Discours de Lucas Leiroz à la Conférence mondiale sur la multipolarité
Christos voskrese ! Le Christ est ressuscité !
Chers amis, collègues, frères et camarades,
ma plus sincère gratitude à chacun d'entre vous pour cet événement. En tant que membre de Nouvelle Résistance/Brésil, je suis immensément reconnaissant au professeur Alexandre Douguine et à son équipe, au Mouvement russophile international et aux amis chinois du Forum des penseurs d'avoir fait de cet événement un véritable pilier de la construction du monde multipolaire.
Je pense que cette conférence est exactement le modèle que nous voulons pour un nouveau monde. Les gens pensent souvent que la multipolarité est synonyme d'idées telles que l'isolationnisme et une moindre intégration entre les nations. Mais ces déviances n'ont rien à voir avec la multipolarité.
Au cours des dernières décennies, on nous a fait croire que la mondialisation libérale était la plus grande avancée de l'histoire humaine, intégrant les peuples, les cultures et les civilisations dans un monde caractérisé par un plus grand respect mutuel entre les personnes et une plus grande tolérance à l'égard des différences. Mais nous savons désormais que c'est un mensonge.
La mondialisation est un faux concept. Elle n'a jamais existé en termes académiques. La "mondialisation" n'est rien d'autre que l'"occidentalisation". Et si nous utilisons le mot "mondialisation", c'est précisément parce que l'Occident est devenu, d'une manière ou d'une autre, "mondial".
Avec la fin de la guerre froide et la victoire des États-Unis, nous avons complètement perdu la perception géographique et idéologique dans nos esprits. Le libéralisme est devenu la nature elle-même. Et l'Occident est devenu le globe lui-même. Ce qui était idéologique est devenu normal et naturel. Ce qui était autrefois la civilisation occidentale moderne est devenu la civilisation mondiale elle-même.
Mais il n'a pas fallu longtemps pour se rappeler les mots de Proudhon et de Carl Schmitt : celui qui invoque l'humanité veut tricher. Dans les années qui ont suivi la victoire de l'Occident capitaliste, des guerres d'agression et des invasions de toutes sortes ont commencé dans le monde entier. Les guerres ont été menées au nom de ce qu'ils appelaient "l'humanité" et nous, peuples non occidentaux, avons vite compris que nous n'étions pas vraiment membres de cette "civilisation mondiale", de cette "humanité". Nous avons compris que la mondialisation n'était pas un processus pacifique, mais un processus violent de domination forcée de tous les peuples, sanctionné par les guerres et la terreur.
Et c'est à ce moment-là que nous avons compris que nous étions seuls. Que les puissances occidentales ne viendraient pas à notre secours et ne nous sauveraient pas de la misère et du chaos auxquels elles nous avaient elles-mêmes soumis. C'est aussi à ce moment-là que nous avons compris que, pour surmonter cette situation, nous devions nous unir, coopérer les uns avec les autres et réécrire l'histoire des nations.
Cette prise de conscience que nous, peuples non occidentaux, n'avions que pour nous-mêmes, nous a fait progressivement reconnaître que tout ce qu'on nous avait enseigné était faux. Elle nous a fait voir que nous ne vivions pas dans une civilisation mondiale sans frontières, mais dans un certain espace physique et géographique, plein de nos propres symboles, de notre langue, de notre culture et de notre religion.
Il nous a fait reconnaître que nous n'étions pas les étrangers d'une union mondiale appelée "humanité", mais que nous étions la véritable humanité, au sens plein du terme : l'harmonie qualitative de tous les peuples. Ce n'est qu'à cette condition que nous avons pu entamer notre marche vers la liberté.
Cette marche est avant tout mentale et spirituelle. Notre guerre commence dans nos esprits et dans nos cœurs. C'est là que nous devons nous libérer des principales chaînes occidentales. Et tant que cela ne sera pas fait, nous ne pourrons pas affronter correctement les batailles physiques. Tant que nous serons colonisés dans nos têtes et nos esprits, nous resterons les otages de nos oppresseurs, quelle que soit la souveraineté formelle de nos pays.
Je considère donc cet événement comme le résultat de la conscience humaine que nous sommes en train de développer. Le résultat du grand réveil qui nous fait réaliser qu'en fait, c'est nous, et non eux, qui sommes l'humanité.
C'est donc exactement ce que j'entends par multipolarité. Le réveil de l'humanité. La prise de conscience que nous sommes ensemble dans une guerre contre ceux qui veulent nous soumettre, nous coloniser et nous anéantir. C'est pourquoi nous devons toujours être ensemble, unis, intégrés et échanger des perspectives et des connaissances. Nous avons beaucoup à apprendre et à gagner les uns des autres. Cette conférence en est la preuve.
Nous savons que les idées ne suffisent pas et qu'il y a aussi une guerre physique. Nous savons qu'en ce moment même, nos héros sacrifient leur vie sur le champ de bataille pour lutter en faveur de la multipolarité. Et nous honorons avant tout leur travail nécessaire. Toutefois, nous devons également garder à l'esprit qu'il s'agit d'une guerre mentale et spirituelle et que nos philosophes et nos saints sont les ennemis numéro un des mondialistes.
Je vous remercie tous.
Lucas Leiroz
Traduction par Robert Steuckers