Kemi Seba et Assimi Goïta : symbolisme d'une jonction des forces panafricanistes
I- Kemi Seba pour la panafricanisation des masses populaires africaines
Certes, il y a longtemps que les luttes pour l’émancipation africaine ont commencées. Mais en août 2017, elles ont pris un virage à 360 degré grâce à l’historique ‹‹ billet brûlé ›› du courageux Kemi Seba. Ce symbolique et stratégique acte a complètement remis au centre des débats africains la question globale de la souveraineté africaine. À cet effet, ‹‹… son sens de la stratégie nous rappelle les résistants Haïtiens ›› (1) confie le célèbre acteur béninois à Hollywood, Djimon Hounsou appréciant l’art de la stratégie de Kemi Seba.
Alors, au fur et à mesure que les jeunes s’intéressent désormais aux multiples mécanismes de la françafrique, la colère et l’aversion contre cette dernière s’intensifient. Quant aux élites universalistes, qu’elles soient pour ou contre la perpétuation de la françafrique, elles sont obligées de faire le débat malgré elles.
Par ailleurs, Kemi Seba, à travers l’ONG Urgences Panafricanistes, organise, dans tous les pays encore sous domination française, les ‹‹ procès populaires ›› contre la françafrique. Au cours de ces procès populaires, la population victime prend la parole pour juger la pieuvre françafricaine. La population africaine, rappelons-le au besoin, était déconsidérée et méprisée par ses propres élites dirigeantes. Aussi, on note que ces procès populaires demeurent inédits dans toute l’histoire africaine des luttes de décolonisation.
Ainsi, toutes ces campagnes auxquelles ont participées surtout les jeunes africains, ont raisonnablement sonné dans la conscience politique et patriotique des militaires. Autrement dit, le ‹‹ Sankara ›› qui sommeille en eux se réveille désormais, visiblement. Le cas le plus flagrant vient du Mali du colonel Assimi Goïta.
En somme, les masses populaires africaines se moulent désormais dans les légitimes aspirations du panafricanisme. Ensuite, elles les imposent dans le débat public. Dès lors, elles n’espèrent que l’institutionnalisation de ce panafricanisme à tous les niveaux vitaux de l’appareil d’État. Kemi Seba l’a aussi toujours martelé, et c’est d’ailleurs ce qui manquait objectivement aux luttes panafricanistes.
II- L’institutionnalisation du panafricanisme au Mali par Assimi Goïta
En effet, l’étape suprême de la concrétisation du panafricanisme demeure son institutionnalisation à toutes les échelles de l’État. D’emblée, elle est, à la fois, politique, économique, diplomatique, spirituelle, etc. Cette étape succède à celle de la panafricanisation des masses populaires africaines. Ces deux étapes peuvent être cumulative. Toutefois, précisons que la jonction ( successive ou cumulative) de la panafricanisation des masses populaires et l’institutionnalisation du panafricanisme accélère naturellement le processus d’émancipation africaine.
Effectivement, les élites civiles dirigeantes – trop vassales – ont trahi la volonté d’émancipation africaine des pères fondateurs du panafricanisme. Donc, les populations africaines perçoivent l’arrivée des militaires – africains à part entière – au pouvoir au Mali comme salvatrice. Salvatrice puisque les militaires ont orienté systématiquement la politique générale de l’État sur la voie souverainiste. En opposition, les militaires au pouvoir au Tchad, à travers Mahamat Déby, ont continué la politique françafricaine. Contrairement aux militaires maliens, la dynastie militaire tchadienne opte au profit de la France une politique anti souverainiste de l’État. Autrement dit, les militaires tchadiens sont illégitimes puisqu’ils ne correspondent pas aux aspirations souverainistes des africains. D’ailleurs les manifestations anti françafricaines ont repris déjà au Tchad en février et mai 2022. https://afrique.lalibre.be/70138/manifestation-contre-la-france-au-tchad-un-autre-leader-de-lopposition-arrete/
Il est vrai que tous les domaines de la souveraineté n’ont pas encore été conquis par le gouvernement du président Assimi Goïta. Mais la volonté politique y afférente est totalement manifeste. Aujourd’hui, ce Mali redonne espoir à tous les Africains assoiffés d’une Afrique souveraine et unie. Oui, les Africains considèrent désormais le Mali de Goïta comme le point de départ institutionnel du panafricanisme 2.0 en vogue.
III- Kemi Seba et Assimi Goïta : symbolisme d’une jonction des forces panafricanistes de la société civile et militaire pour l’émancipation africaine
Pour être plus clair, l’émancipation africaine s’appuie prioritairement sur la conquête et la préservation de tous les leviers de la souveraineté.
Mouammar Kadhafi avait cruellement manqué du soutien de ses pairs africains dans le processus de souveraineté et d’autodétermination de l’Afrique. L’OTAN conduite par la France de Nicolas Sarkozy et les USA de Barack Obama ont écourté ce processus pour avoir assassiné le colonel Kadhafi. Aussi, le manque d’organisation des sociétés civiles panafricanistes était au désavantage du président Kadhafi.
Aujourd’hui, ces erreurs ont été identifiées. Et, elles sont en voie d’être corrigées par la génération panafricaniste de Kemi Seba, de Nathalie Yamb, Ben Diarra, etc. Leur soutien, importantissime qu’il soit, s’avère indispensable pour renforcer à bien le processus de souveraineté et d’autodétermination conduit institutionnellement par le gouvernement du président Assimi Goïta. Autrement dit, les populations sont associées à la manifestation politique de leurs propres aspirations souverainistes. C’est la preuve que seule la jonction des forces panafricanistes de la société civile et militaire pourra libérer l’Afrique. D’ailleurs, la rencontre de Kemi Seba et du président Assimi Goïta l’édifie mieux.
À l’exemple du gouvernement du président Goïta, tous les régimes souverainistes africains ont besoin continuellement du soutien de la société civile. Mais faudrait-il que l’on ait désormais plus de régimes souverainistes dans nos micros États. Des régimes souverainistes comprenant ensuite la nécessité de l’unité politique africaine. Toutefois, ces forces panafricanistes doivent toujours rester vigilantes face à la phobie du souverainisme des élites françafricaines. Historiquement elles n’aiment pas l’unité des forces panafricanistes.