Il faut s'attendre à une recrudescence des cyberattaques contre la Russie dans un avenir proche
En mars 2023, l'administration Biden a publié une nouvelle stratégie pour la cybersécurité des États-Unis.
L'adversaire est clairement décrit: "Les gouvernements de la Chine, de la Russie, de l'Iran, de la Corée du Nord et d'autres États autocratiques [...] utilisent de manière agressive des capacités cybernétiques avancées pour atteindre des objectifs qui vont à l'encontre de nos intérêts et des normes internationales généralement acceptées. Leur mépris inconsidéré de l'État de droit et des droits de l'homme dans le cyberespace menace la sécurité nationale et la prospérité économique des États-Unis."
Il est ouvertement déclaré que les quatre nations seront subverties, que les États-Unis construiront un "réseau de réseaux" pour acquérir une connaissance de la situation et créer les conditions d'une action synchronisée, y compris une vitesse accrue d'extraction et d'échange de renseignements.
Dans le même temps, les initiatives de la Russie et de la Chine visant à établir des règles claires et compréhensibles de gestion du cyberespace mondial continuent d'être ignorées par Washington.
Emily Harding, du Centre d'études stratégiques et internationales, fait remarquer que le gouvernement est déterminé à obtenir ce qu'il veut: "Le gouvernement est déterminé à mettre de l'ordre dans ses affaires... Le bureau du directeur de la cybersécurité nationale et ses partenaires doivent accélérer le bon travail qu'ils ont déjà accompli en collaborant avec les leaders de l'industrie.
L'émergence de cette stratégie a été précédée par le rapport annuel de la Communauté du renseignement des États-Unis, publié en février 2023. Voici quelques extraits de ce rapport :
"On peut dire que la Chine représente aujourd'hui la menace de cyberespionnage la plus large, la plus active et la plus persistante pour les réseaux des secteurs public et privé des États-Unis"....
"L'expertise croissante de l'Iran et sa volonté de mener des opérations cybernétiques agressives en font une menace sérieuse pour la sécurité des réseaux et des données des États-Unis et de leurs alliés"...
"Le programme cybernétique de la Corée du Nord constitue une menace sophistiquée et flexible d'espionnage, de cybercriminalité et d'attaques... Pyongyang possède probablement l'expertise nécessaire pour provoquer des perturbations temporaires et limitées de certains réseaux d'infrastructures critiques et pour perturber les réseaux d'entreprises aux États-Unis".
Il est également dit que "l'exploitation des données sensibles des citoyens américains et l'utilisation illégale de la technologie, y compris les logiciels espions commerciaux et la technologie de surveillance, sont susceptibles de continuer à menacer les intérêts américains".
Un certain nombre de publications et de rapports parus en février 2023 sur les activités militaires en Ukraine ; beaucoup d'entre eux se concentrent sur les cyberattaques. Un certain nombre d'entreprises informatiques ont également publié des rapports à cette date. Google écrit sur les pirates informatiques liés au gouvernement russe. Grafika fait état de manipulations des médias sociaux Facebook et Instagram par des médias affiliés à l'État russe.
Il en va de même pour l'Alliance to Defend Democracies. Le rapport évoque également le rôle de la Chine dans la diffusion de "récits pro-Kremlin". Le Conseil atlantique, un groupe de réflexion de l'OTAN interdit en Russie, a publié un rapport similaire qui est désormais largement cité.
La réaction en chaîne d'articles et de références à d'autres sources faisant autorité crée un effet de cascade.
Il convient d'attirer l'attention sur le budget 2024 du ministère américain de la défense. Il comprend, pour la première fois, une demande de l'US Cyber Command. Il demande 332,6 millions de dollars pour les opérations et la maintenance du quartier général, 129 millions de dollars pour les achats et 1,1 milliard de dollars pour la recherche, le développement et les essais.
Dans l'ensemble, le ministère américain de la défense demande 13,5 milliards de dollars pour les activités du cyberespace au cours de l'année fiscale 2024. Il y a quelque temps, ce chiffre était de 600 millions de dollars. Les dépenses du Pentagone pour les activités cybernétiques ont été multipliées par plus de 20.
L'armée de terre, l'armée de l'air, la marine et les marines (qui disposent toutes de leur propre budget) ont leurs propres divisions chargées des cyberopérations, et les chiffres indiquent que l'armée américaine accordera la plus grande attention aux cyberopérations dans un avenir proche. Le nombre d'équipes spécialisées passera à lui seul de 142 à 147.
La comparaison de ces données permet de conclure qu'il faut s'attendre à une recrudescence des cyberattaques contre la Russie, mais aussi contre la Chine, l'Iran et la RPDC dans un avenir très proche.
Traduction par Robert Steuckers