dans son sens étymologique originel, en se referant à un modèle subsaharien unitaire qui a vu prospérer en Afrique les Grandes Fédérations telles que l’Empire du Ghana, l’Empire du Mali, l’Empire Songhay, l’Empire Kongo, l’Empire Zoulou, etc., sur la base de l’harmonie.
La faiblesse du micro-nationalisme
Julius Nyerere.
« Le nationalisme africain est insignifiant, dangereux, anachronique, s’il n’est pas, en même temps, panafricanisme » Julius Nyerere
En 1884-1885, la Conférence de Berlin organisée par les oligarques des différentes chancelleries européennes, amorça la balkanisation du continent africain, détruisant la configuration territoriale imaginée par les Africains eux-mêmes. Après la vague des « indépendances » dans les années 1960, les nations africaines n’ont pas abordé la question des frontières artificielles. Peu de cadres, dont Kwame Nkrumah, Ahmed Sékou Touré, Modibo Keita, Julus Nyerere ou Jomo Kenyatta, raisonnaient dans une perspective fédérale immédiate.
Plus le temps passait, plus le micro-nationalisme sur lequel s’alignaient les nations néo-indépendantes, semblait ne trouver aucune force face à un nouveau mal émergeant, à savoir le néo-colonialisme occidental. Mais si le néocolonialisme représentait la dernière étape de l’impérialisme, selon le feu Nkrumah, aujourd’hui on pourrait dire que la dernière étape et le dernier grand mal, comme l’a bien illustré Kemi Seba dans ses ouvrages, s’appelle le mondialisme néolibéral. Un mondialisme (autre nom de l’occidentalisation) dont le but est de détruire par le néolibéralisme culturel, toutes les civilisations non occidentales (ou non modernes) ancrées dans la Tradition, de détruire le noyau identitaire, ethnique, sexuel, religieux (ou spirituel), mais aussi tenter d’affaiblir, par le néolibéralisme économique et politique, toutes les civilisations qui veulent s’établir en blocs pour être maîtres de leur destin et de leur modèle endogenisé. Face à ce défi d’époque de deux camps idéologiques antagonistes, le mondialisme et le souverainisme, l’Afrique doit pouvoir s’affirmer sur la voie souveraine en étant consciente que seuls les États continentaux (blocs de civilisation / États fédéraux) ont un avenir et sont respectés sur l’échiquier géopolitique. Une Grande Patrie africaine du Cap-Vert au Caire, d’Antananarivo à Alger est donc vitale pour la survie de notre Afrique Mère.
La fin de l’universalisme et l’emergence du multipolarisme
Malgré la machine turbo-mondialiste (mondialisme accéléré en dérégulation) qui tente de s’imposer, sous l’influence de l’Empire atlantiste, tout n’est pas perdu. Nous assistons à une époque décisive : d’un côté le panafricanisme, l’eurasianisme, le bolivarisme (ou panaméricanisme latin) contre l’unipolarisation de l’atlantisme libéral. L’ère d’un seul Empire, c’est-à-dire celle de la « pax americana », est révolue. L’avènement de plusieurs Empires (africain, arabe, perse, indien, chinois, latino-américain, eurasien et européen) bâtis sur le concept d’Etat-Civilisation et de pannationalisme traditionnel des peuples alliés, dans l’harmonie et la cohésion, représente l’avenir pour un monde maatique (la Maat est un concept philosophique africain qui represente l’ordre et la justice) et multipolaire.
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